À Charles Spon, le 21 juin 1650, note 18.
Note [18]

Ioannis Ludovici Guezii Balzacii carminum libri tres. Eiusdem Epistolæ selectæ. Editore Ægidio Menagio. [Trois livres de poèmes de Jean-Louis Guez de Balzac, {a} avec des lettres choisies du même auteur. Édition établie par Gilles Ménage]. {b}


  1. V. note [7], lettre 25.

  2. Paris, Augustin Courbé, 1650, in‑4o de 475 pages ; seconde édition, id. et ibid. 1651, in‑12 ; ouvrage dédié à la reine Christine de Suède.

Le Liber adoptivus [Livre adoptif (emprunté à d’autres)] est une anthologie de 26 poèmes latins sans titre ni signature, qui se trouve pages 211 à 255, après les trois livres de Carmina et avant les Epistolæ. Dans sa préface de 14 vers, intitulée Rus et lusus rustici ad Ioannem Capelanum [Campagne et jeux rustiques à l’adresse de Jean Chapelain (v. note [15], lettre 349)], Balzac annonce ses emprunts :

Accipe selectos alieni Ruris honores,
Quæque tulit docto vomere cultus ager
.

[Acceptez ici les hommages d’une autre campagne, et qu’a produits un champ labouré par un docte soc].

Le premier poème (pages 213‑215), que Guy Patin attribuait à Marc-Antoine Muret, commence par ces deux vers :

O delicati blanda ruris otia
Curis et ambitu procul
.

[Ô repos d’une délicieuse campagne, loin des soucis et de la brigue].

Il s’achève sur ces six autres :

Utinam mihi olim, flore cum primo rudes
Iuuenta opacaret genas,
Amicus aliquis ista montrasset senex,
Quæ nunc tibi ipse cantito :
Non ego perisse lustra tot in Aula mihi
Vanis dolorem questibus
.

[Il a plu aux dieux qu’un jour, quand la jeunesse a obscurci de duvet mes joues naïves, quelque vieillard de mes amis m’ait montré ces choses que je chante aujourd’hui pour toi : visite pour moi la cour et fais que ma douleur ne s’évanouisse pas entièrement en vaines plaintes].

Tallemant des Réaux (Historiettes, tome ii, page 49) a eu la dent encore plus dure que Guy Patin quand il a parlé de la réédition des Carminum en 1651 :

« Il {a} a eu aussi une bonne fantaisie de faire imprimer ces vers-là en petit, {b} croyant que le monde souhaitait cela avec passion. M. Conrart lui manda que Courbé {c} était disposé à le satisfaire, mais qu’il était obligé de lui mander que ses vers ne se vendaient point et qu’on n’en avait vendu qu’un seul exemplaire. Balzac répondit en ces mots : “ Si j’étais aussi amoureux de la gloire que je l’ai été autrefois, votre lettre me serait une grande mortification. ” Il fallut pourtant faire cette impression en petit [parce qu’ils ne se vendirent point in‑4o. On n’en avait vendu qu’un seul exemplaire ; et il se consolait en lisant sur le petit livre : Deuxième édition. Il fut bien mortifié de ce que la reine de Suède ne goûtait pas ses ouvrages. Il ne cessa pas pourtant de la louer, ou du moins ne changea-t-il pas ce qu’il avait fait à sa louange ; témoin l’Aristippe] ; {d} il se consola en voyant Editio secunda. Il a fait mettre au commencement que le libraire l’a voulu absolument. Il voulait obliger Ménage à dire plus de choses à sa louange dans l’épître qu’il fit à la reine de Suède en lui dédiant les vers latins de Balzac. Il y a au bout de ce livre ce qu’il appelle liber adoptivus, sans expliquer que ce sont diverses pièces d’auteurs, ou qu’il ne connaît point ou dont il dissimule le nom. Il n’a pourtant pas mal fait, car il n’y a guère que cela de bon dans son livre. »


  1. Balzac.

  2. in‑12.

  3. Le libraire Augustin Courbé.

  4. Tallemant a biffé le passage entre crochets ; v. note [47], lettre 303, pour l’Aristippe de Balzac (1658).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 21 juin 1650, note 18.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0234&cln=18

(Consulté le 20/04/2024)

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