Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 3 manuscrit, note 25.
Note [25]

« Voyez les Poemata de Buchanan, édition de Saumur, page 146 de la 2e partie. »

John Hamilton (Johannes Hamiltonius ou Hamiltonus, 1512-1571) était le fils illégitime de l’homonyme premier duc d’Arran. Après avoir étudié à Paris, le jeune homme se fit moine bénédictin et fut bientôt nommé abbé de l’abbaye de Paisley (Écosse). En 1545, il devint archevêque de Saint-Andrews grâce à la puissante influence de son demi-frère, James, 2e duc d’Arran et régent de la Couronne écossaise. Bien que sa maîtresse lui eût donné six enfants, le prélat se fit le défenseur acharné du catholicisme et de Marie Stuart contre le parti protestant écossais. Impliqué dans l’assassinat de Henry Stuart, {a} roi consort d’Écosse et père de Jacques vi (futur roi Jacques ier de Grande-Bretagne), Hamilton périt sur le gibet.

Les deux épitaphes citées figurent à la page indiquée (146), et à la suivante, du second tome des :

Georgii Buchanani Scoti, poetarum sui sæculi facile principis, poemata quæ supersunt omnia, in tres partes divisa, multo quam antehac emendatiora

[Tous les poèmes qui subsistent de George Buchanan, {b} Écossais, de loin le premier des poètes de son siècle ; distribués en trois parties et bien mieux corrigés que précédemment]. {c}


  1. Lord Darnley, v. notes [32], lettre 554, et [39] du Naudæana 3.

  2. V. note [11], lettre 65

  3. Saumur, Cl. Girardus, Dan. Lerpinerius et Ioan. Burellus, 1621, in‑12 de 374 pages

Buchanan y déchaîne sa haine de Marie Stuart et de ses partisans.

  1. Ioanni Hamiltono fani Andreæ Archiepiscopo.

    Prostibulum plebis miseræ, lupa publica mater,
    Fecit ut incerto de genitore fores.
    Vix tandem inventus prolis cupidusque et egenus,
    Qui te progeniem diceret esse suam.
    Sed generis mansere notæ, mens subdola, fallax
    Lingua, animus gaudens sanguine, dextra rapax,
    Luxuries parti male peius prodiga, fornix
    Pro thalamo, nummus numinis instar erat.
    Adiunxti his vitiis naturæ plurima sponte,
    Dignus Hamiltona dum cupis esse domo.
    Stemmate sed falso nihil a te dignius actum est,
    In cruce quam laqueo quod tua colla dares
    .

    [À John Hamilton, archevêque de Saint-Andrews.

    Pour la misère du peuple, une prostituée, ta fille publique {a} de mère, te fit naître d’un géniteur incertain. Puis enfin, il s’est trouvé un homme sans enfant et désireux d’en avoir, pour dire qu’il était ton père. Mais t’en sont restées les marques de cette ascendance : intelligence fourbe, langue perfide, complaisance à faire couler le sang, main voleuse, volupté prodigue à engendrer les pires méfaits, bordel pour chambre à coucher, et argent pour unique dieu. À ces vices de ta nature, tu en as sciemment ajouté quantité d’autres, et tu désires maintenant être digne de la Maison des Hamilton. Pour la généalogie dont tu te targues faussement, rien n’est plus digne de ce que tu as fait que de donner ton cou à la corde qui pend devant la croix]. {b}


    1. Lupa, la « louve », est en latin (et particulièrement pour Buchanan) synonyme de putain : v. note [6], lettre 580.

    2. Hamilton a fini pendu au pied de la mercat cross [nom écossais de la market cross, « croix du marché »] de Stirling le 6 avril 1571.

  2. Eidem.

    Corpus Hamiltoni jacet hac antistitis urna :
    Impurus lassat spiritus Eumenidas.
    Prodigio tandem respirat libera tellus,
    Ad stygium gaudet noxia turba lacum :
    Dum totus ruit in pœnas unius Avernus,
    Stat rota, nec Phlegyas flagra, facesque timet.
    Sisyphus in saxo sedet, haurit Tantalus undam,
    Et Tityi, lasso vulture, fibra jacet.
    Quæ multis cæso quæsita est gloria, monstro,
    Iure suo hanc propriam crux, laqueusque tulit.
    Exitus ut justus, sic justa iniusta fuerunt,
    Corpore sacrilego quod caruere canes
    .

    [Au même.

    En cette urne de prélat gît le corps d’Hamilton : son esprit impur fatigue désormais les Furies ; {a} enfin libérée, la terre se repose de ce monstre, la foule se réjouit d’expédier ses méfaits dans les eaux du Styx, les enfers tout entiers se ruent pour ne plus tourmenter qu’un seul homme : la roue s’arrête et Phlégyas ne craint plus ni fouet ni torches ; {b} Sisyphe s’assied sur son rocher ; {c} Tantale se gorge d’eau ; {d} et le foie de Tityos se repose, le vautour étant enfin lassé de le dévorer. {e} Cette gloire que le monstre s’est acquise en massacrant tant de gens, la croix et son gibet l’ont emportée proprement et comme il méritait. Sa fin fut aussi juste que sa justice fut injuste, pussent les chiens s’être chargés de son cadavre impie].


    1. V. note [8], lettre latine de Reiner von Neuhaus, datée du 1er août 1669.

    2. Dans le mythe, Phlégyas, fils de Mars, avait incendié le temple de Delphes pour se venger d’Apollon qui avait séduit et engrossé sa fille Coronis. Les dieux le punirent en le jetant dans le Tartare (aux enfers), « où il est dans une continuelle appréhension de la chute d’un rocher qui lui pend sur la tête » (Fr. Noël). Buchanan le confondait ici avec Ixion, fils de Phlégyas : ayant effrontément demandé la main de Junon à Jupiter, son père, le dieu des dieux, l’expédia aussi aux enfers « où Mercure, par son ordre, alla l’attacher à une roue environnée de serpents, qui devait tourner sans relâche » (ibid.).

    3. Fils d’Éole, Sisyphe « régna à Corinthe. Les poètes le mettent dans les enfers et le condamnent à un supplice particulier, qui consiste à rouler incessamment une grosse roche au haut d’une montagne, d’où elle retombe aussitôt par son propre poids, et il est obligé sur-le-champ de la remonter par un travail qui ne lui donne aucune relâche ; On donne plusieurs raisons de ce supplice » (ibid.).

    4. Lors d’un banquet, Tantale, fils de Jupiter et roi de Lydie (v. note [91] du Faux Patiniana II‑7), avait servi aux dieux un plat composé des membres de son fils Pélops. Les poètes ont conté sa punition en le peignant « consumé d’une soif brûlante, au milieu d’un étang dont l’eau sans cesse échappe à ses lèvres desséchées, et dévoré par la faim sous des arbres dont un vent jaloux élève les fruits jusqu’aux nues, chaque fois que sa main tente de les cueillir » (Fr. Noël).

    5. Fils de la Terre, Tityos avait eu l’insolence de vouloir attenter à l’honneur de Latone (v. note [34] de Guy Patin éditeur des Opera omnia d’André Du Laurens en 1628). Il « fut tué par Apollon et par Diane, à coups de flèches, et précipité dans le Tartare : là, un insatiable vautour, attaché sur sa poitrine, lui dévore sans cesse le foie et les entrailles, qui renaissent éternellement pour son supplice » (Fr. Noël).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 3 manuscrit, note 25.

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(Consulté le 19/04/2024)

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