Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-3, note 16.
Note [16]

De nouveau, la source de cet article n’est pas Guy Patin : il vient des Essais de médecine… de Jean Bernier. {a} Pour éclairer l’emprunt des rédacteurs du Faux Patiniana, il est nécessaire de citer un plus long extrait du chapitre iv, De l’excellence de la médecine par elle-même, et par les grands personnages qui l’ont professée ou qui en ont fait estime (première partie, pages 26‑27), concernant le mythe contesté d’Hermès ou Mercure Trismégiste (v. note [9], lettre de Thomas Bartholin, datée du 18 octobre 1662) :

« Tant d’auteurs graves on donné de tout temps dans les Mercures égyptiens que, pour venir à notre temps, le fameux professeur en philosophie Franciscus Patricius, Romain, a non seulement cru qu’il y avait plusieurs Mercures, mais encore qu’un de ces Mercures était auteur d’une philosophie, que ce professeur a enseignée et dédiée au pape Grégoire xiii, et dont il a donné au public des extraits illustrés d’une fort belle préface, où il se déclare pour ces ouvrages, comme pour de véritables productions de l’esprit de Mercure dit Trismégiste […]. {b} Mais Patricius n’a pas été le seul de notre siècle qui ait pris l’affirmatif avec chaleur pour Mercure Trismégiste, puisqu’il y a environ quarante ans que Monsieur Padet, professeur en philosophie à Paris, se mit en tête d’enseigner la philosophie de Trismégiste, et donna au public non seulement un traité De Ente, sur ses principes, mais encore des extraits de tous les ouvrages qu’on lui attribue, qu’il fit imprimer en faveur de ses écoliers, avec une préface […]. {c}

Cependant, J. Goropius Becanus, {d} savant philosophe et médecin du siècle passé, avait avancé qu’il n’y avait jamais eu de Mercure, et que tout ce qu’on a dit de ce personnage était fabuleux, mais par des raisons que Franciscus Patritius n’a pas laissées sans réponses. C’est pourquoi il ne faut pas s’étonner si un des plus savants prélats de notre siècle {e} a su bon gré à Gorop. Becanus de son sentiment, et s’il a écrit que tout ce que les Égyptiens et les Grecs ont dit de Mercure doit être attribué à Moïse, tant à cause des convenances qu’il y a entre les noms de ce grand ami de Dieu et ceux de Mercure, qu’à cause de celles qui se trouvent dans les actions de l’un, et dans tout ce que les Égyptiens et les Grecs ont publié de l’autre […]. »


  1. Paris, 1689, v. supra note [9].

  2. Bernier citait ici dans la marge deux ouvrages du médecin et philosophe italien Franciscus Patricius : {i}

    • Nova de universis Philosophia in qua Aristotelica Methodo, non per motum, sed per lucem et lumina, ad primam causam ascenditur. Deinde propria Patricii Methodo ; tota in contemplationem venit Divinitas : Postremo methodo Platonica, rerum universitas, a conditore Deo deducitur…

      [Nouvelle Philosophie universelle, où la méthode aristotélicienne est élevée jusqu’à la première cause, non par le mouvement, mais par la lumière et les lumières. Ensuite, par la méthode particulière de Patricius, la Divinité tout entière est exposée à la contemplation. Enfin, par la méthode platonicienne, l’universalité des choses est déduite du Dieu créateur…] ; {ii}

    • Magia philosophica… [La Magie philosophique…]. {iii}

      1. V. note [56] du Patiniana I‑1.

      2. Ferrare, Benedictus Mammarellus, 1591, in‑8o, dédié au pape Grégoire xiii (v. note [2], lettre 430). Cet ouvrage composite contient une édition bilingue (grecque et latine) commentée (102 pages) des :

        Hermetis Trismegisti Libelli integri xx. et Fragmenta. Ascelpii eius discipuli Libelli iii.

        [Les 30 petits livres entiers et les fragments d’Hermès Trismégiste. Les 3 livres de son disciple Esculape].

      3. Hambourg, 1593 (v note [57] du Patiniana I‑1), ouvrage dont la plus grande partie recueille les traités d’Hermès, avec une préface apologique de Patricius (pages 89 ro‑107 ro).

  3. Eminentissimo cardinali Lugdunensi Alphonso Richelio, quam habuit d. Kal. Decembris ann. m. dc. xlvii. in Auditorio regio Cameracensis, Orationem, quodque inde affecit et dehinc perficiet, opus de Ente et partibus Entis, D.D.C. Petrus Padetius obsequentissimus Cliens et observantissimus.

    [Discours que Pierre Padet {i} a prononcé au Collège royal de Cambrai le 1er décembre 1647, qu’il a entrepris et qu’il achèvera ensuite, sur l’Être et les parties de l’Être, et qu’il a dédié à l’éminentissime cardinal Alphonse de Richelieu, dont il est le très dévoué et obéissant serviteur]. {ii}

    1. Professeur royal de philosophie grecque et latine, v. note [43], lettre 485.

    2. Sans lieu ni nom ni date, in‑8o de 42 pages.

  4. Johannes Goropius Becanus, Jan Geratsen van Gorp ou Bécan (Gorp 1519-Maastricht 1572), philologue flamand qui a contribué à la Biblia polyglotta d’Anvers, {i} fut aussi docteur en médecine de l’Université de Louvain, et servit en cette qualité les cours de Charles Quint puis de Philippe ii. Il a exposé ses opinions sur Hermès Trismégiste au début du livre i de ses Hieroglyphica [Hiéroglyphiques (Indéchiffrables)]. {ii}

    1. 1572, v. première notule {b}, note [17], lettre 293.

    2. Anvers, Christophe Plantin, 1580, in‑fo illustré de 269 pages en 16 livres.

  5. Le cardinal Baronius dans ses Annales ecclesiastici (v. note [6], lettre 119).

  6. Il aurait été surprenant que Guy Patin eût passé « de très agréables heures » à explorer tout ce fatras hermétique, mélange d’alchimie et d’ésotérisme.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-3, note 16.

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(Consulté le 25/04/2024)

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