À Charles Spon, le 17 août 1655, note 27.
Note [27]

Histoire de deux monstres nouvellement vus à Paris. Le premier est d’un corps humain qui fut trouvé il y a quelque temps par Monsieur Peu, {a} chirurgien juré de robe longue : L’autre est d’une brute qui a été depuis peu rencontrée par Messieurs Rochette, apothicaire du roi, et Rousseau, chirurgien. Avec les figures qui les représentent au naturel et un récit véritable de tout ce qui a été remarqué en l’anatomie qui en a été faite. {b}


  1. Philippe Peu (Liste funèbre des chirurgiens de Paris…, page 198) :

    « né à Paris, ancien prévôt et ancien chirurgien de l’Hôtel-Dieu, s’était donné tout entier à la pratique des accoucheents. Il donna ensuite son volume d’observations sur cette pratique, écrit avec beaucoup d’ordre et d’élégance ; {i} et le succès qu’il eut dans ses opérations le fit regarder comme un des plus habiles accoucheurs de son temps. Il mourut le 10 février de l’année 1707. Il laissa un fils unique, docteur de la Maison de Sorbonne, chanoine et théologal de Chartres. »

    1. La Pratique des accouchements. Par M. Peu, maître chirurgien, et ancien prévôt et garde des maîtres chirurgiens jurés de Paris (Paris, Jean Boudot, 1694, in‑8o de 613 pages avec annexes).
  2. Paris, Edme Martin, 1655, in‑4o illustré de 24 pages, dédié « À Mr [Antoine] Vallot, seigneur de Magnan, conseiller du roi en ses conseils d’État et privé, et premier médecin de Sa Majesté » par P. Peu, J. Rousseau et M. Rochette.

Les deux observations sont intiulées :

  1. Histoire d’un animal monstrueux apporté à Paris le 13e de juin 1655, ayant deux têtes, six pieds, deux queues et le ventre sur le dos, avec trois figures représentant deux veaux soudés par le train arrière, en vie et sur la table de dissection ;

  2. Histoire d’un monstre humain ayant deux têtes, né à Paris en l’année 1650, avec deux figures montrant un fœtus féminin bicéphale (jumelles conjointes, autrement dites siamoises) de face et tier, et de dos, disséqué avec ouverture le long de la colonne vertébrale.

    On y lit (pages 17‑19) :

    « Je ne crois pas que l’on trouve étrange que nous ayons mis ce monstre humain en suite de celui d’une brute, quand on saura que nous ne les avons pas placés ici selon l’ordre de dignité, mais dans le rang qu’ils nous ont été présentés, car ayant achevé notre premier discours, Monsieur Peu, chirurgien juré de robe longue, fit voir chez Monsieur Cattier, {a} médecin du roi, en la présence de plusieurs personnes, un monstre humain qu’il a embaumé et conservé avec un grand soin depuis quelques années, lequel est digne d’admiration et mérite bien de n’être pas enseveli dans l’oubli comme ont été plusieurs autres choses mémorables, faute de les avoir rédigées par écrit. Le récit qu’il nous en a fait est tel : il y a quelque temps qu’une femme âgée de trente-cinq ans ou environ accoucha à sept mois d’un enfant difforme et monstrueux qui fut porté à l’Hôtel-Dieu de Paris, où Monsieur Peu demeurait alors et pansait les malades ; lequel il obtint avec beaucoup de peine de quelques-uns des Messieurs les administrateurs, tant du spirituel que du temporel. Quant à l’extérieur, ce monstre a deux têtes égales, l’une à côté de l’autre, posées sur deux cous, et néanmoins n’a qu’un corps auquel sont attachés deux bras et deux mains, deux jambes et deux pieds seulement. […] Les yeux sont semblables à ceux d’un lièvre, le nez à celui d’un hibou, les joues à celles d’une guenon, et les oreilles sont doubles et ressemblantes à celles d’un singe. […] L’épine du dos est double, à laquelle néanmoins ne sont attachées que vingt-quatre côtes. {b} À l’extrémité des deux épines sont deux coccyx qui se terminent jusqu’au col de la matrice. Ce monstre pour lors fut vu de plusieurs personnes de grande condition, entre autres de Monsieur le premier président, maintenant garde des sceaux, de Monsieur le président Le Bailleul, {c} et de plusieurs médecins et chirurgiens de la ville de Paris. »


    1. V. note [11], lettre 351, pour Isaac Cattier.

    2. Soit les 12 paires ordinaires à un tronc unique.

    3. V. notes [52], lettre 101, pour Mathieu i Molé, premier président du Parlement de paris, et [23], lettre 293, pour Louis Le Bailleul, président à mortier au même Parlement.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 17 août 1655, note 27.

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(Consulté le 19/04/2024)

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