Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 10 manuscrit, note 2.
Note [2]

Popoff a consacré de longs articles à ces deux magistrats qui connurent un destin peu commun.

  • No 122 :

    « Antoine Minard, sieur de La Tour-Grollier et Montgarnault en Bourbonnais, et de Villemain et Grisy en Brie, < était le > fils aîné d’Antoine Minard, originaire de Gannat en Bourbonnais, trésorier général de Bourbonnais et d’Auvergne, auditeur des comptes à Paris, et de Charlotte Coiffier. Il fut avocat si célèbre au Parlement de Paris que le roi François ier, par ses lettres du dernier de janvier 1538, lui donna gratuitement l’office d’avocat général en la Chambre des comptes de Paris, dont il prêta serment le 4 février suivant ; puis le même roi le pourvut des charges de conseiller clerc et président aux Enquêtes du Parlement, vacantes par les forfaitures, démérites et indignités de M. René Gentil, par lettres datées d’Esclaron, données le 26 mai 1542, avec lettres de dispense, d’autant qu’il était marié ; depuis, conseiller laïc le 25 mars 1543, par le décès d’Antoine Hélin. Il fut ensuite président à mortier au Parlement lors de la création de deux nouvelles charges : ses provisions sont datées du 7 juillet 1544, et fut reçu le 14 suivant. Il fut curateur et principal conseil de Marie Stuart, reine d’Écosse, pendant sa minorité, et l’autorisa, en cette qualité, pour contracter mariage avec François ii, et en signa le contrat le 19 avril 1558. {a} Il présida au procès criminel du Chancelier Guillaume Poyet en 1545, {b} aux grands jours {c} de Riom en 1546, et aux grands jours de Tours en 1547, en la Chambre souveraine établie pour les créanciers du cardinal de Lorraine {d} en 1559. Il fut tué le mardi 12 décembre 1559, revenant du Palais entre cinq et six heures du soir, d’un coup de pistolet près de sa maison, rue Vieille du Temple, âgé de 55 ans. Il fut inhumé le lendemain dans la sacristie de l’église des Blancs-Manteaux, près de Dame Catherine Bochart, sa femme, morte le 25 juin 1546, fille de Jean Bochart, célèbre avocat au Parlement, et de Jeanne Simon, dame de Champigny. De lui et de Catherine Bochart, sa femme, sont issus deux fils et une fille. »

  • No 708 :

    « Anne Du Bourg, fils puîné d’Étienne Du Bourg, seigneur de Seilloux, de Malauzac et de Quédrines en Auvergne, maître des requêtes de la reine, contrôleur général des finances en Languedoc.  […] Anne Du Bourg […] prit l’ordre de la prêtrise, mais il se laissa séduire par les nouvelles opinions des calvinistes. Il joignait beaucoup d’esprit à une grande érudition. Il professa le droit à Orléans avec réputation, et fut reçu conseiller clerc au Parlement de Paris le 19 octobre 1557. Le roi Henri ii étant venu au Parlement le… juin 1559, Du Bourg eut la criminelle hardiesse de le traiter de nouvel Achab {e} et d’adultère. Le roi le fit arrêter avec quelques autres le 19 juin 1559. On lui donna des commissaires qui lui firent son procès, et Du Bourg fut déclaré hérétique par l’évêque de Paris, qui ordonna qu’il serait dégradé. La mort du roi, arrivée le 10 juillet suivant, retarda le jugement. Il fut condamné par l’évêque de Paris, et par les archevêques de Lyon et de Sens, après que ses appels comme d’abus eurent été déclarés nuls par le Parlement. Frédéric, électeur palatin, et autres princes protestants demandèrent sa grâce, mais inutilement, par l’événement survenu de l’assassinat du président Antoine Minard, qui avait été récusé par Du Bourg, qui < fut > soupçonné d’avoir été complice de cet attentat sur la vie de ce président ; ce qui accéléra le jugement du Du Bourg, qui fut condamné par arrêt des commissaires à être pendu et son corps brûlé en place de Grève, exécuté le 20 décembre 1559, étant âgé de 38 ans. »


    1. V. note [32], lettre 554.

    2. V. notule {b}, note [23] du Borboniana 4 manuscrit.

    3. V. note [9], lettre 832.

    4. Le cardinal de Guise, v. note [11], lettre latine 75.

    5. Roi impie d’Israël dans la Bible, ennemi du prophète Élie.

Jacques-Auguste i de Thou a parlé de ces deux magistrats et de l’autre protagoniste de cette affaire, Robert Stuart (Stuard), sieur de Vézines (Vézinnes), en cinq endroits de son Histoire universelle ; j’y ai mis leurs noms en italique.

