À Claude II Belin, le 3 mai 1653, note 20.
Note [20]

Journal de la Fronde (volume ii, fos 214 ro et 216 ro, avril 1653) :

« Le 23 du courant, le Parlement étant assemblé pour la mercuriale, M. de Bellièvre, qui avait reçu des compliments fort civils de la part de Messieurs des Enquêtes qui lui avaient envoyé des députés pour cet effet, fit un fort beau discours sur ce sujet, plein de civilités à la Compagnie qui en fut fort satisfaite ; après quoi, il se parla de délibérer sur les moyens d’obtenir le retour des nouveaux et anciens exilés ; et ce président ayant proposé de remettre cette affaire à demain, on lui représenta que la Compagnie avait un nouveau sujet de s’assembler sur les nouvelles commissions données à MM. de La Poterie et Bezons pour l’instruction du procès de M. de Croissy, dans laquelle on a subrogé un autre commissaire nommé M. de Lezeau, à cause que M. de La Poterie est malade. […]

Le 26 du courant, les députés du Parlement furent au Louvre pour faire leurs remontrances qui avaient été résolues tant pour le retour des anciens et nouveaux exilés, que pour la suppression de la commission nouvelle donnée à MM. de La Poterie et Bezons pour l’instruction du procès de M. de Croissy-Fouquet. M. le premier président de Bellièvre y porta la parole et fit un très beau discours sur ce sujet ; à quoi M. le Chancelier lui répondit que le roi lui avait commandé de leur dire qu’il ne pouvait ni ne voulait leur accorder ce qu’ils demandaient, qu’il avait exilé tous ces gens-là et donné cette nouvelle commission pour le bien de son État, et que Sa Majesté savait bien qu’il y avait encore des séditieux dans le Parlement. Le même jour, MM. de Lezeau et Bezons retournèrent au Bois de Vincennes et portèrent ordre à M. de Croissy de leur répondre, lui déclarant autrement qu’on lui ferait le procès comme à un muet ; à quoi il répondit qu’il n’était pas muet et que n’ayant pas voulu répondre à M. le Chancelier, à un président et à des conseillers du Parlement qui auraient été ses juges légitimes, qu’à plus forte raison il ne devait pas répondre à des personnes qui ne pouvaient pas être ses juges ; mais que puisqu’il voyait qu’on le voulait perdre injustement, il s’était tout disposé à mourir et qu’on n’avait qu’à lui mener un bourreau pour l’exécuter sans autre forme de justice ; sur quoi, ces deux commissaires n’ayant pas voulu passer outre sans un arrêt du Conseil d’en haut qui l’eût ordonné, on le leur devait expédier hier. » {a}


  1. 28 avril.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 3 mai 1653, note 20.

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(Consulté le 24/04/2024)

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