Autres écrits : Traité de la Conservation de santé (Guy Patin, 1632) : Chapitre III, note 20.
Note [20]

  • Le bien utile Divi Ambrosii Milleloquium summam totius doctrinæ illius Ambrosii sub mille titulis, seu generalibus capitibus ordine alphabetico digestis, complectens, authore Fratre Bartholomeo Urbinate episcopo. Adjectus est singulorum titulorum index [Le Milleloquium (Dictionnaire) de saint Ambroise (v. note [24], lettre 514), contenant la somme de toute la doctrine dudit Ambroise sous mille intitulés ou chapitres généraux rangés par ordre alphabétique. Par le frère Barthélemy (moine augustin du xive s.), évêque d’Urbino. Avec un index de tous les intitulés] (Lyon, frères Senneton, 1556, in‑fo) traite abondamment du vin (mais non de la bière), avec ce passage de l’entrée Vinum (colonne 2345) sur l’ivresse de Noé (v. supra notule {e}, note [13]) :

    Noë agricola erat terræ, et plantavit vitem, et bibit de vino eius, et obdormuit. Non ergo Noë autor est vitis, sed plantationis. Neque enim nisi eam reperisset ante generatam, plantare potuisset. Cultor non autor est vitium. Deus autem qui sciret quod vinum sobrie potatum sanitatem daret, augeret prudentiam, immodice sumptum ad vitia causas daret, creaturam dedit, abundantiam humano arbitrio reservavit ut parsimonia naturæ esset magisterium sobrietatis, abundantiæ noxium lapsumque temulentiæ sibi ascriberet humana conditio. Denique et ipse inebriatus est Noë, et obdormuit consopitus a vino. Itaque per vinum patuit deformitati, qui per diluvium excrevit ad gloriam : Sed Dominus et in eo creaturæ suæ gratiam reservavit, ut eius fructum nobis convertet ad salutem, ac per eum nobis peccatorum remissio proveniret.

    [Noé cultivait la terre et il a planté la vigne ; il a bu de son vin et il est tombé dans un profond sommeil. Noé n’est donc pas le créateur de la vigne, mais de sa plantation, car il n’aurait pas pu la planter si elle n’avait existé avant lui. Il est celui qui l’a cultivée, mais non celui qui l’a inventée. C’est Dieu qui lui a donné naissance, en sachant que le vin, bu sobrement, procure la santé et augmente la sagesse, mais que, consommé sans modération, il conduit aux vices. Il a réservé son abondance au libre arbitre de l’homme, afin que la parcimonie de la nature commande la sobriété et que la condition humaine découvre d’elle-même la nocivité de l’abus et l’égarement de l’ivresse. C’est ainsi que Noé s’est lui-même enivré et s’est assoupi, étourdi par le vin : le vin a donc fait souffrir le déshonneur à celui que le Déluge avait élevé à la gloire. Dieu a pourtant préservé la faveur de sa créature car il a transformé le fruit de la vigne en moyen de notre salut, d’où nous provient la rémission de nos péchés].

  • V. note [1], lettre 163, pour Platon sur les bienfaits du vin chez les vieillards.

  • Aristote, Problèmes, section xxx, § 1 (traduction de Jules Barthélemy-Saint-Hilaire, 1891) :

    « Le vin, quand on en boit en trop grande quantité, semble surtout nous mettre dans l’état où nous disons que sont les mélancoliques. Et selon que nous en prenons, nous déterminons en nous toutes les affections dont ils sont atteints, et qui rendent les hommes colères, tendres, miséricordieux, effrontés, tandis que le miel, le lait, l’eau ou tel autre liquide analogue ne produisent jamais de semblables effets. On peut se convaincre de ce fait en observant les changements que cause l’ivresse sur la tenue de ceux qui s’y livrent. Ainsi, on peut remarquer qu’à jeun, ils sont de sang froid et taciturnes, mais que, s’ils boivent un peu trop, ils deviennent bien vite excessivement loquaces. S’ils s’enivrent encore davantage, ils se mettent à déclamer et ils prennent un singulier aplomb. Un peu plus encore, ils deviennent d’une activité étonnante. S’ils poussent encore plus loin, ils ne regardent plus à insulter les gens et ils finissent par la folie. C’est le vin pris en trop grande quantité qui leur ôte la raison, comme en sont privés ceux qui, dès leur enfance, ont des attaques d’épilepsie, ou les malades qui se laissent aller trop aisément à des accès de mélancolie. »

Imprimer cette note
Citer cette note
x
Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Traité de la Conservation de santé (Guy Patin, 1632) : Chapitre III, note 20.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8170&cln=20

(Consulté le 25/04/2024)

Licence Creative Commons