À Charles Spon, le 7 mars 1653, note 20.
Note [20]

Discours sur les principes de la Chiromance. {a} Par le Sr de La Chambre, {b} Conseiller du Roi en ses Conseils et son Médecin ordinaire. {c}


  1. Marin Cureau de La Chambre, v. note [23], lettre 226.

  2. « Divination qui se fait par l’inspection de la main, la chiromance est une science fort vaine et qui n’a aucun fondement en la nature » (Furetière).

  3. Paris, P. Rocolet, 1653, in‑4o de 150 pages, achevé d’imprimer le 19 février 1653.

Un extrait (pages 11‑14) de l’épître dédicatoire, à un certain « Monsieur Beiot docteur en médecine », donne une idée du propos, aussi extravagant que spécieux, de l’auteur :

« En effet, comme le premier et principal fondement de la chiromance est la disposition des planètes qu’elle a diversement placées dans la main, car elle a mis Jupiter au premier doigt que l’on nomme index, Saturne au second, le Soleil au troisième, Mercure au quatrième, Vénus au pouce, Mars au creux de la main, et la Lune dans sa partie inférieure. Ce fondement, dis-je, qui renverse l’ordre naturel des planètes et qui, par conséquent, semble être plutôt un effet du caprice des premiers inventeurs de cette science que d’aucune raison qu’ils aient eue pour les ranger de la sorte, bien loin de la pouvoir par là rendre suspecte de fausseté, est à mon avis une des choses qui donne les premiers soupçons de la vérité qui s’y trouve. Car il faut que l’esprit humain qui est si amoureux de la proportion et qui, partout où il la peut faire couler, ne manque jamais d’en orner et d’en enrichir ses imaginations, ne l’ait pas oubliée ici sans sujet ; et qu’il ait été forcé par la vérité des expériences que l’on a faites de changer l’ordre des planètes qu’il a conservé si exactement dans la métoposcopie {a} et dans mille autres rencontres où il a eu la liberté d’en faire l’application. Et sans doute si c’était une pure imagination, il eût été plus facile et plus raisonnable de mettre Saturne au premier doigt, Jupiter au second, Mars au troisième, le Soleil au quatrième, et suivre ainsi le rang que ces étoiles gardent entre elles, que de les transposer comme on a fait. Ou s’il eût fallu le changer, il semble qu’il eût été plus à propos de faire gouverner le plus grand doigt par le plus grand astre, ou de lui donner celui qui est le plus mobile, que le troisième qui est le moins agissant. De sorte qu’il y a grande apparence qu’une si extraordinaire disposition des planètes n’est pas un ouvrage de la fantaisie de ceux qui ont les premiers travaillé à cette science, mais de la nécessité qu’ils ont eue de suivre les raisons et les expériences qui leur marquaient cette vérité. » {b}


  1. « Art qui enseigne à connaître le tempérament et les mœurs des personnes par la seule inspection des traits du visage » (Furetière) ; soit un équivalent de la physiognomonie (v. note [12], lettre 307).

  2. V. note [60], lettre 332, pour une autre citation de cet ouvrage.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 7 mars 1653, note 20.

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(Consulté le 16/04/2024)

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