À Claude II Belin, le 28 octobre 1631, note 21.
Note [21]

« les 5 livres de Institutions médicales de Daniel Sennert, Allemand très savant » :

Institutionum medicinæ Libri v. Authore Daniele Sennerto Vratislauiensi, Doctore Medico in Academia Vvittebergensi et in eadem Professore publico. Vltimvm avcti, recogniti iamque ter editi in Germania, nunc primum in Gallia.

[Cinq livres des Institutions {a} médicales de Daniel Sennert, natif de Breslau, docteur et professeur public de médecine en l’Université de Wittemberg. Dernière des trois éditions publiées en Allemagne, revue et augmentée, paraissant pour la première fois en France]. {b}


  1. Guy Patin lui-même traduisait Institutiones par Institutions, à prendre alors dans le sens didactique de « principes » ou « méthode ».

  2. Paris, sans nom, 1631, in‑4o ; Wittemberg, 1611, pour la 1re édition.

Daniel Sennert (Sennertus, Breslau [v. note [6], lettre de Charles Spon, datée du 24 avril 1657] 1572-Wittemberg 21 juin 1637), fils d’un cordonnier, avait étudié la médecine et pris, en 1601, le grade de docteur à Wittemberg (Saxe). L’année suivante, il remplaça Jessenius, professeur de cette Université, et acquit bientôt une réputation telle que l’électeur de Saxe le mit au nombre de ses médecins en 1628. Cependant, Sennert conserva la liberté de continuer ses leçons publiques à Wittemberg, où il fut le premier à introduire l’étude de la chimie. Après 35 années consacrées à l’enseignement, Sennert mourut de la peste, qui l’avait épargné déjà dans le cours de sept épidémies successives.

Tiraillée entre les courants antagonistes de son époque, sa doctrine médicale était pour le moins contrastée : d’un côté, il croyait encore à la transmutation des métaux, admettait les qualités occultes dans la cause des maladies et dans l’action des médicaments, et recommandait aux médecins l’étude de l’astrologie ; d’un autre côté, il dénonçait avec vigueur les fautes de Paracelse (v. note [7], lettre 7) et de ses adhérents, relevait les jongleries des alchimistes, blâmait les noms nouveaux que Paracelse avait introduits sans nécessité dans la médecine et la chimie, refusait de croire à l’existence d’un remède universel, s’élevait avec force contre l’usage de tenir secrète la préparation des substances héroïques que les médecins inventaient, et reprochait avec force aux galénistes orthodoxes de ne rejeter les médicaments chimiques que parce qu’ils n’avaient pas été connus des Anciens. Sennert fut le premier à tenter de concilier les principes de Galien avec ceux de Paracelse. Il s’éleva aussi contre plusieurs dogmes fondamentaux du péripatétisme, et fut en conséquence accusé d’hérésie et de blasphème ; mais il échappa aux conséquences fâcheuses d’une inculpation alors si grave, en rangeant à son avis huit facultés de théologie, dont il invoqua les lumières et la décision (A.-J.-L. Jourdan in Panckoucke).

Parmi quelques autres, la note [9] de la lettre latine 341, sur la fièvre hongroise (typhoïde), donne une belle idée du talent médical de Sennert. Il figure parmi les médecins dont les ouvrages ont connu le plus grand nombre d’éditions au xviie s. Guy Patin ne partageait pas toutes ses idées, mais l’estimait profondément, au point d’avoir procuré lui-même la première impression complète de ses œuvres (v. note [12], lettre 44).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 28 octobre 1631, note 21.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0006&cln=21

(Consulté le 28/03/2024)

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