À Charles Spon, le 24 décembre 1658, note 29.
Note [29]

Un édit du roi Louis xiii, daté du 15 janvier 1633, avait créé le parlement de Metz. D’abord limité aux Trois-Évêchés (Metz, Toul et Verdun, v. note [52], lettre 150), son ressort s’était étendu à toute la Lorraine à partir de 1637. La même année, à l’issue d’une longue querelle de pouvoir avec le duc Bernard de La Valette (v. note [13], lettre 18), puis avec son frère, le cardinal Louis de La Valette (v. note [12], lettre 23), gouverneurs successifs de la province, le Parlement avait été transféré de Metz à Toul.

Emmanuel Michel (Histoire du parlement de Metz… Paris, 1845, v. note [8], lettre 20), pages 138‑139 :

« Le vendredi 22 novembre 1658, la Cour se réunit pour entendre M. Le Gendre {a} qui venait rendre compte de sa mission. Il s’était transporté à Dijon où se trouvait le roi et avait obtenu l’ordre du rétablissement du parlement dans la ville de Metz ; cet ordre était daté de Dijon, du 15 novembre, et contresigné par M. de Loménie. Ce résultat heureux fut vivement applaudi, mais il n’avait été obtenu qu’à l’aide de grands sacrifices. M. Le Gendre s’était engagé au nom de la Cour à verser dans les mains du trésorier de l’Épargne à Paris une somme de deux cent mille livres, dont la moitié payable au 1er janvier 1659 et l’autre moitié payable au 1er avril suivant. On trouve dans un almanach des Trois-Évêchés une note de la main d’un ancien bénédictin de l’abbaye de Saint-Épyre indiquant qu’une somme de vingt mille livres fut donnée en cadeau au cardinal Mazarin. Les registres secrets ne font pas mention de cette circonstance : le fait, eût-il eu lieu, ne pouvait pas être consigné. La cupidité de Mazarin pourrait y faire croire et cette circonstance aurait pu arriver par tradition à la connaissance d’un religieux d’une abbaye qui peut-être a employé son influence sur le cardinal Mazarin pour faciliter les démarches du Parlement. Ce fut avec une grande pompe que la Cour se transporta à Metz. Elle partit de Toul le 30 novembre sous l’escorte de deux cents mousquetaires et de cinquante chevaux commandés par le comte de Pas de Feuquières, gouverneur de Toul, et vint coucher à Pont-à-Mousson. […] Le dimanche 1er décembre 1658, elle se rendit à Metz […]. À son entrée dans les murs de la cité, elle fut saluée par des volées de coups de canon. Le lendemain, 2 décembre, après avoir entendu une messe du Saint-Esprit à la cathédrale, le Parlement alla prendre séance au palais de justice. »


  1. Son procureur général.

V. note [17], lettre 10, pour le maréchal Louis de Marillac, lieutenant général des Trois-Évêchés, condamné à mort le 8 mai 1632 par une commission spéciale que Richelieu avait nommée et réunie à Verdun (mai 1631) puis à Rueil (mars 1632) ; il avait été décapité à Paris deux jours plus tard. Ce procès inique a précédé d’un an la création du parlement de Metz. Après l’avoir confondu avec Cardin Le Bret (v. note [13], lettre 389), Guy Patin se souvenait ici, entre autres et sans le nommer, d’Antoine de Bretagne, conseiller au parlement de Dijon, qui avait été l’un des rapporteurs au procès de Marillac. Pour récompense de sa soumission, Richelieu le nomma premier président à la création du parlement de Metz. Un des premiers actes du parlement de Metz, en 1633, fut le procès et la condamnation à mort de François Alfeston, accusé d’être le principal auteur d’un complot pour assassiner Richelieu (v. note [8], lettre 20).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 24 décembre 1658, note 29.

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(Consulté le 29/03/2024)

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