Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 6 manuscrit, note 26.
Note [26]

Lucain, La Pharsale {a} (livre v, vers 574‑593) : en 48 s. av. J.‑C., au début de sa guerre contre Pompée, Jules César campe avec sa petite armée sur la côte d’Épire (actuelle Albanie), attendant les renforts que Marc-Antoine doit amener d’Italie. {b} Une nuit, tenaillé par l’impatience, César décide de traverser l’Adriatique pour convaincre Antoine de se mettre en route ; seul et en cachette, il réveille un marin nommé Amyclas, qui dort dans sa cabane ; en lui promettant la fortune, il le convainc de l’emmener sur sa barque, en dépit du vent et des flots déchaînés, qui mettent l’embarcation en grand péril de sombrer ; effrayé, Amyclas dit à César :

« “ ‘ La traversée est sans espoir, le seul recours est de rebrousser chemin. Me permets-tu de regagner le rivage d’où nous sommes partis, de crainte d’en être bientôt trop éloigné ? ’ Confiant en sa capacité à dominer tous les périls, César répond : ‘ Méprise les menaces de la mer et livre ta voile au vent déchaîné. Si le ciel t’en dissuade, moi je veux gagner l’Italie. Ta peur n’a qu’une excuse : tu ignores qui tu conduis. C’est un homme que les dieux n’abandonnent jamais, et qui punit la Fortune {c} quand elle n’obéit pas à ses vœux. Force notre passage dans la tempête avec assurance, je te protège. Le tourment du ciel et du détroit n’atteint pas notre barque car elle porte César, et ce fardeau la prémunira de la tempête. La fureur des vents ne durera guère. Notre barque calmera la mer. Ne change pas de cap. Dirige ta voile pour t’écarter du proche littoral. Persuade-toi que gagner un port de Calabre est notre seul espoir possible car notre bateau ne pourra atteindre un autre rivage. Ignores-tu la cause d’un tel carnage ? En déchaînant le ciel et la mer, la Fortune cherche à l’emporter sur moi. ’ Etc. ”
(Vers 593, livre v). » {d}


  1. V. note [33], lettre 104

  2. V. notes [1], lettre 101, pour Pompée, et [9], lettre 655, pour Marc-Antoine.

  3. V. note [9], lettre 138.

  4. La tempête redouble alors. La barque va sombrer, mais une vague salutaire la rejette sur une plage d’Épire. César est sain et sauf, mais la Fortune a gagné le combat. On peut malgré tout le dire « heureux » (chanceux, v. note [14] du Borboniana 5 manuscrit).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 6 manuscrit, note 26.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8207&cln=26

(Consulté le 28/03/2024)

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