À Charles Spon, le 17 octobre 1656, note 21.
Note [21]

Engrener : « commencer à moudre dans un moulin ; se dit figurément des affaires qu’on a commencées : on a commencé à mettre mon procès sur le bureau, il est engrené » (Furetière).

Pierre Nicole, dans son anonyme Avertissement, en tête de la première édition des Provinciales (1657, v. infra note [23]) a fourni les détails de l’intervention des curés de Rouen et Paris dont parlait ici Guy Patin :

« Aussitôt que les Lettres parurent, ceux de Rouen voulurent examiner ces citations < qu’elles contiennent > afin de demander la censure ou des Lettres, ou des casuistes qui y sont cités, selon qu’ils les y trouveraient ou contraires, ou conformes. C’est ce qui paraît par une lettre d’un curé de Rouen qui écrit à un de ses amis le commencement de cette histoire ; […] on y trouvera ces mots : “ Pour procéder mûrement en cette affaire et ne pas s’y engager mal à propos, les curés de Rouen délibérèrent dans une de leurs assemblées de consulter les livres d’où l’on disait qu’étaient tirées les propositions et les maximes pernicieuses que M. le curé de Saint-Maclou avait décriées dans ses sermons, et d’en faire des recueils et des extraits fidèles afin d’en demander la condamnation par les voies canoniques si elles se trouvaient dans les casuistes de quelque qualité et condition qu’ils fussent ; et si elles ne s’y trouvaient pas, abandonner cette cause et poursuivre en même temps la censure des Lettres au provincial qui alléguaient ces doctrines et qui en citaient les auteurs. Six d’entre eux furent nommés de la Compagnie pour s’employer à ce travail ; ils y vaquèrent un mois entier avec toute la fidélité et l’exactitude possible ; ils cherchèrent les textes allégués ; ils les trouvèrent dans leurs originaux et dans leur source mot pour mot comme ils étaient cotés ; ils en firent des extraits et rapportèrent le tout à leurs confrères dans une seconde assemblée, en laquelle, pour une plus grande précaution, il fut arrêté que ceux d’entre eux qui voudraient être plus éclaircis sur ces matières se rendraient avec les députés en un lieu où étaient les livres pour les consulter derechef, et en faire telle conférence qu’ils voudraient. Cet ordre fut gardé et les cinq ou six jours suivants, il se trouva jusqu’à dix ou onze curés à la fois qui firent encore la recherche des passages, qui les collationnèrent sur les auteurs et en demeurèrent satisfaits. Pouvait-on apporter plus de circonspection en cette procédure ? ” Ce fut ensuite de cette recherche que ces curés demandèrent en corps à leur archevêque la condamnation de ces erreurs et écrivirent sur cela à ceux de Paris qui s’unirent aussitôt à eux et à tous ceux du royaume pour demander ensemble à leurs prélats la censure si nécessaire, tant des maximes citées dans ces Lettres que d’un grand nombre d’autres qu’ils ont eux-mêmes découvertes et présentées au Clergé : ce qui montre combien l’auteur des Lettres a été fidèle dans ce qu’il a reproché aux jésuites et combien il leur en pouvait reprocher davantage. »

La remontrance que les curés de Paris ont adressée à l’assemblée générale du Clergé de France est datée du 24 novembre 1656 (Le Guern).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 17 octobre 1656, note 21.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0446&cln=21

(Consulté le 24/04/2024)

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