À Charles Spon, le 17 octobre 1653, note 28.
Note [28]

Après avoir mis fin aux opérations militaires de la Fronde, il fallait empêcher les derniers brandons condéens de se rallumer, rétablir l’ordre dans le royaume en brisant les complots et en enrayant les presses à libelles séditieux. Mazarin en chargea les frères Fouquet, Basile, l’abbé de Barbeau, chef de sa police, et Nicolas, le dévoué surintendant des finances et procureur général.

grand maître des Eaux et Forêts en Bourgogne, Christophe Bertaut avait été arrêté le 31 mai sous un chef plus grave, un attentat fomenté contre Mazarin avec deux complices, Jean Ricous, espion condéen très actif appartenant à l’entourage domestique de Mme de Châtillon, et un dénommé Du Chesne. Le procès fit aussi apparaître que Du Chesne et Ricous avaient participé à l’affaire des portraits du ministre pendu en effigie le 4 novembre 1650 (v. note [32], lettre 248) et que Ricous avait été l’un des incendiaires de l’Hôtel de Ville de Paris le 4 juillet 1652 (v. note [3], lettre 292). Du Chesne échappa au bourreau et fut envoyé aux galères (Pernot, page 348). En bon exécutant soucieux des détails, l’abbé Fouquet adressait une lettre à Mazarin le soir même de l’exécution : « Il serait bon que Votre Éminence fît écrire un mot de remerciement à MM. le Chancelier, garde des sceaux, aux rapporteurs et à M. de Breteuil, et que ce dernier fût chargé de voir tous les autres juges de sa part en qualité d’homme du roi à la Chambre » (cité par Chéruel, tome premier, page 247).

La Gazette, ordinaire no 130, du 18 octobre 1653 (pages 1051‑1052) :

« De Paris, le 18 octobre 1653. L’onzième du courant, la Chambre de justice établie à l’Arsenal, après avoir instruit durant un mois le procès criminel des nommés Berthaut et Ricous, sur les procédures commencées par les lieutenants civil et criminel, déclara par son jugement souverain ces accusés atteints et convaincus du crime de lèse-majesté, pour avoir depuis la dernière déclaration d’amnistie vérifiée au Parlement, entretenu des intelligences et correspondances avec les ennemis de la Couronne, leur avoir donné des avis importants afin d’empêcher l’exécution des desseins et entreprises du roi, découvert ses Conseils, fait des menées et des cabales en cette ville au préjudice de son service, et pour favoriser le progrès des armes et des pratiques des ennemis, traité injurieusement dans leurs lettres les personnes royales, et fait des conspirations horribles à prix d’argent contre la vie des principaux ministres. Pour réparation de tous lesquels crimes d’État, cette Chambre les condamna à être rompus vifs, et pour tirer la connaissance de leurs complices, appliqués à la question {a} avant l’exécution, qui fut faite le même jour devant l’église Sainte-Marie près de la Bastille. Mais la peine décernée à ces coupables fut néanmoins modérée et adoucie par la même Chambre, qui ordonna qu’ils seraient étranglés avant que de recevoir aucun coup ; ce qui fait connaître qu’elle ne se porte pas à la dernière sévérité que mérite ce monstre de crimes, dont voici la première punition qui ait été exécutée depuis la mort du feu roi, {b} et que la justice de Sa Majesté a été obligée d’ordonner, puisque sa clémence, au lieu de ramener les malheureux esprits dans leur devoir, n’a fait au contraire que les confirmer dans leur malice et rendre plus hardis d’entreprendre contre l’État, sous l’assurance de l’impunité qu’ils se promettaient ; afin de montrer par cet exemple que, comme Sadite Majesté veut bien oublier tout ce qui s’est passé contre son service avant l’amnistie que sa bonté a accordée, et qu’il n’en soit fait aucune recherche à l’égard de ceux qui se sont remis dans l’obéissance et demeurent dans leur devoir de vrais sujets, elle désire aussi que ceux qui continuent dans une conduite de vrais ennemis de son royaume soient punis avec toute la rigueur ordonnée par les lois de l’État. En suite de cette exécution, le sieur Des Coutures a été emprisonné dans la Bastille, en vertu d’un décret de prise de corps décerné par la même Chambre, sur les charges qui se sont trouvées dans le procès de ces criminels, d’avoir pareillement depuis l’amnistie tramé des intelligences avec ceux qui s’intéressent dans les affaires des ennemis. »


  1. V. seconde notule {d}, note [2] du Borboniana 10 manuscrit.

  2. Louis xiii.

Je n’ai rien trouvé sur le Joli que nommait ici Guy Patin.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 17 octobre 1653, note 28.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0327&cln=28

(Consulté le 29/03/2024)

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