Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 9 manuscrit, note 29.
Note [29]

« Plainte de Campanella au sujet d’un médecin. {a} Je m’afflige que cet homme, que je croyais fort mon ami, m’ait fait défaut en une affaire sans aucune importance. Je me souviens avoir lu en Italie quelque édition de la Métaphysique d’Avicenne, {b} livre qui est ici introuvable. Ce R.M. {c} en avait un exemplaire unique en son étude, mais a refusé de me le prêter quelques jours. Il est certaines gens qui semblent n’être nés que pour eux-mêmes, et ne voudraient en aucune façon rendre service aux autres, même quand cela ne leur coûterait rien. Bon Dieu, comme saint Paul, dans la convulsion des peuples, s’est comporté bien autrement que ce docteur, qui se tient si éloigné des mœurs des apôtres ! “ Je me suis fait juif avec les juifs, afin de gagner les juifs ; je me suis fait faible avec les faibles, afin de gagner les faibles ; je me suis fait tout à tous, afin de les sauver tous ; mais je fais tout cela pour l’Évangile, afin d’avoir part à ses biens. ” {d} Caton agissait tout autrement, dans le livre ii de Lucain :

“ Voici quelle fut sa règle rigide : observer la juste mesure, garder le cap et suivre la nature ; passer sa vie au service de la patrie ; se croire être né, non pour soi-même, mais pour le monde entier ; ne manger que pour vaincre sa faim ; quitter son foyer pour un simple abri contre la rigueur de l’hiver, etc. ” » {e}


  1. Titre ajouté dans la marge du manuscrit, qui désigne Tommaso Campanella (v. supra notule {c}, note [28]) comme l’auteur du propos qui suit.

  2. Metaphysica Avicennæ, sive ejus Prima philosophia optime castigata per Reverendum sacræ Theologiæ bachalarium fratrem Franciscum de Macerata ordinis minorum, et per excellentissimum artium doctorem dominum Antonium Frachantanium Vicentinum philosophiam lengentem in gymnasio Patavino.

    [La Métaphysique d’Avicenne, {i} ou sa première Philosophie, excellemment corrigée par le Frère Francesco da Macerata, de l’Ordre des frères mineurs, bachelier en sainte théologie, et par le très brillant Maître Antonio Fracanzano, docteur ès arts natif de Vicence, lecteur en philosophie de la Faculté de Padoue]. {ii}

    1. V. note [7], lettre 6.

    2. Venise, Bernardinus Venetus, 1495, in‑fo de 9 feuiles de 12 pages chacune ; seule édition latine disponible avant 1638.

  3. Dans les années 1630, un médecin parisien qui possédait une riche bibliothèque et dont les initiales étaient R.M. ne pouvait être que René Moreau (v. note [28], lettre 6).

  4. Saint Paul, Première Épître aux Corinthiens, 19:20‑23.

  5. Lucain (v. note [33], lettre 104), La Pharsale, livre ii, sur Caton d’Utique (v. notule {e‑ix}, note [51] du Borboniana 7 manuscrit), vers 380‑385.

Ici se termine le bref propos sur Campanella : deux articles en latin que Guy Patin a pu lui-même insérer dans le Borboniana ; mais tout autant que Nicolas Bourbon, il n’est jamais allé en Italie et n’a pu y feuilleter des livres, ce qui renverrait bien plutôt à Gabriel Naudé. Cela traduit une fois de plus l’entremêlement inextricable du Borboniana, du Patiniana et du Borboniana, qui rend généralement dangereux d’attribuer sûrement un propos qu’ils contiennent à l’un de leurs trois interlocuteurs. Néanmoins, ce qui est dit de Campanella est bien dans la ligne des opinions chrétiennes de Patin : antiromaines, enclines au jansénisme et au calvinisme, mais sans trace de scepticisme athée.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 9 manuscrit, note 29.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8210&cln=29

(Consulté le 25/04/2024)

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