Autres écrits : Consultations et mémorandums (ms BIU Santé  2007) : 12, note 2.
Note [2]

Cette consultation est probablement adressée à Louis Patin, seul médecin de Chartres dont Guy Patin ait parlé : sans dire qu’il lui était apparenté, il a signalé sa mort récente dans le post-scriptum de la lettre à Charles Spon datée du 21 février 1662 (v. sa note [15]). Mes recherches à son sujet ont abouti à deux attestations.

  • Jean ii Riolan lui a donné vie à la fin des Raræ Observationes Anatomicæ [Rares observations anatomiques] (pages 871‑872) qui concluent ses Opera Anatomica Vetera [Œuvres anatomiques anciennes] : {a}

    Cum profectus fuissem Carnutum, ut votum solverem beatissimæ Mariæ Virgini, Sacelli sacrista sexagenarius me consuluit de inveterata dysuria, interdum stranguriosa. Iudicavi subesse calculum in vesica, unicum salutis perfugium in eius extractione. Maluit æger vivere in ista miseria, quam periclitari vitam. Tandem ischuria vesicali interiit. Medicus Carnutensis doctissimus ac peritissimus, Dominus Ludovicus Patin mihi rescripsit, quæ in eius vesica reperta fuere rara. Referam eius verba. Cum venimus ad renes, hos cernere erat dimidio maiores solito, sero refertos et turgentes, nullo modo obstructos, aderant in sinistri parenchimate minutiores aliquot arenulæ. Venimus ad ureteres, quos invenimus amplissimos, et ita distensos, ut minorem digitum facillime possent admittere, sed in iis nihil præter serum : ut autem vesicam attigimus, sensimus in ea delitescere solidum quidpiam et durum, ea aperta occurunt nobis duo corpora nucis iuglandis magnitudine firmiter ahærentia, unum densum, et undique sibi simile, alterum sanguine coagulato intus refertum : iis avulsis cum aliud se offeret longe crassius, totam vesicam exsecuimus, et pro corpore cavo membranoso extenso quale vesicæ esse debet, plenum, solidum, contractum reperimus. Certe fundo excepto, vix unicæ lotii continendi capaci, reliquum omne moles occupabat glandulosa, albicans, et quodammodo callosa, ab ambiante membrana nulla arte separablis, et in quam ipsa vesicæ substantia omnis abiisse, et versa esse videbatur. Æquabat illa pugni unius maioris crassitiem, in medio canaliculus Urethræ continuus, sed admodum exilis, ad fundum tamen usque pertinens, et totam ipsam massam permeans, quem unam ex superioribus glandulis obturasse, et ischuriam fecisse par est suspicari. Hæc omnis observatio nostra.

    [Un jour que je m’étais rendu à Chartres pour accomplir un vœu fait à la bienheureuse Vierge Marie, {b} le sacristain de la chapelle, homme âgé d’une soixantaine d’années, avait sollicité mon avis sur une dysurie invétérée, avec des périodes de strangurie. {c} Je jugeais qu’il devait avoir un calcul dans la vessie et que son extraction serait sa seule voie de salut. Plutôt que risquer de mourir ainsi, le malade préféra vivre dans ce misérable état. Il finit par succomber à une obstruction vésicale. Maître Louis Patin, très docte et expérimenté médecin de Chartres m’a relaté par écrit les raretés qu’on trouva dans la vessie de cet homme. Voici ses propres mots : {d} « Quand nous en vînmes aux reins, on constata qu’ils étaient de moitié plus gros que la normale, remplis de sérosité et turgescents, sans être du tout obstrués, avec du côté gauche, quelques menus grains de sable dans le parenchyme. {e} Arrivés aux uretères, {f} nous les trouvâmes très larges, et si dilatés qu’on aurait très facilement pu y introduire le petit doigt, mais ils ne contenaient rien d’autre que de la sérosité. Quand nous abordâmes la vessie, nous vîmes pourtant que s’y cachait quelque chose de solide et de dur. L’ayant ouverte, nous apparurent deux formations très adhérentes, qui avaient chacune la taille d’une noix de noyer. L’une était dense et donc homogène ; l’autre était beaucoup plus grosse et son intérieur était rempli de sang coagulé. Après les avoir ôtées, nous disséquâmes entièrement la vessie et, au lieu de la poche creuse dotée d’une membrane détendue qu’elle doit être, la trouvâmes pleine, solide et rétrécie. À l’exception bien sûr de son bas-fond, {g} devenu à peine assez grand pour contenir le volume d’une miction, elle était entièrement remplie par une masse glanduleuse, blanchâtre et quelque peu calleuse, qu’il était impossible de détacher de la paroi : la substance même de la vessie semblait s’y être tout entière dispersée, et s’être transformée en cette matière. Sa taille équivalait à celle d’un gros poing. En son milieu s’ouvrait une petit canal qui se continuait par l’urètre ; {h} il était très grêle, mais traversait portant toute l’épaisseur de la masse jusqu’au bas-fond. Il est raisonnable de penser que l’une des petites glandes sus-dites l’avait obstrué et avait engendré l’ischurie. {i} Voilà toute notre observation. »] {j}

  • L’inventaire analytique des insinuations du Châtelet de Paris (Archives nationales Y//201‑Y//204), établi par É. Campardon, Ch. Samaran, M.‑A. Fleury et G. Vilar, recense (fo 23 vo) un acte daté du 15 juillet 1659, intitulé :

    « Louis de Mareuilh, écuyer, sieur des Essarts, demeurant en la ville de Laigle en Normandie, se trouvant actuellement logé à Paris, rue de Paradis, chez le marquis de Laigle, paroisse Saint-Jean-en-Grève, et Jeanne Bréau, veuve de Pierre Bonnoy, sieur des Buissons, demeurant rue de Bièvre, paroisse Saint-Étienne-du-Mont : contrat de mariage passé en présence de Philippe Patin, étudiant en médecine à Paris, {k} fils de Louis Patin, docteur en médecine. »


    1. Paris, 1649, v. note [25], lettre 146.

    2. On vénère toujours à Chartres la relique du « voile de la Vierge », tunique en soie que Marie aurait portée au moment de l’Annonciation ; les Byzantins l’auraient offerte à Charlemagne.

    3. V. note [2], lettre de Charles Spon datée du 28 décembre 1657.

    4. Riolan a renoncé à mettre en beau latin le charabia, intelligible mais plutôt barbare, de son correspondant.

    5. Partie inférieure de la cavité vésicale.

    6. Canaux évacuateurs des deux reins, qui mènent l’urine jusqu’à la vessie.

    7. Substance solide du rein.

    8. Canal évacuateur de la vessie qui, chez l’homme, se prolonge dans le pénis, jusqu’au gland.

    9. V. note [9], lettre 782.

    10. Il s’agissait d’une tumeur de la paroi vésicale, dont seul le monstrueux développement semble aujourd’hui une curiosité.

    11. Cet étudiant ne figure pas dans le catalogue de la Faculté de médecine de Paris établi par Baron : Philippe Patin n’y a donc pas postulé le baccalauréat ; Dulieu ne l’a pas non plus cité comme bachelier enregistré à l’Université de Montpellier.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Consultations et mémorandums (ms BIU Santé  2007) : 12, note 2.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8142&cln=2

(Consulté le 25/04/2024)

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