À Charles Spon, le 25 octobre 1652, note 2.
Note [2]

Retz (Mémoires, pages 1036‑1037) :

« MM. Le Tellier et Servien […] se rendirent sur la fin et à l’ordre du cardinal, {a} et peut-être aux fortes et solides raisons de la Palatine ; {b} et la reine, qui avait tenu l’abbé Charrier, que j’avais envoyé pour obtenir les passeports, trois jours entiers à Compiègne, même depuis la parole qu’elle avait donnée de les accorder, les fit expédier et elle y ajouta même beaucoup d’honnêtetés. {c} Je partis aussitôt après avec les députés de tous les corps ecclésiastiques de Paris et près de 200 gentilshommes qui m’accompagnaient, outre lesquels j’avais avec moi 50 gardes de Monsieur. J’eus avis à Senlis que l’on avait résolu à la cour de n’y pas loger mon cortège ; et Bautru même, {d} qui s’était mis de mon cortège pour pouvoir sortir de Paris dont les portes étaient gardées, me dit qu’il me conseillait de n’y pas entrer avec tant de gens. Je lui répondis que je ne croyais pas aussi qu’il m’eût conseillé de marcher seul avec des chanoines, des curés et des religieux, dans un temps où il y avait à la campagne un nombre infini de coureurs de tous les partis. Il en convint et il prit les devants pour expliquer à la reine et cette escorte et ce cortège, que l’on lui avait très ridiculement grossi. Tout ce qu’il put obtenir fut que l’on me donnerait logement pour 80 chevaux. Vous remarquerez, s’il vous plaît, que j’en avais 112, seulement pour les carrosses. Cette faiblesse ne me fit que pitié ; ce qui me donna de l’ombrage fut que je ne trouvai point sur mon chemin l’escouade des gardes du corps qui avait accoutumé en ce temps-là d’aller au-devant des cardinaux la première fois qu’ils paraissaient à la cour. Ma défiance se fût changée en appréhension si j’eusse su ce que je n’appris qu’à mon retour à Paris, qui est que la cause pour laquelle l’on ne m’avait pas fait cet honneur était que l’on n’était pas encore bien résolu de ce que l’on ferait de ma personne, les uns soutenant qu’il me fallait arrêter, les autres qu’il était nécessaire de me tuer, et quelques-uns disant qu’il y avait trop d’inconvénients à violer, en cette occasion, la foi publique. M. le prince Thomas fit dire à mon père par le P. Senault de l’Oratoire, {e} le propre jour que je retournai à Paris, qu’il avait été de ce dernier avis ; qu’il ne nommait personne, mais qu’il y avait au monde des gens bien scélérats. Mme la Palatine ne me témoigna pas que l’on eût été jusque-là ; mais elle me dit, dès le lendemain que je fus arrivé, qu’elle m’aimait mieux à Paris qu’à Compiègne. La reine me reçut pourtant fort bien, elle se fâcha devant moi contre l’exempt des gardes qui ne m’avait pas rencontré et qui s’était égaré, disait-elle, dans la forêt. Le roi me donna le bonnet {f} le matin du lendemain et audience l’après-dînée. » {g}


  1. Mazarin.

  2. V. note [10], lettre 533.

  3. Amabilités.

  4. Guillaume i de Beautru, v. note [15], lettre 198.

  5. V. note [16], lettre 525.

  6. La barrette de cardinal.

  7. V. note [38], lettre 293, pour un autre récit du voyage de Retz à Compiègne.

Dubuisson-Aubenay (Journal des guerres civiles, tome ii, page 288, 13 septembre 1652) :

« Lettre de Compiègne de ce jour, le cardinal de Retz avait eu son audience publique où il avait conjuré le roi de retourner au plus tôt dans sa ville de Paris ; à quoi Sa Majesté avait répondu tel être son désir et que, pour l’effectuer, elle s’en irait à Saint-Germain-en-Laye en peu de jours. […]

Le soir, ce cardinal eut son audience secrète dans l’oratoire de la reine où il fit grandes protestations de fidélité au roi et d’affection au cardinal Mazarin. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 25 octobre 1652, note 2.

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(Consulté le 16/04/2024)

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