Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Patiniana I‑3 (1701), note 17.
Note [17]

Le manuscrit de Vienne (page 56) ne recourt pas à la litote pour parler de Giovanni della Casa :

« Il était grand sodomite. Voici ce qui est dit de lui in Confutatione fabulæ Burdonum, pag. 360 : Ioannes Casa Archiepiscopus Beneventanus Etrusco carmine pæderastiam celebravit, et cum hoc nomine male audiret, id Jambo Iabis frigido et illepido ad Germanos excusam conatus est, sed frustra. »

V. note [10], lettre 104, pour la Burdonum fabulæ Confutatio [Réfutation de la fable des Burdon] de Joseph Scaliger (sous le pseudonyme de Iohannes Rutgersius), pour défendre son nom, qui est à la fin des Satiræ duæ [Deux satires] attribuées à Daniel Heinsius (v. note [4], lettre 53). Dans la réédition de Leyde (Isaac Elsevier, 1617, in‑12), la page 360 contient ce propos :

Iosephus olim juvenis vertit Iambum Tibulli duobus aut tribus locis obscœnum. Et hoc quoque magnum flagitium est, alienos potius versus licentiores vertere, quam proprios edere, quod fecerunt Iohannes Casa, et Petrus Bembus, ambo Ecclesiastici ordinis, quorum alter Archiepiscopus Beneventanus, alter cardinalis. Hic Etrusco carmine pederastiam celebravit, et quum hoc nomine male audiret, id Iambo satis frigido et illepido ad Germanos excusare conatus est, frustra. Petrus autem Bembus elegiaco eam partem corporis humani celebravit, sine qua nulla obscœnitas foret. Legatur eius Elegia, cujus initium :

Ante alias omnes, meus hic quas educat hortus
Una puellares allicit herba manus.

Quod poema merito vocare possis obscenissimam elegantiam, aut elegantissimam obscenitatem. Unius et quadraginta distichorum est. Ut mirum sit, si Bembum tot sui versus non damnant, quare Iosephum tam pauci alieni non absolvant.

[Joseph, {a} dans sa jeunesse, a traduit les Ïambes de Tibulle {b} qui étaient obscènes en deux ou trois endroits ; mais y a-t-il plus grande infamie à traduire les vers fort licencieux d’un autre qu’à publier les siens propres, comme ont fait Johannes Casa et Petrus Bembus ? {c} Tous deux sont ecclésiastiques, l’un étant archevêque de Bénévent, et l’autre cardinal. Le premier a célébré la pédérastie dans un poème italien et, comme cela lui valait mauvaise réputation, il a vainement entrepris de s’en disculper dans d’assez froids et disgracieux Ïambes aux Germains. {d} Quant à Petrus Bembus, il a célébré dans une élégie cette partie du corps humain sans laquelle nulle obscénité n’aurait lieu d’être ; en voici le début :

Devant toutes les autres plantes qui poussent en mon jardin,
ce légume est le seul à attirer les mains innocentes
.

Voilà bien ce que tu peux appeler la plus obscène des élégances, ou la plus élégante des obscénités. C’est le quarante et unième de ses distiques. Étonne-toi donc que, si tant de ses vers ne condamnent pas Bembus, si peu de ceux d’un autre n’absolvent pas Joseph].


  1. Joseph Scaliger, fils de Jules-César (v. note [5], lettre 34).

  2. V. note [12], lettre 605, pour Tibulle et ses Élégies, que Joseph Scaliger (né en 1540) n’a pas traduites, mais corrigées (châtiées) dans l’édition latine qu’il en a donnée (Paris, 1577, v. notule {b}, note [35], lettre 97). On appelle ïambes une pièce de vers satiriques.

  3. V. remarque 1, note [67] du Naudæana 1, pour Pietro Bembo, qui fut célèbre pour son érudition et ses débauches avant de devenir cardinal en 1538.

  4. V. la notule 9, note A, de l’article que Prosper Marchand a consacré à Casa (v. supra note [16]).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Patiniana I‑3 (1701), note 17.

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(Consulté le 26/04/2024)

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