À Charles Spon, le 18 juin 1652, note 3.
Note [3]

Journal de la Fronde (volume ii, fo 92 ro, Paris, 11 juin 1652) :

« Le 8 du courant, le Parlement s’étant assemblé, S.A.R. {a} y envoya M. de Fromont pour dire à la Compagnie que la nouvelle qu’elle avait reçue de la levée du siège d’Étampes {ba} l’occupait cette matinée-là et l’empêchait de se trouver à l’assemblée, laquelle elle priait Messieurs de remettre au 10. Sur cela, l’on parla d’ouvrir la réponse du roi faite aux députés et d’y délibérer, mais les frondeurs furent si forts qu’ils l’empêchèrent, disant qu’il fallait attendre au 10 et qu’on ne devait rien faire sans S.A.R. Il y en eut quelques-uns, entre autres le président Le Coigneux, qui représentèrent que le duc de Lorraine était ennemi de l’État, que ceux qui l’avaient fait venir étaient criminels et que ses troupes étant aux portes de Paris, le mal pressait si fort qu’on ne pouvait plus tarder à délibérer ; à quoi M. Charpentier, conseiller des Requêtes, répondit qu’on ne s’empêchait pas de faire délibérer sur ce que les Allemands du maréchal de Turenne étaient à Palaiseau et que c’était à tort que les Lorrains passaient pour ennemis puisqu’ils n’étaient venus que comme amis pour fortifier le bon parti ; ce qui fut appuyé par plusieurs des insignes frondeurs et entre autres, par le président de Thou qui dit que c’était le cardinal Mazarin qui avait fait venir le duc de Lorraine et même, lui avait fait fournir l’étape dans tous les lieux où il a passé dans la Champagne, mais que S.A.R. avait eu la bonté de le gagner et de le faire venir contre ce cardinal. M. Dorat {c} y dit que les députés avaient conféré à la cour avec milord Montaigu (qui est accordé {d} avec le cardinal Mazarin) ; < ce > dont le président de Nesmond se piqua fort et s’en justifia, n’y ayant eu, de tous les députés, que le président de Maisons qui ait parlé avec ce milord ; après quoi, pour se venger de M. Dorat, il dit, entendant parler de lui, qu’il y avait des personnes dans la Compagnie qui n’étaient pas de condition à y être admis et qui n’y seraient pas si on les avait bien examinées à leur réception. Le gentilhomme de la reine de Suède y rendit la lettre par laquelle cette reine offre la médiation pour la paix particulière et générale, et on lui donna séance entre deux conseillers qui étaient sur le barreau. On lut la lettre, qui était en latin et après, le président Le Bailleul lui dit que la Compagnie remerciait la reine de Suède et lui ferait réponse, mais que ce serait en français, le Parlement ayant accoutumé de ne se servir point d’autre langue. L’on remit à hier pour délibérer, aussi bien que sur la réponse faite aux députés. »


  1. Son Altesse Royale, Gaston d’Orléans.

  2. Le 7 juin, v. note [50], lettre 288.

  3. Étienne Dorat, v. note [3], lettre 310.

  4. Allié.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 18 juin 1652, note 3.

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(Consulté le 29/03/2024)

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