Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 8 manuscrit, note 22.
Note [22]

Cet article, sur l’union des Habsbourg à la fin du xve s., en insistant sur la folie de la reine Jeanne, est certes mal construit ; mais il a le charme de refléter la conversation qui a servi à le rédiger : ses méandres, ses redites et ses quelques inexactitudes sont la rançon de son authenticité. Il se clôt sur trois références.

  1. « Voyez Paul Jove sur la folie de Jeanne, dans la Vie d’Adrien vi, page 238 » : v. note [27] du Borboniana 7 manuscrit pour la vie de ce pape flamand, écrite par Paul Jove dans le tome ii de ses Vitæ virorum illustrium [Vies des hommes illustres] (Bâle, 1577). La folie de Jeanne est mentionnée à la page 107 de cette édition, à l’occasion de la visite que Charles Quint fit à Tordesillas (v. seconde notule {d}, note [21] supra), dans la période où ce futur pape était son principal conseiller en Espagne :

    Hæc olim fuit Segisma Iulia, ubi regina Cæsaris mater a Philippi coniugis interitu mente commota, in lachrymis, desperatis medicinæ remediis, miserabilem vitam ducebat. Igitur eam uti reginam salutant, suadent ut munia reipublicæ suscipiat, et sese adversus externos præsides uti Ferdinandi regis filiam deceat, cuncta gubernet. Hæc omnia quum ipsa alacri animo se facturam diceret, et ex intervallo atræ bilis nonnunquam opportuna loqueretur, utpote quæ se Cæsaris matrem ac Ferdinandi filiam tenacissime meminisset, nequaquam tamen adduci potuit, ut libellis, et codicillis subscriberet, ita ut ea vecordi detrectatione, popularium consiliis magnum incommodum afferre crederetur.

    [C’était dans cette ville, jadis appelée Segisma Julia, que la reine, mère de l’empereur, l’esprit troublé par la mort de Philippe, son époux, traînait une misérable vie, dans les larmes, après avoir mis en échec les secours de la médecine. Saluant donc cette reine, ils lui conseillent de prendre en mains les rênes de l’État et de se mettre elle-même à la tête toutes les affaires, comme devrait faire la fille du roi Ferdinand, contre les souverains étrangers. Avec empressement, car il lui arrivait de tenir des propos raisonnables dans les rémissions de sa mélancolie, elle s’était dite disposée à faire tout cela, n’ayant en rien oublié qu’elle était la mère de l’empereur et la fille de Ferdinand. Néanmoins, elle ne put rien accomplir de cet engagement : quand elle avait signé des arrêts et des requêtes, elle les reniait bientôt de manière insensée, tant et si bien que les conseils des États {a} la tenaient pour une source de profond embarras].

  2. « voyez Mariana page 606 » : v. supra la première citation de la note [19].

  3. « voyez de Thou page 506 », Histoire universelle de Jacques-Auguste i de Thou, livre xvi, règne de Henri iii, année 1555 (Thou fr, volume 2, page 661), Mort de Jeanne d’Aragon, mère de Charles v :

    « Peu de temps auparavant, Jeanne d’Aragon, mère de l’empereur et de Ferdinand, était morte à Madrid. Après avoir autrefois contracté, depuis la mort de Philippe son époux, une maladie d’esprit causée par une jalousie, elle devint absolument folle. Depuis ce temps-là, ayant été renfermée dans une tour, où elle passait son temps à courir après des chats, elle parvint à une extrême vieillesse. Cette princesse conserva toujours les titres que lui donnaient les royaumes d’Espagne ; et pendant sa vie, elle les prit toujours conjointement avec son fils, dans tous les actes publics, soit de sa propre volonté, soit par une résolution des États. {a} L’empereur fit faire ses funérailles à Bruxelles, et Ferdinand à Augsbourg. Ce fut alors que l’empereur, ou touché de la mort de sa mère, ou dégoûté du monde par ses mauvais succès, voyant d’ailleurs ses infirmités augmenter de jour en jour, songea sérieusement à se retirer en Espagne. Philippe son fils l’était venu trouver d’Angleterre, après avoir été déchiré de toutes manières dans le royaume de la reine son épouse, par des libelles satiriques et injurieux qui tendaient à animer la nation contre les Espagnols, et à mettre la mésintelligence entre la reine et son mari. On fit une exacte recherche des auteurs de ces écrits, mais on ne put rien découvrir. » {b}


    1. Sans parler de leurs annexes (en Europe et aux Amériques), trois États principaux formaient alors les royaumes d’Espagne : l’Espagne elle-même (Castille et Aragon), les Pays-Bas, Naples.

    2. Son mariage avec Marie Tudor avait fait de Philippe, fils aîné de Charles Quint, le roi consort d’Angleterre, avant de devenir le roi Philippe ii d’Espagne (v. supra note [8]).

      V. note [39] du Grotiana 2 pour la double abdication de Charles Quint à Bruxelles en octobre 1555.

Je n’ai trouvé trace d’aucun prince de Tarente que la reine Jeanne de Castille eût désiré épouser : peut-être le Borboniana l’a-t-il ici confondue avec Jeanne ire, reine de Naples au xive s., dont le deuxième des quatre maris fut Louis, prince de Tarente. Guy Patin a néanmoins fait une remarque similaire dans sa lettre à André Falconet du 4 juin 1666, en disant que Charles Quint, « assez jeune encore, fit arrêter prisonnière sa propre mère de peur qu’elle ne se remariât et ce, par le conseil du plus rusé des princes de son temps, Henri vii, roi d’Angleterre » (v. sa note [8]).

V. note [8] supra pour Catherine d’Aragon, sœur de Jeanne et première épouse (en 1509) du roi Henri viii, après avoir été (en 1501) celle de son frère aîné, Artus ou Arthur Tudor, prince de Galles (mort à 15 ans en 1502, sans descendance). Le roi Henri vii fut ainsi le père des deux époux successifs de Catherine.

Imprimer cette note
Citer cette note
x
Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 8 manuscrit, note 22.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8209&cln=22

(Consulté le 16/04/2024)

Licence Creative Commons