À Charles Spon, le 8 janvier 1650, note 27.
Note [27]

« Le cordonnier se mêle de ce qui est au-dessus de la sandale. »

Ne sutor supra crepidam [Cordonnier, pas meilleur qu’une sandale] est un proverbe tiré de Pline (Histoire naturelle, livre xxxv, chapitre xxxvi, § 22 ; Littré Pli, volume 2, page 476), à propos du peintre Apelle de Cos (v. note [14], lettre 140), pour dire « à chacun son métier… » :

Idem perfecta opera proponebat in pergula transeuntibus, atque ipse post tabulam latens, vitia quæ notarentur auscultabat, vulgum diligentiorem judicem, quam se præferens : feruntque a sutore reprehensum, quod in crepidis una intus pauciores fecisset ansas : eodem postero die, superbo emendatione pristinæ admonitionis, cavillante circa crus, indignatum prospexisse, denuntiantem, ne supra crepidam sutor judicaret, quod et ipsum in proverbium venit.

« Quand Apelle avait fini un tableau, il l’exposait sur un tréteau à la vue des passants et se tenant caché derrière, il écoutait les critiques qu’on en faisait, préférant le jugement du public, comme plus exact que le sien. On rapporte qu’il fut repris par un cordonnier pour avoir mis à la chaussure une anse de moins en dedans. Le lendemain, le même cordonnier, tout fier de voir le succès de sa remarque de la veille et le défaut corrigé, se mit à critiquer le dessin de la jambe. Apelle, indigné, se montra, s’écriant qu’un cordonnier n’avait rien à voir au-dessus de la chaussure ; ce qui est même passé est proverbe. »

Érasme en a fait son adage no 516, avec notamment ce commentaire : « Que nul ne se mette à juger des choses qui sont étrangères à son savoir-faire et à sa profession. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 8 janvier 1650, note 27.

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(Consulté le 28/03/2024)

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