À Charles Spon, le 3 septembre 1649, note 23.
Note [23]

Le château Trompette était une forteresse bâtie aux portes de Bordeaux par Charles vii sur l’emplacement d’un port médiéval auquel on donna le nom du ruisseau Tropeyte qui passait là. Les dommages que l’édifice subit durant la Fronde furent réparés en 1653-1655, mais il fut définitivement rasé en 1818, laissant place à l’esplanade des Quinconces.

Journal de la Fronde (volume i, fo 89 ro et vo) :

« De Bordeaux le 26 août. Le 23 du courant, le marquis de Sauvebœuf arriva en cette ville l’hui 3e. {a} Aussitôt on lui offrit le commandement de l’armée du parlement en qualité de général, lequel il n’a jamais voulu accepter, faisant espérer dans peu de temps l’arrivée d’un grand, sans le nommer, {b} à qui il dit que cette qualité est mieux due qu’à lui. Il a laissé 1 700 hommes au Pays entre les Deux Mers commandés par le marquis de Hautefort, lesquels viennent au secours de cette ville et doivent être suivis d’autres, que doit amener ce grand personnage qui doit remplir la charge de général. Le château Trompette tire incessamment sur la ville, mais depuis les terrasses qu’on y a élevées devant, tout le feu qui en vient ne fait ni mal, ni peur. L’on travaille fort à le prendre et pour cet effet l’on a abattu deux maisons sur les ruines desquelles l’on a dressé deux batteries qui ont commencé à faire merveilles et l’on a mis à sec le fossé pour le miner. D’ailleurs nous sommes assurés qu’il n’y a dans le château pour tous vivres que la farine que M. d’Argenson a fait mettre après le premier accommodement, et ainsi l’on espère d’en venir bientôt à bout. L’Isle-Saint-Georges {c} tient toujours bon et a jusqu’ici empêché qu’on ait fait des dégâts aux vignes. Hier il y eut un combat naval proche le Bec d’Ambès {d} où le vaisseau amiral de M. d’Épernon, commandé par le sieur de Montvielle, frère de M. Brisancier, fut pris par les nôtres ; mais le commandant se voyant pris, mit lui-même le feu aux poudres afin qu’on ne profitât pas de sa prise, et ensuite sauta dans un autre vaisseau et se sauva en désordre à Blaye {e} où les nôtres l’ont poursuivi. Cependant, l’on n’a pas laissé de prendre 46 pièces de canon de fonte verte et 4 000 boulets avec quantité de voiles qui étaient dans le vaisseau amiral, où il y avait aussi grand nombre de bombes qui ont été perdues. Depuis le commencement de cette guerre, l’on fait compte que le duc d’Épernon a perdu en diverses rencontres environ 800 hommes, et dans ce dernier combat y a perdu deux braves personnages qui sont le comte [blanc] et le marquis de La Serre Aubeterre, maréchal de camp. Quatre cents Bordelais se sont retranchés devant Cadillac, ce qui donne grande jalousie à M. le duc d’Épernon qui ne sait plus où faire camper ses troupes. Jamais il ne s’est vu plus d’union en cette ville. Aussitôt qu’on voit un homme suspect, on lui envoie un huissier avec ordre de sortir et ainsi, on le met dehors. »


  1. Il y a deux jours, v. note [5], lettre 307.

  2. Sans doute le duc de Beaufort.

  3. V. note [47], lettre 240.

  4. Confluent de la Garonne et de la Dordogne en aval de Bordeaux.

  5. Vers le nord.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 3 septembre 1649, note 23.

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(Consulté le 16/04/2024)

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