À Claude II Belin, le 26 mai 1637, note 16.
Note [16]

Henri ii, duc de Rohan (Blain près de Nantes 1579-Königsfeld 13 avril 1638), fils de René ii, comte de Rohan, avait été élevé dans la religion calviniste. À l’âge de 16 ans, il était apparu à la cour de Henri iv et s’était distingué au siège d’Amiens (1597). Après la paix de Vervins (signée entre la France et l’Espagne en mai 1598), Rohan avait fait un long voyage en Europe pour élargir sa connaissance des peuples et des hommes. En 1603, Henri iv l’avait créé duc et pair et lui avait fait épouser Marguerite de Béthune, fille aînée de Sully. Après l’assassinat du roi (1610), Rohan avait pris la tête du parti protestant en France contre la politique pro-espagnole de la régente, Marie de Médicis, et était entré en campagne contre la cour (1615). Après la paix de Loudun, l’année suivante, il s’était réconcilié et avait reçu le gouvernement du Poitou ; mais la guerre civile s’était rallumée en 1621, quand Louis xiii voulut rétablir la religion catholique dans le Béarn, et Rohan avait repris les armes contre la couronne sous le titre de « chef général des Églises réformées du royaume dans la Guyenne et le Haut-Languedoc », jusqu’à la paix d’Alais (ou Alès, 28 juin 1629, v. note [15], lettre 13), qui avait mené le duc à s’exiler à Venise où il rédigea ses Mémoires.

Rentré en grâce auprès de Louis xiii, il avait été nommé ambassadeur auprès des Suisses (1632). En 1635, Rohan avait été mis au commandement de l’armée française chargée, avec l’aide des Grisons commandés par Jenatsch, de chasser les Autrichiens et les Espagnols de la Valteline (v. note [7], lettre 29) ; ce qui avait été obtenu après une campagne exemplaire. Cette vallée stratégique pour les Habsbourg, fut malheureusement perdue l’année suivante : mécontents de ne pas percevoir leur solde, les Grisons s’étaient révoltés, et Rohan n’était pas parvenu à se les rallier ; leur chef, Jenatsch, s’était alors converti au catholicisme et avait obtenu l’aide des Espagnols. Par la convention du 26 mars 1637, Rohan et les troupes françaises s’étaient trouvés forcés de capituler et d’abandonner la Valteline. Le duc se retira à Genève. Il allait bientôt rejoindre son ami Bernhard de Saxe-Weimar qui combattait les Impériaux pour le compte de la France. Blessé au combat de Rhinfeld (28 février 1638, v. note [21], lettre 39), Rohan mourut quelques semaines plus tard, à l’abbaye de Königsfeld où on le soignait. De son mariage avec la fille du grand Sully étaient nés neuf enfants, dont un seul lui survécut : Marguerite, qui épousa en 1645 Henri de Chabot ; de sorte que les titres et les possessions de Henri de Rohan passèrent dans la maison de Chabot (G.D.U. xixe s. et R. et S. Pillorget).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 26 mai 1637, note 16.

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(Consulté le 19/04/2024)

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