Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : ii, note 25.
Note [25]

Cornelius Gemma (Louvain 1535-ibid. 1577), professeur de médecine à Louvain, s’est intéressé à tous les savoirs de son temps ; il est surtout connu pour ses travaux astronomiques et astrologiques. Guy Patin pouvait ici vouloir parler de l’Historia mirabilis ab assumpto antimonio [Observation merveilleuse résultant de la prise d’antimoine] qui se lit à la page 239, livre ii, de ses De Naturæ divinis characterismis ; seu raris et admirandis spectaculis, causis, indiciis, proprietatibus rerum in partibus singulis universi, Libri ii [Deux livres sur les caractérismes (signatures, v. note [5], lettre 340) divins de la Nature, ou les rares et admirables merveilles, les causes, signes et propriétés des choses dans chacune des parties de l’Univers] (Anvers, Christophe Plantin, 1575, in‑8o) :

Medicus Anglus ex Paracelsistico genere, alioqui in arte chymica valde insignis, hoc morbi genere primum correptus cum uxore, tum huic tum sibi porrexit antimonium præparatum ut vocant. Illa quidem celeriter in maniam fortissimam versa vitam morte commutavit : hic autem primo conquestus insomnia, vigiliasque continuas, a dejectione non pauca ante septimum diem in delyrium venit, (quod et ille in proximo esse satis præsenserat, et mihi præsenti quæstus fuerat, quanquam suadenti, ut ad frigida et humectantia tempestive se converteret, fidem habere non potuit) a delyrio statim ut præsagivimus factus est epilepticus : ex epilepsia in comma lethargicum venit, cui quid apoplecticum misceretur. Eo sopore detentus per triduum rursus ad insaniam rediit, horrendoque furore agitatus, non multo post expiravit, et a communi lecto communem uxori tumulum est ingressus.

Cette sorte de maladie {a} se déclara chez un médecin anglais et son épouse. Appartenant à la secte paracelsiste et de très haute réputation en l’art chimique, il administra à sa femme ce qu’on appelle de l’antimoine préparé, puis en prit lui-même. Elle passa rapidement de vie à trépas, après avoir été plongée dans une folie très furieuse. Lui, cependant, se plaignit d’abord d’insomnie et de veilles perpétuelles, avec d’abondantes déjections ; puis, avant le septième jour, il tomba dans un délire (le sentant s’installer, il m’avait fait appeler, mais il ne sut pas m’accorder sa confiance quand je voulus le persuader de recourir alors aux remèdes rafraîchissants et humectants). Du délire, il sombra bientôt dans l’épilepsie, comme nous l’avions présagé ; puis de l’épilepsie, dans un coma léthargique, auquel se mêlait quelque chose d’apoplectique. Cette stupeur l’ayant saisi pendant trois jours, il retomba dans la folie, secoué par une fureur horrifiante, et mourut peu après ; et ayant partagé son lit avec sa femme, il l’a rejointe au tombeau]. {b}


  1. Une fièvre hémitritiée (demi-tierce). Une typhoïde (v. note [1], lettre 717) est l’un des diagnostics envisageables.

  2. Jean de Renou a transcrit cette terrifiante histoire dans son Discours très docte… (Lyon, 1637) : v. note [55], lettre 211.

V. note [40], sur la triade 77 du Borboniana manuscrit pour un autre ouvrage de Gemma qui illustre ses autres intérêts, pour l’astronomie et la philosophie.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : ii, note 25.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8155&cln=25

(Consulté le 18/04/2024)

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