  1. Le livre xxiii, règne de François ii, année 1559, décrit longuement le procès et l’exécution d’Anne Du Bourg (Thou fr, volume 3, pages 399‑402), avec cette remarque :

    « Du Bourg avait plusieurs fois récusé Minard, comme un homme qui avait donné des conseils violents au feu roi, et dont les mœurs n’étaient pas irréprochables ; et il avait ajouté que, s’il ne s’abstenait de lui-même d’être son juge, il y serait contraint par quelque moyen. Quoique ce discours fût plutôt un effet de la prévoyance de Du Bourg que de sa complicité, cependant il donna lieu de croire qu’il savait quelque chose des desseins qu’on avait contre le président. »

  2. Ibid. page 405 :

    « Cependant, des hommes ennemis de la paix ne cessaient de presser les princes Lorrains {a} de venger le meurtre de Minard. Le procureur général Bourdin envoya à la cour un certain des Croisettes, son émissaire, pour lui déclarer au nom du Parlement, qu’on avait des preuves que Robert Stuart, Écossais, devait un certain jour, avec ses complices, mettre le feu en plusieurs quartiers de Paris, et briser les portes des prisons ou les sectaires {b} étaient renfermés, tandis que le peuple serait occupé à éteindre les incendies. Cette dénonciation donna lieu à une déclaration du roi, datée de Chambord, qui ordonnait au Parlement de châtier sévèrement les personnes suspectes, et de travailler sans retardement à leur procès. On tira donc de toutes les chambres du Parlement des juges pour composer quatre tribunaux extraordinaires qui travaillassent à ces affaires. Bientôt, les prisons demeurèrent vides, les uns ayant été condamnés à mort, les autres à faire amende honorable, à être bannis ou à subir d’autres peines. On arrêta aussi Robert Stuart, qui réclama la protection de la jeune reine : {c} cette princesse, qui voulait obliger les Guise, ses oncles, nia qu’il eût cet honneur. Comme on ne trouva point de preuves assez fortes contre lui, il fut appliqué à la question, {d} qu’il soutint sans rien avouer, et fut ensuite laissé dans la prison, parce qu’on le craignait. »

  3. Le livre xxxiv, règne de Charles ix, année 1562, relate la bataille de Dreux, gagnée par les catholiques contre les protestants, le 19 décembre, au prix de lourdes pertes (Thou fr, volume 4, page 479) :

    « Le connétable {e} ayant eu son cheval tué sous lui, remonta aussitôt sur un autre que d’Oraison, son lieutenant, lui donna. Ayant ensuite été blessé à la mâchoire inférieure, il fut environné de toutes parts, et enfin fait prisonnier par Robert Stuart de Vézines. Les Allemands étant survenus, le connétable, par le conseil de Stuart, se livra à eux et leur donna sa foi. » {f}

  4. Le livre xlii, règne de Charles ix, année 1567, relate la bataille de Saint-Denis, qui opposa les catholiques aux protestants le 10 novembre (Thou fr, volume 5, page 374) :

    « Anne de Montmorency, ce vieillard respectable qui avait blanchi à la guerre après avoir rempli dans un âge si avancé, {g} tous les devoirs non seulement d’un connétable, mais d’un simple soldat, éprouva alors le sort de la guerre, et fut blessé au visage. Environné de toutes parts et pressé par Robert Stuart de se rendre, il lui donna un si grand coup de la garde de son épée sur la joue qu’il lui fit sauter trois dents. Irrité par la douleur que lui causa un si grand coup, Stuart lui-même, ou quelque autre, lui tira un coup de pistolet par derrière ; et comme la cuirasse n’était pas assez forte, il fut percé et blessé mortellement. » {h}

  5. Le livre xlv, règne de Charles ix, année 1569, relate la bataille de Jarnac (v. note [51] des Deux Vies latines de Jean Héroard), qui opposa de nouveau les catholiques aux protestants le 13 mars (Thou fr, volume 5, pages 572‑573) :

    « […] mais comme ce ne fut presque qu’un combat de cavalerie, et qu’excepté le régiment de Pluviaut, il y eut très peu de gens de pied qui combattissent, l’infanterie des protestants perdit peu de monde. Robert Stuart, qu’on accusait d’avoir tué, deux ans auparavant, le connétable de Montmorency à la journée de Saint-Denis, fut pris dans ce combat et tué ensuite à coups de poignard. » {i}


    1. Les Guise, futurs meneurs de la Ligue catholique.

    2. Protestants.

    3. Marie Stuart, fille de Marie de Guise, reine d’Écosse de 1542 à 1567.

    4. Le Borboniana parlait aussi de la question à laquelle fut soumis Robert Stuart (et après quoi il se fit huguenot). Ce mot est à prendre dans le sens judiciaire, effrayant mais très précis, que lui a donné Furetière :

      « torture qu’on donne aux criminels pour savoir la vérité de quelque crime qualifié. On donne aussi la question aux criminels condamnés pour avoir révélation de leurs complices. Il faut qu’il y ait de puissants indices ou < une > demi-preuve pour appliquer un homme à la question. La question ordinaire à Paris se donne avec six pots d’eau et le petit tréteau. L’extraordinaire avec six autres pots, et le grand tréteau, qui serre et étend davantage le criminel, qui est suspendu. On la donne ailleurs avec des coins et des brodequins, et en chauffant les pieds. Il a été appliqué à la question ordinaire et extraordinaire, et n’a rien confessé. “ Il faut qu’un homme persiste, étant hors de la question, à ce qu’il a confessé. ” On dit aussi “ présenter à la question ”, quand on fait peur seulement à un accusé de lui donner la question. »

    5. Anne de Montmorency, v. note [7], lettre 522.

    6. Fit serment de se comporter en loyal prisonnier.

    7. Le connétable était alors âgé de 74 ans.

    8. L’issue du combat demeura indécise. Le connétable mourut à Paris le 12 novembre.

    9. Le plus célèbre mort du combat de Jarnac, gagné par les catholiques fidèles au roi, fut le pince Louis ier de Condé (v. note [16], lettre 128).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 10 manuscrit, note 2.

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(Consulté le 24/04/2024)

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