À Charles Spon, le 21 juin 1650, note 22.
Note [22]

Thibaud de Lavie (1608-Pessac 1684) avait été nommé second avocat général du parlement de Bordeaux en 1635. Il succéda en 1655 à son père, Bernard de Lavie, comme premier président du parlement de Guyenne. Opposé à la rébellion bordelaise, il tenta en vain de fermer les portes à la princesse de Condé.

Journal de la Fronde (volume i, fos 227 ro et vo, et 236 vo et 237 ro, Paris, juin 1650) :

« On a su, par un courrier extraordinaire qui arriva ici hier au soir, {a} que M. de Lavie étant arrivé à Bordeaux, avait couru grand risque d’être assommé par le peuple qui avait su qu’il avait été de concert avec le jurat Constant dans l’accommodement qui s’était fait ici sans les autres députés ; et qu’outre cela, il avait été fort maltraité de parole par la plupart de ses confrères dans le parlement lorsqu’il avait voulu faire son rapport de ce prétendu accommodement et exposer en même temps une déclaration du roi dont il était chargé pour la faire vérifier, par laquelle outre M. de Bouillon et Mme la Princesse, le marquis de Lusignan est déclaré criminel de lèse-majesté. Il ne laissa pas de faire son rapport de tout ce qui concernait son instruction ; mais après avoir été fort blâmé tant de n’avoir point demandé l’exclusion de M. d’Épernon que de ce qu’il n’avait apporté aucune lettre des autres députés, auxquels il avait renvoyé celles dont ils l’avaient chargé, après les avoir ouvertes en chemin, à cause qu’elles contenaient des plaintes de son procédé, il ne put rien obtenir et fut désavoué. Ce courrier a ajouté que cela avait si fort irrité le peuple que le parlement n’en était plus le maître et qu’on avait osé donner décret contre le marquis de Lusignan ; qu’on criait hautement que puisqu’à la cour on ne voulait pas accorder l’exclusion du duc d’Épernon, il fallait le chasser de force et accepter à cette fin les offres de Mme la Princesse, du duc de Bouillon et de tous ceux qui voudraient leur donner secours, même des Espagnols qui, dans l’espérance de voir derechef le feu dans cette province, ont fait avancer 5 000 hommes à Fontarrabie en attendant la prise de Libourne, où ils prétendent les débarquer, n’ayant pu avoir Blaye ; qu’enfin tous les esprits du parlement étaient disposés à consentir à la réception de Mme la Princesse et se liguer avec elle, autant pour demander la liberté des princes que pour l’exclusion de M. d’Épernon ; et que si on ne le rappelle promptement, il ne sera plus temps de le faire après qu’on aura traité avec cette princesse. […]

On a eu nouvelle, par un autre courrier extraordinaire qui arriva ici le 14, venant de Bordeaux, que sur les plaintes que Mme la Princesse y faisait du procédé de l’avocat général Lavie, lequel s’opposait dans le parlement à tout ce qu’elle prétendait d’y obtenir, le marquis de Sauvebœuf y avait fait ramasser de nuit quelque menu peuple et l’avait conduit dans la maison de celui-ci, qui pour éviter le fureur de ce peuple, se sauva dans le couvent des Feuillants et delà, se retira à Blaye ; et que sur cela, le parlement avait dépêché des commissaires pour en informer, lesquels avaient fait mettre en prison sept ou huit de ces mutins, à qui l’on faisait le procès. »


  1. 3 juin.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 21 juin 1650, note 22.

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(Consulté le 25/04/2024)

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