À Charles Spon, le 23 novembre 1657, note 22.
Note [22]

« il sente que notre art salutaire n’est là ni pour tromper, ni pour vider les cassettes ; la médecine est en effet, selon Scribonius Largus, l’art non pas de nuire, mais de soigner. »

Scribonius Largus, préface des Compositions médicales : {a}

Hippocrates conditor nostræ professionis initia disciplinæ ab iureiura tradidit : in quo sanctum est, ne prægnanti quidem medicamentum, quo conceptum excutitur, aut detur, aut demonstretur a quoquam medico, longe præformans animos discentium ad humanitatem. Qui enim nefas existimaverit spem dubiam hominis lædere, quanto scelestius perfecte iam nato nocere iudicabit ? Magni ergo æstimavit, nomen decusque medicinæ, conservare pio sanctoque animo quemque secundum ipsius propositum se gerentem. Scientia enim sanandi, non nocendi, est medicina.

[Hippocrate, le fondateur de notre profession, a transmis par un serment les fondements de notre discipline. {b} Il y dit que tout médecin a le devoir sacré de ne donner ni de prescrire aucun médicament abortif à une femme enceinte, préparant ainsi avec beaucoup d’avance les esprits de ses disciples au respect de l’être humain. Qui donc ne tiendra pour impie de léser ce qui n’est encore que l’espoir incertain d’un homme et ne jugera bien plus criminel encore de lui nuire une fois né ? Voila pourquoi on a jugé bon de lui attribuer le surnom de Grand et celui d’honneur de la médecine, et pourquoi chacun, dans un pieux et saint esprit, agit selon son précepte : La médecine est la science de soigner, et non celle de nuire]. {c}


  1. Intitulée Scribonius Largus Caio Iulio Callisto suo S. [Scribonius Largus salue son ami Caius Julius Callistus] {i} (pages 2‑3). {ii}

    1. Esclave grec affranchi qui fit fortune et exerça une puissante influence politique sous les règnes des empereus Calligua et Claude (ier s. de notre ère).

    2. Édition de Johannes Rhodius (Padoue, 1655, v. note [1], lettre 205).

  2. V. note [8], lettre 659.

  3. Mise en exergue du précepte hippocratique repris par Guy Patin : variante du Primum non nocere [En premier, ne pas nuire] ou Si non prosis, saltem non noceas [Si tu ne peux être utile, au moins ne sois pas nuisible] (v. note [29], lettre latine 98).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 23 novembre 1657, note 22.

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(Consulté le 24/04/2024)

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