À Charles Spon, le 22 février 1669, note 2.
Note [2]

Vernales signifie printanières ; Hippocrate, aphorisme no 20, 3e section :

« En effet, dans le printemps, règnent les affections maniaques, mélancoliques, épileptiques ; des hémorragies, des angines, des coryzas, des enrouements, des toux, des lèpres, des lichens, des alphos, beaucoup d’éruptions ulcéreuses, des furoncles et des affections arthritiques. »

alphos est un mot grec signifiant blanc et, spécifiquement, dartre (v. la triade 74 du Borboniana manuscrit, notule {c}, note [39]) blanche et farineuse. Celse lui donnait à l’alphos le nom de vitiligo ; cette lèpre non contagieuse était probablement ce qu’on appelle aujourd’hui le psoriasis.

Jean Fernel en a donné la confitmation dans sa description sémiologique de l’alphos (livre vii, chapitre vi, Des taches qui paraissent sur le cuir), aux pages 555‑556 de sa Pathologie (traduite en français, Paris, 1655, v. note [1], lettre 36) :

« Il y a trois espèces de vitiligos : alphos, mélas et leucé. Elles gâtent le cuir de taches dispersées et non continues ni conjointes, mais qui changent de place et se vont étendant. En ces défédations, {a} le sentiment ou périt entièrement, ou devient plus stupide ; tellement qu’en écorchant la peau, et quelquefois même en la perçant légèrement avec une aiguille, on ne sent rien de cela. {b} La tache de l’alphos est blanche, celle du mélas est noire et paraît comme un ombrage ; et toutes les deux sont seulement à la surface du cuir. La leucé fait pareillement une tache blanche, comme l’alphos, mais elle pénètre plus avant et infecte toute la peau. Ce mal fait tomber les cheveux, en la place desquels il en vient d’autres, blancs et déliés comme du poil follet. {c} Quand la leucé est confirmée, elle ne devient jamais rouge en la frottant ; et si on la pique d’une aiguille, il n’en sortira point de sang, mais seulement une sanie aqueuse. » {d}


  1. Ce mot n’existe pas dans les dictionnaires que j’ai consultés. Le latin d’origine permet de le prendre pour « souillures » : In his cutis fœdatur dispersis maculis [Dans ces affections, la peau est souillée de taches éparses].

  2. Dépigmentation et insensibilité sont les signes caractéristiques du premier stade de la lèpre cutanée. J’ai souvenir d’une photographie montrant, en Inde, un officier de santé dépistant la maladie en passant une plume sur les dos nus d’écoliers alignés en rang d’oignons.

  3. « Le premier poil qui vient au menton des jeunes gens » (Furetière) ; mais le mot latin d’origine est ici lanugo, duvet laineux qui couvre la peau des nouveau-nés.

  4. Le suintement d’une « rosée sanglante », provoqué par la friction, est caractéristique du psoriasis.

Imprimer cette note
Citer cette note
x
Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 22 février 1669, note 2.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0950&cln=2

(Consulté le 28/03/2024)

Licence Creative Commons