À Johann Georg Volckamer, le 1er septembre 1659, note 2.
Note [2]

Né à Copenhague en 1587, Johannes Rhodius (v. note [1], lettre 205) était décédé à Padoue le 14 février 1659, dans sa 72e année (soit l’âge auquel Guy Patin allait lui-même mourir). Son Celse n’allait jamais être publié. Thomas Bartholin le récupéra et l’augmenta, mais en a relaté le triste sort dans la Thomæ Bartholini de Bibliothecæ Incendio Dissertatio ad Filios [Dissertation de Thomas Bartholin sur l’incendie de sa bibliothèque, adressée à ses fils] (Copenhague, Matthias Godicchenicius, 1670, in‑8o), en le décrivant comme le premier des ouvrages qu’il y a perdus (§ i, pages 56‑58) :

Celsus de Medicina Notis Variis Medicis, Philologicis et Antiquariis a me illustratus, cum Variis Lectionibus et Lexico Cl. V. Joh. Rhodii.

Opus diu orbi erudito desideratum, quod annis abhinc xxx. promisit beatus Rhodius, sed nunquam serio manum admovit. Varias tantum Lectiones magna cura congessit ex Codicibus mstis Florentino, Vaticano, Veneto, Mediolanensis, aliisque, omnibusque libris editis, quæ sine ulla censura ad manus meas pervenerunt beneficio beati Collegæ nostri D. Thomæ Bangii, ad quem reculæ posthumæ Rhodianæ hereditate conjugis pertinebant. Emendationes promiserat, quas nunquam mancisci potui. Lexicon denique composuit, in quo maximam tot annorum partem comsumpsit. Ego vero notis Medicis et Philologicis universum Autorem illustrare in me suscepi, jamque ad finem quinti libri me perduxerat ordo, addita ubique επικρισει ad varias lectiones tam a Rhodio collectas, quam per me superadditas. Cæterum frustraneus omnis noster labor. Intercedit jam multorum annorum meditatum opus, nec spes est damnum resarciri posse. Abiit enim Celsus noster ad excelsos, sui omnibus eruditis desiderio relicto.

[Le Celse de la Médecine que j’avais enrichi de multiples notes, médicales, philologiques et archéologiques, avec les annotations variées et le lexique du très distingué M. Johannes Rhodius.

C’est l’ouvrage que le monde savant a longtemps désiré : feu M. Rhodius l’avait promis depuis 30 ans, mais ne l’a jamais entièrement achevé. Il avait seulement amassé avec grand soin divers passages tirés tant des manuscrits conservés à Florence, au Vatican, à Venise, à Milan et en d’autres endroits, que de toutes les éditions imprimées. Cela m’avait été intégralement remis grâce à notre feu collègue Thomas Bangius, {a} à qui revenaient, par l’héritage de sa femme, les menues reliques posthumes de Rhodius, qui avait promis des corrections du texte, mais que je n’ai jamais pu trouver. Finalement, il avait composé un lexique, auquel il avait consacré la plus grande partie de toutes ces années. Pour moi, j’avais entrepris d’enrichir tout le Celse de notes médicales et philologiques, et j’étais déjà parvenu à la fin du cinquième livre, {b} en y ayant partout ajouté mon jugement sur de nombreux passages, tant colligés par Rhodius que choisis par moi ; mais nous avons accompli tout ce travail pour rien : l’ouvrage que j’avais projeté depuis déjà nombre d’années est détruit, il est condamné à l’oubli sans aucun espoir de pouvoir le récupérer. Voilà notre Celse parti dans les cieux, laissant derrière lui le désir qu’en avaient tous les savants]. {c}


  1. Thomas Bangius (v. note [13], lettre de Thomas Bartholin, datée du 18 octobre 1662) avait hérité de la bibliothèque et des papiers de Rhodius (mort sans descendance), qui furent vendus à Copenhague en 1662.

  2. La Medicina de Celse est composée de huit livres (v. note [13], lettre 99).

  3. « De tous les travaux de J. Rhodius sur ce sujet, la seule partie que l’on ait pu arracher aux flammes est la Vie de Celse, qui se trouve à la tête de la plupart des bonnes éditions que nous avons citées » (Éloge de Celse, prononcé le 19 avril 1838 ; par M. H. Kühnholtz, bibliothécaire et professeur agrégé de la Faculté de médecine de Montpellier…, Montpellier, Louis Castel, et Paris, Germer-Baillière, 1838, in‑4o, page 70).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Georg Volckamer, le 1er septembre 1659, note 2.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1160&cln=2

(Consulté le 19/04/2024)

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