Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Patiniana I‑3 (1701), note 16.
Note [16]

Par la protection du pape Paul iii (Alexandre Farnèse, v. note [45], lettre Naudæana 3), Giovanni Della Casa (Johannes Casa ou Jean de La Case ; Borgo San Lorenzo, près de Florence 1503-Montepulciano 1556) fut nommé archevêque de Bénévent en 1544 et, la même année, nonce apostolique à Venise. Il y vécut fastueusement, s’adonnant à l’écriture de traités laïques et de poèmes, tout en instaurant l’Inquisition et la censure des livres impies dans la République sérénissime. Son ouvrage le plus célèbre est le Galateo, publié en français sous le titre de :

Le Galatée, premièrement composé en italien par I. de la Case, {a} et depuis mis en français, latin, allemand et espagnol. Traité très utile et très nécessaire pour bien dresser une jeunesse en toutes manières et façons de faire louables, bien reçues, et approuvées par toutes gens d’honneur et de vertu ; et propre pour ceux qui, non seulement, prennent plaisir en la langue latine, mais aussi aux vulgaires, qui, pour le jourd’hui sont les plus prisées. {b}


  1. Traité que Casa a écrit en italien en 1551, mais qui a paru en 1558, après sa mort.

  2. Sans lieu, Jean de Tournes, 1609, in‑8o de 619 pages, dans le cinq langues annoncées par le titre.

Dans son article sur Casa, Prosper Marchand (Dictionnaire historique, La Haye, 1758, v. note [47] du Patiniana I‑2) le décrit comme « auteur italien du xvie siècle, assez et même trop connu du public, par tout ce qui a été dit de lui à l’occasion d’un ouvrage chimérique qui lui a été mal à propos attribué par une infinité d’écrivains indiscrets. »

Dans sa note A, Marchand intitule ce traité de Laudibus Sodomiæ seu Pederastiæ [des Louanges de la sodomie ou pédérastie] (prétendument imprimé à Venise, 1548 ou 1550) et affirme qu’il est purement fictif. Toutefois, il existe bel et bien un ouvrage intitulé Le terze Rime de Messer Giovanni Dalla Casa di Messer Bino et d’altri [Le triple Poème de Messire Giovanni Della Casa, de Messire Bino et d’un autre] (Venise, Curtio Navo et frères, 1538, in‑8o de 71 pages), composé de 12 Capitoli [Chapitres]. Le premier est intitulé Capitolo di Messer Giovanni Della Casa sopra il Forno [Chapitre de Messire Giovanni Della Casa sur le Four] ; c’est une pièce de 166 vers, où le bon archevêque de Bénévent, empruntant une métaphore boulangère, dit préférer le fornellino [petit four] des garçons au forno delle donne [four des femmes]. Marchand se voit donc contraint de conclure que :

« les défenseurs les plus zélés du Casa se sont vus réduits à la fâcheuse et mortifiante nécessité de ne pouvoir le justifier d’une accusation si odieuse qu’en reconnaissant, de bonne foi, qu’il n’en était pas absolument innocent ; que, bien qu’il ait osé le nier, il parlait pourtant dans son Capitolo del Forno de l’amour masculin avec quelque sorte de louange ; et que, quoiqu’il s’y déclarât préférablement pour le commerce des femmes, il y avouait néanmoins fort naturellement qu’il s’adonnait quelquefois, mais rarement pourtant, à celui des garçons. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Patiniana I‑3 (1701), note 16.

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(Consulté le 29/03/2024)

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