Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-6, note 17.
Note [17]

Je n’ai pas trouvé réunis ailleurs les trois exemples historiques qui composent ce laborieux article, pour illustrer l’ingratitude des princes ; ils proviennent de deux sources.

  1. L’Histoire Auguste {a} relate pareillement la mort de l’empereur Aurélien, {a} dans Le divin Aurélien (chapitre xxxvi, § 4‑6, pages 1008‑1009). Elle est simplement plus claire quant au stratagème de Mnesteus (§ 5) :

    Mnesteus, qui sciret Aurelianum neque frustra minari solere, si minaretur, ignoscere, brevem nominum conscripsit mixtis his, quibus Aurelianus vere irascebatur, cum his, de quibus nihil asperum cogitabat, addito etiam suo nomine, quo magis fidem faceret ingestæ sollicitudinis, ac brevem legit singulis, quorum nomina continebat, addens disposuisse Aurelianum eos omnes occidere, illos vero debere suæ vitæ, si viri sint, subvenire.

    [Mnesteus savait qu’Aurélien ne menaçait pas en vain et ne pardonnait pas s’il avait menacé. Il dressa une liste mélangeant les noms de gens contre qui Aurélien était vraiment exaspéré et d’autres qui ne lui inspiraient aucune animosité ; il y mit aussi son propre nom pour donner plus de poids à l’inquiétude qu’il voulait provoquer. Ensuite, il lut la liste à chacun de ceux qui y étaient nommés, en ajoutant qu’Aurélien avait décidé de les tuer tous et qu’ils devaient défendre leur propre vie, s’ils étaient hommes de courage].


    1. V. note [31], lettre 503.

    2. V. notule {a}, note [3] du Borboniana 6 manuscrit.

  2. François i La Mothe Le Vayer a conté la suite dans sa seizième Homilie académique, intitulée Des livres, où il donne une série d’exemples sur la cruauté et l’ingratitude des princes (Œuvres, tome xiv, pages 227‑228) : {a}

    « Vous savez de quelle cruelle récompense le roi de l’ancienne Perse reconnut le péril où s’était mis celui qui lui rapporta son diadème ou bandeau royal qui était tombé dans la mer. Il y a je ne sais quoi de pareil dans la relation de Rhoë, d’un roi de Mandoa aux Indes Orientales. Il était tombé dans une rivière, d’où il fut retiré par un des ses esclaves qui le prit par les cheveux ; en récompense de quoi, il fit mourir cet officieux esclave, pour avoir eu la hardiesse de mettre la main sur sa tête. {b} L’Histoire de Zonare raconte que l’empereur de Constantinople, Basile, {c} fut suspendu par sa ceinture à la chasse, n’ayant pu éviter qu’un cerf poursuivi ne l’embrochât à cet endroit avec son bois ; sur quoi, un des siens qui ne voyait point de meilleur expédient pour le délivrer que de lui couper sa ceinture, le fit fort heureusement ; et cet empereur, pour l’en bien récompenser, le fit décapiter, à cause qu’il avait osé élever l’épée sur son prince. »


    1. Paris, 1669, in‑8o, v. 2e notule {b}, note [6], lettre 634.

    2. Mémoire de Thomas Rhoe, ambassadeur du roi d’Angleterre auprès du Mogol, pour les affaires de la Compagnie anglaise des Indes-Orientales, page 45 de l’édition française (Paris, T. Moette, 1696, in‑4o de 80 pages).

    3. Jean Zonare ou Zonaras est un historien byzantin du xiie s. Ce récit figure dans la traduction française de ses Histoires et Chroniques du monde (Paris, Jean Houzé, 1583, in‑fo de 989 pages), troisième livre, page 898, sur L’empire de Basile de Macedone [sic], c’est-à-dire l’empereur byzantin Basile ier, dit le Macédonien, qui régna de 867 à 886.

      Les amateurs de coïncidences curieuses pourront voir que Zonaras a aussi narré la mort d’Aurélien (deuxième livre, page 764), en parlant de Mnesteus comme d’un « quidam nommé Heros ».


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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-6, note 17.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8219&cln=17

(Consulté le 20/04/2024)

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