À Jan van Beverwijk, le 19 juillet 1640, note 26.
Note [26]

Thalès de Milet, philosophe et savant grec du vie s. av. J.‑C., doit aujourd’hui sa célébrité au théorème de trigonométrie qu’on lui a attribué.

Dans son Montanus, Jan van Beverwijk s’associe aux détracteurs de Montaigne en réfutant l’éloge de Juste Lipse à son sujet (4e page de la lettre à Crucius, v. supra note [25], notule {b}) :

Equidem quamvis mihi tantum non arrogem, ut de scriptis eius judicium (quod ille in aliis sibi sumit liberrimum) ferre ausim : animadverti tamen iis inesse, quod de medicamentis Ægypti dicebat Homerus,

Πολλα μεν εσθλα μεμιγμενα πολλα δε λυγρα,
Pharmacia multa quidem bona mista, et noxia multa :

ita ut non mereatur ubique cum clarissimo Lipsio Gallicus dici Thales, aut septem Græciæ Sapientibus annumerari.

[Quant à moi, sans avoir l’arrogance d’oser porter un jugement sur ses écrits (comme lui se l’est très librement permis sur ceux des autres), j’ai pourtant remarqué que s’y trouvait ce qu’Homère a dit des médicaments de l’Égypte :

« Il s’y mêle assurément quantité de substances bienfaisantes et quantité de nocives » ; {a}

si bien qu’il ne mérite pas partout d’être appelé Thalès, comme a fait Juste Lipse, {b} et d’être compté parmi les sept Sages de la Grèce]. {c}


  1. L’Odyssée, v. note [17], lettre 17.

  2. Juste Lipse (v. note [8], lettre 36), Epistolarum selectarum Chilias [Millier de lettres choisies] (Avignon, 1609, v. note [12], lettre 271), lettre xliii, centurie i, page 47, datée de Leyde le 25 mai 1583, adressée à Theodorus Leewius {i} à La Haye :

    Plantinus nunc adest, serio a me monitus de Thalete illo Gallico, serio ad suos iterum scripsit : et illi responderunt iam Lutetia se petiise, apud nos scilicet sapientia illa non habitat.

    [Plantin {ii} est ici présentement, j’ai sérieusement rappelé ce Thalès français {iii} à son bon souvenir, et il a sérieusement écrit à ses associés ; ils lui ont répondu l’avoir déjà demandé à Paris. Pareille sagesse ne nous est pas coutumière]. {iv}

    1. V. note [7] des Triades du Borboniana manuscrit.

      Les indications fournies par Charles Nisard (note 19, page 12) et par Hervé Baudry (v. supra note [25]) m’ont aidé à trouver cette lettre.

    2. L’imprimeur anversois Christophe Plantin (mort en 1589, v. note [8], lettre 91).

    3. Note marginale de Lipse, à propos des Essais de Montaigne (mort en 1592) :

      Ita indigitavi Michaelis Montani librum Gallicum titulo : probrum, sapientem, et valde ad meum gustum.

      [Ainsi invoquai-je le titre du livre français de Michel de Montaigne : honnête, sage et tout à fait à mon goût].

    4. V. note [30], lettre 293. En dépit de cette louable diligence, je n’ai pas trouvé d’édition plantinienne des Essais.

  3. V. notule {e}, note [24] du Borboniana 9 manuscrit pour les sept Sages de Grèce antique dont Thalès est aujourd’hui le plus célèbre.

Beverwicjk montrait moins de retenue encore dans la conclusion de sa lettre à Crucius :

Præcipua Montani refellere conati sumus, reliqua fere vel vulgi et poetarum in malos medicos calumniæ, vel servorum in comœdiis dicteria ; pleraque certe nec Thalete digna, nec nostra refutatione.

[Nous avons entrepris de démentir les préceptes de Montaigne, en laissant presque entièrement de côté les calomnies du public et des poètes sur les mauvais médecins, comme n’ayant guère plus de valeur que les sarcasmes des esclaves dans les comédies ; la plupart n’étant dignes ni de Thalès, ni de notre réfutation].

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Jan van Beverwijk, le 19 juillet 1640, note 26.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1037&cln=26

(Consulté le 19/04/2024)

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