À Charles Spon, les 5 et 7 juin 1652, note 3.
Note [3]

V. note [19], lettre 264, pour la Defensio de John Milton (1650) contre l’Apologie de Claude i Saumaise (1649) en faveur du roi Charles ier d’Angleterre, décapité à Londres le 9 février 1649. On imprimait alors une réplique royaliste anonyme :

Pro rege et populo Anglicano Apologia, contra Iohannis Polypragmatici (alias Miltoni Angli) defensionem destructivam Regis et Populi Anglicani

[Apologie pour le roi et le peuple anglais, contre la défense destructive du roi et du peuple anglais par Johannes Polypragmaticus {a} (alias l’Anglais Milton)] {b}


  1. Hellénisme, pour dire « celui qui se mêle de tout ».

  2. Anvers, Hieronymus Verdussen [Amsterdam, L. Elsevier], 1652, in‑12 de 112 pages, avec épître dédicatoire Ad Celeberrimam Academiam Leidensem [À la très célèbre Université de Leyde] (où professait Saumaise), signée Humillimus Observator, Alienigena et extorris Anglus [Un très humble observateur étranger, et banni Anglais].

L’Ad Lectorem [Avis au lecteur] de cette Apologia explique le silence temporaire de Saumaise :

Quod ornatissimus Salmasius ad tuendum jus et honorem, Caroli Britanniæ Monarchæ, Sceleratorum manibus interfecti, prudenter scripserat, una tantum impressione, idque magna cum difficultate in lucem erupit : tanto odio hisce ultimis temporibus, veritatem Mundus persequitur : Sed quod sceletissimus Mitonus, ad lacerandam famam Regis defuncti, et subvertendum, in Subditos dominium hæreditarium, invidiose elaboravit, illius tot sunt examplaria, ut nescio cui Lectorem remitterem, sic Mendaciorum et Convitiorum amore flagrant homines ; Volumine in decimo sexto perditissimi pretii, usus sum, pigebat enim quadrantem pro tanto nugatore expendere, quin quod verebar ne venenum illius penetraret et multos ignorantes inficeret, nisi Rebellionis Alexipharmacum tempestive adhiberetur, at cum doctissimus Salmasius longius abesset, ad extinguendum ignem sulphureum, quod aquæ præ manibus habebam superinjeci, donec Salmasius suo fulmine absorbebat,
Vale
.

[Ce que le très distingué Saumaise avait sagement écrit pour protéger le droit et l’honneur du roi Charles de Grande-Bretagne, que des assassins ont mis à mort, n’a connu qu’une seule édition, publiée avec grande difficulté, tant de nos jours le Monde met de haine à pourchasser la vérité. En revanche, il circule tant d’exemplaires de ce que le très scélérat Milton a pernicieusement écrit pour déchirer la réputation du feu monarque et pour renverser la souveraineté héréditaire qu’il a exercée sur ses sujets, que je ne sais qui je pourrais bien priver de le lire, tant les hommes sont consumés par l’amour des mensonges et des insultes. J’ai eu recours à un volume in‑16 {a} du plus vil prix, mais il me peinait de dépenser ainsi un quart de denier {b} au profit d’un tel conteur de sornettes. Puisque je craignais que son venin ne contamine et infecte quantité d’ignorants si on n’en administrait pas le contre poison de la rébellion, et que le très docte Saumaise était alors parti très loin, {c} j’ai utilisé ce que j’avais d’eau pour éteindre ce sulfureux incendie, en attendant que Saumaise l’ait englouti de sa foudre,
Salut]. {d}


  1. Libelle de propagande républicaine anglaise, la Defensio de Milton a été largement diffusée in‑12 et in‑16.

  2. Le denier est la 12e partie du sol en France, et du shilling en Angleterre.

  3. Départ de Saumaise pour la Suède en été 1650.

  4. L’élégant latin de cette épître et de toute la suite du livre (qui contient quantité de très érudites références littéraires) autorise à se demander, me semble-t-il, si Saumaise n’en est pas l’auteur.

Les anonymes Metamorphosis Anglorum, sive Mutationes variæ Regum, Regni, Rerumque Angliæ. Opus Historicum et Politicum, ex variis fide dignissimis Monumentis ac Auctoribus contextum, ad hæc usque tempora deductum, memoriæque posteritatis æternæ consecratum [Métamorphose des Anglais, ou Transformations diverses des rois, du royaume et des affaires d’Angleterre. Ouvrage historique et politique, composé à partir d’écrits et d’auteurs tout à fait dignes de foi, mené jusqu’au temps présent, et consacré à l’éternelle mémoire de la postérité] contiennent deux textes qu’il ne faut pas prendre pour des ripostes authentiques de Saumaise à Milton : {a}

  • Viri Nobilissimi Claudii Salmasii Dissertatio de parricido apud Anglos in persona Regis, Caroli i. sacrilegorum hominum nefaria conspiratione admisso, præmissa Defensioni Regiæ,

    [Dissertation du très noble Claude de Saumaise sur le parricide commis en Angleterre sur la personne du roi Charles ier, permis par la conspiration criminelle d’hommes sacrilèges ; placée devant sa Defensio Regia] ; {b}

  • Eiusdem de eodem facto Dissertatio. Excerpta ex Defensione regia.

    [Dissertation du même auteur sur le même fait. Extraite de la Defensio Regia]. {c}


    1. Sans lieu ni nom, 1653, in‑12 de 536 pages.

    2. Reprise intégrale (pages 305‑319) de la Præfatio de la « Défense royale » (1649).

    3. Reprise intégrale (ipages 320‑340) du chapitre i de la « Défense royale » (1649).

Une véritable réponse de Saumaise à Milton, mais posthume, ne parut qu’en 1660 : v. note [1], lettre 642.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, les 5 et 7 juin 1652, note 3.

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(Consulté le 23/04/2024)

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