À Charles Spon, le 21 juin 1650, note 23.
Note [23]

C’était la suite (v. note [14], lettre 233) de la procédure engagée devant le Parlement pour l’enlèvement du duc de Richelieu par sa tante, la duchesse d’Aiguillon (Journal de la Fronde, volume i, fo 240 ro et vo, juin 1650) :

« Le 20, Mme de Richelieu {a} présenta sa requête par laquelle, après avoir représenté que Mme d’Aiguillon continuait ses violences et méprisait l’autorité du Parlement, n’ayant pas voulu souffrir que les commissaires exécutassent l’arrêt du 18, {b} elle demandait que cette duchesse fût contrainte par corps à représenter la personne de ce duc et le mettre en liberté ; mais il ne fut rien dit là-dessus jusqu’au lendemain 21, qu’il fût arrêté que Mme d’Aiguillon mettrait en liberté le duc de Richelieu dans ce jour-là, à peine de cent mille livres d’amende, et que les mêmes commissaires qui avaient été au Petit Luxembourg seraient députés à M. le duc d’Orléans pour lui donner part de cette résolution, laquelle ils arrêtèrent de ne point signer jusqu’à ce qu’ils auraient réponse de Son Altesse Royale là-dessus. Mme d’Aiguillon ayant été avertie, fut aussitôt trouver Sadite Altesse avec qui elle eut conférence particulière ; et ensuite, MM. Doujat et Ménardeau y étant allé, Son Altesse Royale leur dit qu’elle leur rendrait réponse à quatre heures après midi. Cependant le Conseil s’étant tenu dans le palais d’Orléans, il fut arrêté que, Messieurs du Parlement s’étant comportés dans cette conjoncture avec modération, les parties viendraient en personne au Conseil pour être ouïes et que cependant, {c} les choses demeureraient en état qu’elles étaient. Sur cela, Mme d’Aiguillon ayant été mandée la première dans ledit palais avec le duc de Richelieu, qu’elle fit passer par le jardin, et ayant été ouïs, Mme de Richelieu vint ensuite accompagnée de quantité de braves parents et amis de sa Maison ; après quoi il fut résolu par le Conseil que le duc de Richelieu serait mis en dépôt entre les mains de M. de La Frète, capitaine des gardes de Son Altesse Royale, à la maison duquel il fut mené, et Messieurs du Parlement l’y allèrent interroger sur son enlèvement ; à quoi il répondit qu’il n’avait point été enlevé et que Madame sa tante l’ayant été trouver au bourg de La Chapelle, il lui avait donné la main et il était entré en carrosse avec elle pour s’en revenir ; et que depuis, il n’avait pas eu la liberté de sortir de la maison de sa tante ; et que, quant à son mariage, il le croyait bon et qu’il voulait sa femme. M. du Coudray-Montpensier, parent de celle-ci, l’étant allé voir peu après, il le pria d’assurer sa femme qu’elle ne se mît point en peine de cette affaire et qu’il ne la répudierait jamais. Depuis, elle et Mme d’Aiguillon le vont voir chacune à son tour quand bon leur semble, et MM. de Miossens, de Vigean et de Fors dînèrent avant-hier {d} avec lui. M. de La Frète le laissa promener hier au soir dans le jardin du palais d’Orléans, le faisant bien garder. »


  1. Anne de Pons, épouse du duc.

  2. L’obligeant à leur permettre d’interroger son neveu.

  3. En attendant.

  4. 22 juin.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 21 juin 1650, note 23.

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(Consulté le 25/04/2024)

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