À Charles Spon, le 8 août 1653, note 2.
Note [2]

Les derniers feux de la Fronde étaient en train de s’éteindre en Guyenne, mais la guerre franco-espagnole se poursuivait en Picardie, avec le prince de Condé à la tête des ennemis et le maréchal de Turenne à celle des armées de Louis xiv.

Journal de la Fronde (volume ii, fo 246 ro et vo, Paris, 8 août 1653) :

« Le comte de Fuelsendagne ayant su que le roi était parti de son armée pour s’en revenir, s’est résolu de faire avancer la sienne dans la Picardie avec celle de M. le Prince qui l’en sollicite puissamment ; et pour cet effet, ils firent conjointement passer la rivière {a} à leurs troupes à Fonsommes, {b} lesquelles on fait monter à 28 000 hommes, dont une partie vont camper à demi-lieue de Noyon et l’autre marche droit à Roye que M. le Prince assiégea le 4 et la prit le lendemain à discrétion, les habitants lui ayant promis cent mille livres pour se racheter du pillage, dont on lui en paye une partie comptant et on lui donne des otages pour le reste. Tous les gentilshommes qui s’y étaient retirés furent faits prisonniers de guerre, et tous les grains et vins furent mis à discrétion. Il fit aussi contribuer 20 000 livres aux habitants de Montdidier pour s’exempter d’être pillés.

Dès la première journée de la marche des ennemis, les maréchaux de Turenne et de Senneterre décampèrent de Ribemont ; {c} et ayant fait marcher leur armée le long de la rivière d’Oise, furent camper à Fargniers, {d} entre La Fère et Chauny, où ayant appris que M. le Prince voulait assiéger Compiègne ou Noyon, ils jetèrent quatre régiments de cavalerie dans Compiègne et quelque infanterie dans Noyon, au moyen de quoi ils mirent ces deux places à couvert. Cependant, {e} M. le Prince décampa le 5 d’auprès de Noyon […], d’où les coureurs sont venus faire ravage jusqu’aux portes de Creil, 13 lieues d’ici mais on y envoya hier dix compagnies du régiment des gardes pour défendre les passages de la rivière d’Oise ; et M. de Turenne, qui a été joint par 2 000 chevaux allemands, lesquels lui ont été menés depuis huit jours, demande permission de livrer bataille aux ennemis, ce que toute son armée souhaite fort. Il est fâché contre M. de Bridieu, gouverneur de Guise, qui lui a refusé deux pièces de canon qu’il lui demandait. Les lettres d’Amiens d’hier ne portent autre chose, sinon que les ennemis n’avaient point fait de siège, qu’ils font mine de vouloir s’avancer deçà et que M. d’Elbeuf est allé à Arras pour exécuter un dessein d’entrer en Flandres, conjointement avec les gouverneurs de la frontière, pour y ravager le pays comme font les ennemis en Picardie ; mais plusieurs de ces gouverneurs ne peuvent pas se résoudre de lui obéir. »


  1. La Somme.

  2. Près de Saint-Quentin.

  3. 15 kilomètres à l’est de Saint-Quentin.

  4. Aujourd’hui Tergniers dans l’Aisne.

  5. Pendant ce temps.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 8 août 1653, note 2.

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(Consulté le 17/04/2024)

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