À Gilles Ménage, le 20 juillet 1651, note 28.
Note [28]

V. note [3], lettre 220, pour ce passage de l’Euphormion de Jean Barclay.

Gilles Ménage, quant à lui, cite cette épigramme de George Buchanan, intitulée De Nicotiana falso nomine Medicæa appellata [De la Nicotiane, affublée du faux nom de Medicæa], Miscellaneorum Liber [Livre de vers mêlés] (Poemata, page 419) : {a}

Doctus ab Hesperiis rediens Nicotius oris
Nicotianam rettulit ;
Nempe salutiferam cunctis languoribus herbam
Prodesse cupidus patriæ.
At Medice Catharina,
καθαρμα luesque suorum,
Medæa sæculi sui,
Ambitione ardens, Mediceæ nomine plantam
Nicotianam adulterat :
Utque bonis cives prius exuit, exuere herbæ
Honore vult Nicotium.
At vos auxilium membris qui quæritis ægris,
Abominandi nominis
A planta cohibete manus, os claudite, et aures
A peste tetra occludite.
Nectar enim virus fiet, Panacea venenum
Medicea si vocabitur
.

[Revenant du pays des Hespérides {b} et désirant rendre service à sa patrie, le savant Nicot a rapporté la nicotiane, herbe salutaire en toutes maladies ; mais Catherine de Médicis, Catharma {c} et calamité de ses sujets, Médée de son siècle, {d} brûlante d’ambition, corrompit en médicée le nom de la plante de Nicot. Tout comme elle avait d’abord dépouillé les Français de leurs biens, elle veut dérober à Nicot la gloire de son herbe. Mais vous qui cherchez un secours à vos maux, tenez vos mains loin d’une plante qui porte ce détestable nom, gardez-vous de le prononcer et de l’entendre, c’est celui d’une horrible peste ; car si vous l’appelez Médicée, vous transformerez un nectar en poison, et une panacée en venin]. {e}


  1. Amsterdam, 1641, v. première notule {a}, note [11], lettre 65.

  2. Le Portugal, où Jean Nicot fit son ambassade (v. supra note [24]) : on appelait Hespérie la péninsule ibérique, partie la plus occidentale de l’Europe, à cause d’Hesper (ou Vesper), autre nom de Vénus, planète qui paraît le soir à l’ouest. Dans la mythologie, Hesper, frère d’Atlas (v. note [54] du Patiniana I‑4) et père des Hespérides, fut changé en étoile.

  3. Mot grec pour désigner l’objet qu’on rejetait comme impur dans les lustrations (rites de purification).

  4. V. note [13], lettre 695, pour Médée la Magicienne.

  5. Buchanan ne s’en prenait donc pas au tabac, mais à la reine Catherine de Médicis, tenue pour responsable des massacres de la Saint-Barthélemy.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Gilles Ménage, le 20 juillet 1651, note 28.

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(Consulté le 29/03/2024)

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