À André Falconet, le 30 janvier 1663, note 2.
Note [2]

Le dogme d’infaillibilité pontificale ne fut établi qu’en 1870 (premier concile du Vatican). « L’infaillibilité ne se doit attribuer proprement qu’à Dieu et à ceux à qui il l’a bien voulu communiquer, comme aux prophètes, aux évangélistes, aux apôtres et à son Église ; on a écrit pour et contre l’infaillibilité du pape » (Trévoux). Périodiquement débattu de très longue date, ce dogme était alors en butte au gallicanisme d’une bonne partie de la Sorbonne et du Parlement. De nombreux esprits y étaient en outre échauffés par les deux bulles pontificales contre les jansénistes : Cum occasione, 1653 (v. note [16], lettre 321), et Ad sacram, 1656, immédiatement suivie du Formulaire (v. note [10], lettre 463).

  • Guy Patin voulait probablement parler de la Lettre d’un docteur de Sorbonne à un de ses amis. Sur ce qui s’est passé entre le Parlement et la Faculté touchant la thèse de Me Gabriel Drouet de Villeneuve, supprimée par arrêt du 22 janvier, datée du 28 février 1663, mais ce n’est qu’un in‑4o de 8 pages, sans lieu ni nom ni date.

  • Dans son tome troisième, pages 852‑888, la mise à jour des Libertés de l’Église gallicane de Pierre Pithou, {a} relate cette session du Parlement de Paris qui a donné raison à la Sorbonne sur les arguments défendus par Denis Talon : {b} Arrêts du Parlement, contre la thèse de Gabriel Drouet de Villeneuve, en 1663, avec les discours de M. de Lamoignon P.P. [premier président] de M. Talon A.G. [avocat général] et de M. [Achille iii] de Harlay, substitut de M. [Achille ii] de Harlay, son père P.G. [procureur général]. Ce long compte rendu fait état des débats des 19 et 20 janvier 1663, qui aboutirent à l’arrêt du 22, lu le 31 devant la Maison de Sorbonne, dans la grande salle où était assemblée la Faculté de théologie :

    « Me Gabriel Drouet de Villeneuve, bachelier en théologie, Breton de nation, ayant fait imprimer et distribuer des thèses d’une majeure ordinaire, {c} qu’il prétendait soutenir le dix-neuf de ce mois, lesquelles contiennent des propositions trop fortes dans leur expression, touchant l’infaillibilité de notre Saint Père le pape, son pouvoir souverain dans l’Église et sur l’Église, l’inutilité des conciles, et les anciennes libertés de l’Église gallicane, qu’il veut qualifier de privilèges, le procureur général et ses collègues n’ont pu tenir leur zèle. Ils sont entrés dans la Grande Salle et Chambre du Parlement, {d} et en ont fait leurs plaintes et remontrances, sur lesquelles la Cour ayant mûrement délibéré, après avoir examiné les propositions ainsi qu’elles son conçues, a trouvé qu’elles étaient de telle qualité qu’en bonne politique, la dispute n’en devait pas être permise dans cet État. Elle a pour ce interposé son autorité et donné son arrêt le vingt-deux de ce mois, et nous avons été commis pour venir en ce lieu vous en faire lecture, afin que vous ayez à l’observer inviolablement à l’avenir ; ce qu’elle se promet d’autant plus assurément qu’elle sait que votre Faculté, composée des plus sages et savants hommes du monde, a des sentiments bien contraires à ces opinion étrangères, auxquelles elle a toujours si puissamment et si généreusement résisté. » {e}


    1. V. note [5], lettre 45, pour cet ouvrage de Pithou qui a été mis à jour par Pierre-Toussaint Durand de Maillane en 1771 (Lyon, Pierre Bruyset Ponthus, in‑4o).

    2. Sans adhérer au jansénisme, Denis Talon, avocat général du Parlement de Paris (v. note [10], lettre 358), était un défenseur convaincu du gallicanisme et avait plaidé à plusieurs reprises en faveur des adhérents de Port-Royal, depuis 1655.

    3. « L’un des plus grans actes des bacheliers de théologie de la Faculté de Paris qui sont en licence, dans lequel ils doivent soutenir de la théologie positive, de l’histoire ecclésiastique, ou de la controverse, et qui se commence a huit heures du matin et finit à six heures du soir » (Richelet).

    4. La Grand’Chambre du Parlement de Paris.

    5. V. note [3], lettre 830, pour l’autre procès que la Sorbonne, toujours défendue pat Talon, gagna contre la censure de Rome en juillet 1665.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 30 janvier 1663, note 2.

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(Consulté le 19/04/2024)

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