À Charles Spon, le 5 décembre 1656, note 19.
Note [19]

« Use de la fortune avec modération ».

L’architecte Philibert Delorme (1510-1570) était l’« homme glorieux » dont Guy Patin racontait ici la fameuse altercation avec Pierre de Ronsard (1524-1585). Couvert de bienfaits par Catherine de Médicis, qui l’avait entre autres nommé abbé de Livry, l’architecte s’était attiré l’envie de bien du monde. Le poète, dit-on, se moqua de lui par une satire aujourd’hui perdue, intitulée La Truelle crossée. Delorme, qui était gouverneur des Tuileries, se vengea un jour de Ronsard en lui refusant l’entrée du jardin. Ronsard crayonna aussitôt sur la porte ces trois mots syncopés : fort. reverent. habe. Le favori tint cela pour du français et le prit en mauvaise part : « Sors révérend abbé ». Il en fit des plaintes à la reine. Ronsard fit rire la cour en expliquant le vers caché d’Ausone, et Catherine de Médicis somma l’abbé de Livry de ne plus fermer la porte de son jardin dédié aux muses.

Ausone (Épigrammes, viii, Exhortation à la modération) :

« On dit que le roi Agathocle soupait dans l’argile et que souvent sa table était chargée de poterie de Samos. Comme il faisait servir des mets grossiers sur des plats ornés de pierreries, mêlant ainsi le luxe à la misère, on lui en demanda la cause ; il répondit “ Moi qui suis roi de la Sicile, je suis le fils d’un potier ”.

Fortunam reverenter habe, quicumque repente
Dives ab exili progrediere loco
. » {a}


  1. « Use donc de la fortune avec modération, ô toi qui, d’un humble lieu, t’élèveras tout à coup à la richesse. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 5 décembre 1656, note 19.

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(Consulté le 24/04/2024)

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