À Charles Spon, le 5 juin 1663, note 27.
Note [27]

Apologie pour les médecins, contre ceux qui les accusent de déférer trop à la Nature, et de n’avoir point de religion. Par le Sieur Lussauld, {a} conseiller et médecin ordinaire du roi. {b}


  1. Charles Lussauld, v. note [48], lettre 152.

  2. Paris, Pierre Rocolet, 1663, in‑12 de 187 pages.

Ce livre a été réédité, revu, corrigé, augmenté de notes et d’une préface historique (de 144 pages), par P.J. Amoreux, médecin de Montpellier (Montpellier, Sevalle, 1816, in‑8o de 280 pages), « pour venir à l’appui des raisons et des preuves de Lussauld, et leur donner plus d’extension » ; Préface (pages 5‑7) :

« Nous verrons que Lussauld compare l’accusation {a} que l’on fait aux médecins à celle que les Abdéritains {b} faisaient à Démocrite parce que ce philosophe avait des sentiments qui n’étaient pas conformes aux leurs et qu’il ne raisonnait pas, à beaucoup près, comme eux. Hippocrate qui avait été mandé pour le guérir de sa prétendue folie, l’ayant examiné, interrogé, prononça qu’il était fort sage et doué d’une force d’esprit admirable, etc. {c} Il en est de même, dit Lussauld, de l’accusation faite contre les médecins : si la source d’où elle procède est bien connue, on confessera que, bien loin que les médecins puissent être athées et que ce qu’ils attribuent à la nature soit au préjudice de son auteur, au contraire, il n’y a profession au monde qui nous conduise mieux à la connaissance de la divinité. C’est ce que l’auteur a fort bien prouvé en divisant son ouvrage en deux parties. Dans la première, il montre que les médecins ont été conduits à la connaissance de Dieu, 1o par la vue des choses naturelles et par leur dépendance ; 2o en considérant la succession des choses vivantes et le moyen de leur génération, principalement celle de l’homme, et à ce sujet, il remonte jusqu’à l’établissement de la nature et de ses lois ; en troisième lieu, par l’inspection du corps humain qui est le propre sujet de la médecine ; 4o enfin, cet auteur prouve que, par la connaissance des maladies et par leur guérison, les médecins ont connu, non seulement qu’il y avait un Dieu, mais aussi qu’il y agissait.

Dans la seconde partie de son traité, Lussauld découvre la source de ce dire : Que les médecins n’ont point de religion et qu’ils défèrent trop à la nature, ce qui, selon lui, ne provient que des préjugés ; d’où il conclut tout le contraire de l’accusation intentée par le peuple (pourquoi ne dirions-nous pas aussi par les gens du monde ?) contre les médecins. Lussauld se rend fort de ce que les médecins de tous les temps, tant juifs que païens, tant chrétiens que mahométans, ont eu recours à Dieu dans le traitement de leurs malades. Notre auteur a fort bien dit que les médecins, qui étudient l’économie du corps humain, ne peuvent que reconnaître la divinité dans cette œuvre : ce qui est prouvé aussi par le cours des maladies et par leur guérison méthodique. »


  1. Accusation d’impiété.

  2. Habitants d’Abdère, en Thrace (v. note [23], lettre 197), dont l’Antiquité a rendu la stupidité proverbiale.

  3. V. note [9], lettre 455, pour cette anecdote sur Hippocrate et Démocrite.

V. notes [38], lettre 292, pour la Morale chrétienne de Moïse Amyraut (Saumur, 1652), et [4], lettre 755, sur ce que Lussauld y trouvait à redire (avec une analyse détaillée de son livre).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 5 juin 1663, note 27.

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(Consulté le 28/03/2024)

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