À Sebastian Scheffer, le 24 février 1663, note 19.
Note [19]

V. notes [3], lettre 723, et [1], lettre 719, pour les traités de Marten Schoock « sur le Ferment et la fermentation » (Groningue, 1663) et « sur la Bière » (ibid. 1661, avec dédicace à Guy Patin, jamais réédité).

Patin citait aussi le :

Matini Schoockii de Sternuatione Tractatus copiosus : Omnia ad illam pertinentia, juxta recentia inventa, proponens. Editio altera, priori et emendatior et uberior

[Copieux traité de Marten Schoock sur l’éternuement, {a} qui présente tout ce qui le concerne et ce qu’on a récemment découvert à son sujet. Seconde édition, mieux corrigée et plus riche que la première]. {b}


  1. Éternuement (Trévoux) :

    « Sternutatio. Mouvement convulsif des muscles de la poitrine qui servent à l’expiration. Dans ce mouvement, après la suspension de l’inspiration commencée, l’air est repoussé par le nez et par la bouche avec une violence subite, ou momentanée. La cause de ce mouvement convulsif est l’irritation de la membrane supérieure du nez qui communique avec le nerf intercostal, à cause des rameaux que celui-ci lui fournit dès son principe. {i} Cette irritation se fait ou extérieurement par des odeurs fortes, comme par celle de la marjolaine et des roses, par des poudres qui, volant en l’air, sont reçues par l’inspiration ; ou par des médicaments acres, comme le cresson et autres sternutatoires, qui picotent la membrane du nez ; ou intérieurement, par l’acrimonie de la lymphe qui humecte naturellement la membrane des narines, comme dans le coryza. {ii} Cette lymphe devient âcre par sa chaleur et par son acidité, et alors elle irrite la membrane, ce qui fait éternuer. Les matières qui sont rejetées en éternuant viennent premièrement du nez et de la gorge, parce que la membrane pituitaire y exsude continuellement de la lymphe ; et en second lieu de la poitrine, de la trachée-artère, et des bronchies des poumons. Le Père Strada a fait un joli traité de l’éternuement, où il découvre la raison pourquoi on salue ceux qui éternuent, ce qui est une coutume venue des payens. Martin Schoockius, {iii} qui a écrit de l’éternuement, prétend qu’il se fait par l’irritation de la membrane inférieure des narines. L’éternuement qui vient de la tête étant sans blâme, nous lui faisons un honnête accueil. Ne vous moquez pas de cette subtilité, elle est d’Aristote. Mont. » {iv}

    1. L’irritation est perçue par les rameaux sensitifs du nerf trijumeau (5e paire crânienne) et transmise au tronc cérébral qui provoque l’éternuement réflexe provoqué le nerf phrénique (ici nommé intercostal), qui est moteur du diaphragme.

    2. V. notule {a}, note [1], lettre 151.

    3. À propos des coutumes éthiopiennes, Schoock cite Famiano Strada (v. note [11], lettre 152) dans le chapitre 34 (page 122) de son livre, mais sans dire qu’il a écrit un traité sur l’éternuement : en lisant bien Schoock, on comprend que Strada a seulement fait allusion au livre du R.P. Nicolaus Godignus, Vita Patris Gonzali Sylveriæ, Societatis Iesu Sacerdotis, in urbe Monomotapa martyrium passi [Vie du Père Gonçalo da Silveira, prêtre de la Compagnie de Jésus, qui a souffert le martyre (en 1561) dans la ville de Monomotapa (v. note [18], lettre 525)] (Lyon, Horatius Cardon, 1612, in‑8o), où la vénération du peuple pour les éternuements du roi de ce pays est mentionnée dans le livre ii, chapitre x (pages 120‑121). Le Trévoux manquait rarement de citer un auteur jésuite, même hors de propos.

    4. Montaigne, Essais, livre iii, chapitre 6, Des Coches :

      « Me demandez vous d’où vient cette coutume de bénir ceux qui éternuent ? Nous produisons trois sortes de vents. Celui qui sort par en bas est trop sale. Celui qui sort par la bouche porte quelque reproche de gourmandise. Le troisième est l’éternuement. Et parce qu’il vient de la tête et est sans blâme, nous lui faisons cet honnête recueil [accueil]. Ne vous moquez pas de cette subtilité, elle est (dit-on) d’Aristote. »

      Aristote, Problèmes, section xxxiii, § 9 (traduction de Pierre Louis, 1994) :

      « Pourquoi les émissions des autres gaz, comme le pet ou le rot, ne sont-elles pas considérées comme sacrées, et l’éternuement l’est-il ? Est-ce parce que, des trois régions que sont la tête, le thorax et le ventre, la plus divine est la tête ? Le souffle qui part du bas-ventre est le pet, de l’estomac le rot, et l’éternuement vient de la tête. Donc, du fait que cette région est plus sacrée, on vénère également comme sacré le souffle qui en sort. Ou est-ce parce que tous les gaz sont le signe que les parties en question sont généralement en meilleur état ? En effet, en l’absence d’évacuation, le passage du souffle rend plus léger, si bien que c’est aussi ce que fait l’éternuement pour la région de la tête, parce que celle-ci est alors en bonne santé et se montre capable d’opérer la coction. Car lorsque la chaleur qui règne dans la tête maîtrise l’humidité, alors le souffle devient un éternuement. C’est d’ailleurs pourquoi on excite les mourants avec une substance qui fait éternuer, avec l’idée que s’ils ne peuvent pas y parvenir, c’est qu’ils sont perdus. Par suite on considère l’éternuement comme un signe de santé de la région la meilleure et la plus saine, on le salue comme sacré et on en fait un présage heureux. »

  2. Amsterdam, Petrus vanden Berge, 1664, in‑12, 164 pages divisées en 44 chapitres  ; première édition ibid. 1649).

    Le Journal des Sçavans (no 1, 5 janvier 1665, pages 7‑8) en a publié une analyse :

    « Il est vrai qu’il a déjà été imprimé il y a environ 15 ans ; mais cela n’empêche pas que cette édition ne puisse passer pour nouvelle, puisqu’elle est beaucoup plus ample que la première, et que l’auteur y a changé entièrement d’opinion. Car au lieu qu’il tenait dans la première édition que l’éternuement vient de l’irritation du cerveau, qui tâche de repousser par le nez quelque matière âcre et piquante, enfermée principalement dans ses ventricules, il tient dans cette dernière édition que l’éternuement vient seulement de l’irritation de la membrane inférieure des narines qui, étant fort sensible, ne peut rien souffrir qui l’incommode, et s’efforce par une contraction violente de s’en délivrer, sans que le cerveau y concoure aucunement. »


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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Sebastian Scheffer, le 24 février 1663, note 19.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1261&cln=19

(Consulté le 19/04/2024)

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