Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 7 manuscrit, note 26.
Note [26]

« Ci-gît Adrien vi, qui n’a rien fait de plus malheureux en sa vie que de gouverner. »

  • Adriaan Florizoon Boeyens ou (plus noblement) Dedel (Utrecht 1459-Rome 1523), élu pape sous le nom d’Adrien vi, a eu un pontificat court : élu le 9 janvier 1522, alors qu’il était occupé en Espagne par ses hautes fonctions politiques, il ne prit possession de son siège que le 31 août suivant, et mourut un an plus tard, le 14 septembre 1523. Sa personnalité et son règne n’en ont pas moins laissé une profonde trace dans l’histoire de la chrétienté car il fut le premier et le seul pontife à porter un intérêt bienveillant à l’éclosion de la Réforme, fondée par Martin Luther en 1517 à Wittemberg (v. note [48] du Borboniana 5 manuscrit).

    D’origine modeste, Boeyens débuta comme étudiant puis comme professeur de théologie à Louvain, où Érasme fut l’un de ses élèves. En 1510, pour ses éminentes qualités, l’empereur Maximilien ier le nomma précepteur de son petit-fils, le futur Charles Quint, qui résidait alors à Gand. En 1515, le maître pédagogue quitta la Flandre pour l’Espagne, en vue de préparer l’avènement de son élève sur le trône de Castille, en 1516. Nommé la même année cardinal et évêque de Tortosa (dans la province espagnole de Tarragone), Boeyens resta aux côtés de Charles Quint, comme l’un de ses premiers conseillers et régent du royaume durant les longues et multiples absences du souverain. Il ne siégeait pas au conclave de 1522 qui le désigna néanmoins (sans doute sous l’influence de l’empereur) successeur du pape Léon x (v. note [7], lettre 205).

    Adrien vi consacra son pontificat à dénoncer et à condamner les vices de l’Église romaine, dans la droite ligne des reproches que Luther entreprenait alors de formuler à son encontre. La rigueur et la maladresse de ce pape lucide lui valurent de très nombreux ennemis qui l’accusèrent d’adhérer à la nouvelle hérésie, dont il entendait tirer des leçons pour réformer le Clergé. Il mourut dans la détestation générale et ses volontés ne furent en rien suivies d’effet (v. infra note [27]). Aucun pape autre qu’italien ne fut plus élu jusqu’au Polonais Jean-Paul ii (1978-2005). Néanmoins, l’histoire de la chrétienté aurait pu suivre un cours très différent si les enseignements d’Adrien vi y avaient rencontré plus d’écho : pour des raisons opposées, mais convergentes, catholiques et protestants le honnirent également, étant donné le danger qu’il représentait à leurs yeux. C’est pourquoi Bayle lui a consacré un fort long article (tome 2, pages 671‑677).

  • Gulielmus Euchanordius (Willem van Enckenvoirt, Utrecht 1464-Rome 1534) avait étudié à la toute nouvelle Université Sapienza de Rome, puis était entré dans le giron de la cour pontificale en 1495, pour y mener une brillante carrière politique et diplomatique. En 1523, Adrien vi, son compatriote et ami, l’avait nommé évêque de Tortosa et cardinal.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 7 manuscrit, note 26.

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(Consulté le 28/03/2024)

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