À Charles Spon, le 20 mars 1649, note 169.
Note [169]

La paix qui mit fin à la première Fronde ne fut définitivement conclue que le 1er avril, après de nouvelles conférences menées à Saint-Germain. Le 11 mars, le traité de Rueil n’était signé qu’entre la cour et les députés d’un Parlement de Paris encore très divisé, laissant de côté l’approbation des nobles, menés par le prince de Conti, qui frondaient à Paris. La défection de Turenne et de son armée, les tractations de paix en cours avec l’Espagne et la restriction des entrées de blé dans Paris affamé ajoutaient encore aux pressions et à la confusion politiques.

Retz (Mémoires, pages 494-495) :

« La paix fut donc signée, après beaucoup de contestations […], le 11e de mars, et les députés {a} consentirent avec beaucoup de difficulté que M. le cardinal Mazarin y signât avec M. le duc d’Orléans, M. le Prince, {b} M. le Chancelier, {c} M. de La Meilleraye et M. de Brienne, qui étaient les députés nommés par le roi. Les articles furent :

  1. que le Parlement se rendra à Saint-Germain, où sera tenu un lit de justice, où la déclaration contenant les articles de la paix sera publiée ; après quoi, il retournera faire ses fonctions ordinaires à Paris ;

  2. que tous les arrêts rendus par le Parlement depuis le 6e de janvier seront nuls, à la réserve de ceux qui auront été rendus entre particuliers sur les faits concernant la justice ordinaire ;

  3. que toutes les lettres de cachet, déclarations et arrêts du Conseil rendus au sujet des mouvements présents seront nuls et comme non avenus ;

  4. que les gens de guerre levés pour la défense de Paris seront licenciés aussitôt après l’accommodement signé, et Sa Majesté fera aussi, en même temps, retirer ses troupes des environs de ladite ville ;

  5. que les habitants poseront les armes et ne les pourront reprendre que par ordre du roi ;

  6. que le député de l’archiduc {d} sera renvoyé incessamment sans réponse ;

  7. que tous les papiers et meubles qui ont été pris aux particuliers et qui se trouveront en nature {e} seront rendus ;

  8. que M. le prince de Conti, princes, ducs et tous ceux sans exception qui ont pris les armes, n’en pourront être recherchés {f} sous quelque prétexte que ce puisse être, en déclarant par les susdits, dans quatre jours à compter de celui auquel les passages seront ouverts, et par M. de Longueville, en dix, qu’ils veulent bien être compris dans le présent traité ;

  9. que le roi donnera une décharge générale pour tous les deniers {g} royaux, pour tous les meubles qui ont été vendus, pour toutes les armes et munitions qui ont été enlevées, tant à l’Arsenal qu’ailleurs ;

  10. que le roi fera expédier des lettres pour la révocation du semestre du parlement d’Aix, conformément aux articles accordés entre les députés de Sa Majesté et ceux du parlement et pays de Provence, du 21 février ;

  11. que la Bastille sera remise entre les mains du roi.

Il y eut encore quelques autres articles qui ne méritent pas d’être rapportés. »


  1. Du Parlement.

  2. Condé.

  3. Séguier.

  4. Léopold.

  5. En leur état d’origine.

  6. Poursuivis.

  7. Taxes et impôts.

La déclaration de Rueil comptait 19 articles. Des huit qu’a omis Retz l’article 3 aurait mérité de figurer : il consacrait la victoire du Parlement en confirmant les concessions arrachées au roi l’année précédente, notamment la déclaration du 22 octobre 1648, vérifiée au Parlement le 24 (v. note [10], lettre 162), qui stipulait une réduction des impôts, soumettant à autorisation du Parlement toute mesure fiscale nouvelle et réglementant l’administration de la justice. La victoire était en fait illusoire : la reine attendait seulement d’être à nouveau en position de force pour revenir sur des mesures que le Parlement, une fois la paix signée, n’aurait plus les moyens de faire appliquer (Bertière a).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 20 mars 1649, note 169.

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(Consulté le 19/04/2024)

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