À Charles Spon, le 21 octobre 1653, note 3.
Note [3]

Seule allusion directe au toujours célèbre Pierre Corneille (1606-1684) dans les lettres de Guy Patin. Le succès de l’« illustre faiseur de comédies » au théâtre était alors en déclin. Il avait été admis à l’Académie française en 1647.

Dans son Histoire de l’Académie française, Paul Pellisson a relaté par le menu le jugement critique que la docte assemblée eut à publier en 1637 contre Le Cid qui avait eu le malheur de déplaire à Richelieu (Sentiments de l’Académie française sur le Cid, pages 204‑224) ; il y explique notamment comment Corneille accepta l’offense sans trop regimber car il était soucieux de conserver la pension que le cardinal lui versait. On y lit ces quatre vers que Corneille écrivit après la mort de son fâcheux protecteur :

« Qu’on parle mal ou bien du fameux cardinal,
Ma prose ni mes vers n’en diront jamais rien :
Il m’a fait trop de bien pour en dire du mal,
Il m’a fait trop de mal pour en dire du bien. »

Je n’ai pas trouvé d’ouvrage de Corneille contre Pellisson, mais sais profondément gré à M. Olivier Roux, chercheur en littérature et auteur de La « fonction d’écrivain » dans l’œuvre de Charles Sorel (Paris, Honoré Champion, 2012), de m’avoir écrit le 16 août 2017 :

« Je pense que Patin fait [ici] allusion au Discours [de Sorel] sur l’Académie françoise establie pour la correction et l’embellissement du langage, pour sçavoir si elle est de quelque utilité aux particuliers et au public, et où l’on voit les raisons de part et d’autre sans déguisement (Paris, 1654). {a}

Sorel critique avec ironie l’Histoire de l’Académie de Pellisson et surtout, l’Académie française elle-même.

C’est à mon avis cet ouvrage qui est aussi évoqué par Patin dans les lettres à Charles Spon du 25 novembre {b} et du 16 décembre 1653 : {c} le volume est alors sous presse mais le travail n’est pas assez rapide selon Sorel. »


  1. Anonyme de Sorel : Paris, G. de Luyne, 1654, in‑12 de 209 pages.

  2. V. sa note [31].

  3. V. sa note [13].

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 21 octobre 1653, note 3.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0329&cln=3

(Consulté le 29/03/2024)

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