À Claude II Belin, le 2 janvier 1646, note 3.
Note [3]

« M. Courtaud m’a fait l’honneur d’y faire allusion à mon nom en deux divers endroits » écrivait Guy Patin dans une précédente lettre (v. note [2], lettre 129).

La barbarie du latin de Siméon Courtaud reluit en ces deux passages de son Oratio (v. note [19], lettre 128).

  • La première allusion (page 17) est directe et nominale :

    Risum mehercule movit immensum enthusiasma sacrum et eloquens Decani venerandi, adversus nostrum ubique : quem ideo, nisi vinea esset, labruscam existimarem, et canem febrientem obuios impetentem, nisi Decanus ; satyrographum, nisi titulo medicus crederetur ; et si tantæ facultatis caput non esset, pedes illius et ungues existimarem ; quemque ferunt meram esse linguam et Echo dictationis alienæ, et erumpentem e feruore Patinæ calorem concepisse. Suaviter blandeque monendus Bonus hic vir lepidus et illustris Decanus, a me obscuro subtristique Decano, ut primo gladium in vagina reponat, nostrique misereatur, secus enim, si perseveret in igne suo, de nobis actum est, et venit ineluctabile fatum incendii universalis nostræ Universitatis.

    [Par Hercule ! la fureur éloquente et sacrée du vénérable doyen {a} contre le nôtre a partout provoqué un immense éclat de rire ; s’il n’était une vigne, je le tiendrais pour une lambruche, {b} et s’il n’était doyen, pour un chien fiévreux qui attaque les passants, pour un écrivain satirique, si on pouvait croire un médecin capable d’une telle fonction ; et s’il n’était pas le chef d’une si grande faculté, je ferais état de ses pattes et de ses griffes ; de sa langue aussi, qu’on dit n’être que l’écho de la dictée d’un autre, et être chargée d’une chaleur qui jaillit de la fureur de Patin. {c} Il faut que moi, qui suis un doyen obscur et un peu triste, exhorte avec douceur et caresse ce doyen, qui est un homme bon, agréable et brillant, à d’abord rengainer son épée et à avoir pitié de la nôtre ; autrement en effet, s’il persévère dans sa colère, on parlera de nous et l’oracle de l’embrasement de toute notre faculté s’accomplira inéluctablement].


    1. Michel de La Vigne, doyen de la Faculté de médecine de Paris.

    2. Vigne sauvage.

    3. Avec jeu de mot entre Patin et patina, poissonnière en latin.

  • La seconde invective (page 49) n’est pas nominale, mais sa cible est l’auteur (réputé être Patin) du Nez pourri de Théophraste Renaudot… (v. note [64], lettre 101) :

    Ex singulari causa publicam ne facito, nec in animi tui hilaritate ultra crepidines illius erumpe. Viri tui iudicio et eruditione graves, tuas improbarent eruptiones, et cogitationum levitatem stuperent. Si tibi actio cum sollerti Renaudoto, huic insiste ; non carebis adversario luxuriei palmitum amputatore. Si te pupugit ille, age cum illo : potens est loqui vir eloquens. Hoc a me insuper accipito, parum decere virum Medicum corporis humani ridere defectus, quibus et vir probus compatitur, et Medicus est mederi destinatus : illud autem, stulti plane vel insolentis est. Gaudeat optime corpore commensuratus, sed maxime qui animo bene compositus ; qui frequentius in ruinoso diversorio grandia solet operari. Talis fuit Silenus Alcibiadis.

    [Ne généralise pas à partir d’un cas particulier et ne laisse pas éclater l’hilarité de ton esprit au delà de ses limites. Tes compagnons chargés de science et de jugement désapprouveraient tes assauts et seraient surpris par la légèreté de tes pensées. Tiens-le toi pour dit, si tu te mesures à l’habile Renaudot, tu ne manqueras pas d’adversaires pour te couper les sarments. S’il t’a piqué, traîne-le en justice : le propre de l’homme éloquent est de parler. Souffre en outre que je te dise que rire des défauts du corps humain sied peu à un médecin, quand un honnête homme doit s’en apitoyer et quand un médecin a pour vocation d’y remédier ; que c’est même vraiment là le propre du fou ou de l’insolent. Que certes se réjouisse celui qui a le corps bien proportionné, mais bien plus celui qui a l’esprit bien fait, celui qui a coutume d’accomplir de grandes choses dans un gîte en ruine. Tel fut le Silène d’Alcibiade]. {a}


    1. Socrate, v. note [10], lettre 164.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 2 janvier 1646, note 3.

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(Consulté le 29/03/2024)

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