À Charles Spon, le 8 septembre 1654, note 3.
Note [3]

« que Joseph Scaliger appelait bons compagnons issus du pétrin de Loyola. » Sans compter les nombreux emplois du mot pistrino seul, l’expression de pistrino Loyolæ se lit dans quatre lettres que Scaliger a écrites depuis Leyde.

  1. Le 23 mars 1606 à Marquard Freher : {a}

    De nummo Palæologi sententiam mutare non possum, quum sciam meliora me et probabiliora de eo, quam mulum illum Ingolstadiensem de pistrino Loiolæ, pronuntiasse hominem ineptissimum, et qui, more Societatis suæ, nihil quam centones farcire potest. Quid enim Loiolitæ aliud nunc faciunt ? Ineptissima illius est interpretatio, et nihil pene adversus nos dixit, nisi ubi veterem Ecclesiam imaginibus non usam diximus ; quod quum ipse confutare non possit, ab impudentia Loiolitica subsidium petit. Iamdudum est, quum illum ridere soleo. Neque tuum, neque meum est, illius rationem habere. Hoc esset illi honorem habere, nobis injuriam facere. Certe dolet illi nos de eo nummo ea dixisse, quæ nulli Loiolitæ in mentem venire potuissent. Nihil enim tam ægre est illis, quam ingenia aliqua bona in illo hominum genere reperiri, quos ipsi hæreticos vocant. Retrimentum illud impudentiæ inscitiæque missum faciamus.

    [Je ne puis modifier la sentence de Palélologue sur l’argent, {b} bien que j’en sache sur lui de bien meilleures et plus louables choses que ce qu’a raconté ce mulet d’Ingolstadt, {c} issu du pétrin de Loyola ; c’est un homme parfaitement idiot et qui, à la manière de sa Compagnie, ne peut rien farcir que des centons. Qu’est-ce d’autre en effet que font aujourd’hui les loyolites ? Son interprétation est tout à fait inepte et ne dit presque rien contre nous, sauf à l’endroit où nous disons que l’ancienne Église n’avait pas l’usage des icones ; et comme il ne peut lui-même réfuter cela, il recourt à l’impudence loyolitique. J’ai depuis longtemps l’habitude de me rire de lui. Ni vous, ni moi n’avons de compte à lui rendre. Nous faire injure serait pour lui un honneur. Sur cette question d’argent, il a certainement peiné à nous dire ce qui ne pourrait venir à l’esprit d’aucun loyolite. Pour eux, en effet, rien n’est si pénible que de trouver quelques bonnes idées chez cette espèce d’hommes qu’ils appellent hérétiques. Débarrassons-nous donc de cette ordure d’impudence et d’ignorance].


    1. 1565-1614, professeur de droit à Heidelberg.

    2. Dans sa Septième Controverse (Entretien avec un musulman), l’empereur byzantin Manuel ii Paléologue (1350-1425) a prononcé cette sentence : « Comment n’est-il pas très absurde de payer de l’argent et d’acheter ainsi la faculté de mener une vie impie et contraire à la Loi ? » (§ 3b).

    3. Le jésuite Jacob Gretser, qui sera plus loin traité de « monstre d’ingolstadt » (v. dernière notule {b‑ii} infra).

  2. Le 30 mai 1606, à Jacques Auguste i de Thou : {a}

    « J’ai reçu les monuments de notre famille, lesquels je ferai imprimer quelque jour, avec la vie de mon père que j’ai déjà publiée. {b} À Vérone, on me reconnaît pour celui qui je suis, non pour celui que Guilandinus et les Burdones de pistrino Loiolæ {c} me font. Le temps découvrira tout. »


    1. V. note [4], lettre 13.

    2. Epistola de Vetustate et Splendore Gentis Scaligeræ [Lettre sur l’Ancienneté et la Splendeur de la gent Scaligérienne] (Leyde, 1594, v. note [5], lettre 9).

    3. « Bourdons issus du pétrin de Loyola » : les ennemis des Scaliger les disaient avoir abandonné le nom de Bourdon, pour se parer de fausses ascendances nobles (v. note [12], lettre 104). V. note [12] du Naudæana 2 pour Melchior Guilandinus.

  3. Le 19 juin 1606, à Friedrich Taubmann : {a}

    Literas tuas humanissimas Partholinus vester mihi reddidit. Si, quoties memini tui, tot epistolas a me acciperes, non tam raras scriberem. […] Gratias quas potui de tuo Plauto egi. […] Cavendum, quantum video, tibi erit a nebulone nescio quo Schoppio ; quia enim ille, ut gloriolæ aliquid pariat sibi, triumviros illos, quibus Plautum tuum misisti, impudentissimis scriptis allatrare instituit ; non dubium est, quin te, qui illorum amicus es, cum causa nostra coniungat. Respondebitur illi a duobus, qui supersunt ; quandoquidem a Lipsio, qui ad plures penetravit, nihil responderi potest. Nos ista literarum et virtutum carcinomata, una cum Amphitheatro Burdonum de pistrino Loiolæ plorare iubemus ; neque tanti sunt, ut nostros somnos interpellent.

    [Votre ami Partholin m’a remis vos très affectueuses lettres. Si vous receviez des lettres de moi chaque fois que je pense à vous, je ne vous écrirais pas si rarement. (…) Je vous ai remercié tant que j’ai pu pour votre Plaute. (…) Vous devrez, me semble-t-il, prendre garde à je ne sais quel vaurien du nom de Scioppius ; {b} c’est lui en effet qui, pour se procurer quelque gloriole, a entrepris par de fort impudents écrits d’aboyer après ces trois personnages auxquels vous avez dédié votre Plaute ; {c} nul doute que vous, qui êtes leur ami, vous unirez à notre cause. Les deux qui sont encore en vie lui répondront ; mais Lipse, qui est parti pour l’au-delà, gardera lesilence. Je vous engageons à déplorer ces cancers des lettres et des vertus, en même temps que l’Amphithéâtre des Burdon, {d} qui est issu du pétrin de Loyola ; mais leur nombre n’est pas si grand qu’ils nous empêchent de dormir].

    1. Éditeur des Comédies de Plaute (Wittemberg, 1605), v. note [16], lettre 407.

    2. V. note [14], lettre 79, pour Scioppius, Caspar Schoppe.

    3. Le Plaute de Taubmann est dédié Opt. max. Reipublicæ litterariæ triumviris [Aux trois meilleurs et plus grands personnages les de la République des lettres] : Joseph Scaliger, Juste Lipse et Isaac Casaubon.

    4. V. notule {g}, note [57] du Faux Patiniana II‑3.

  4. Le 1er mai 1608, à Sibrandus Lubbertus : {a}

    Heri inter cænandum accepi responsum tuum ad monstrum illud Ingolstadiense de pistrino Loiolæ. Cæpi legere ita avide ut iam non modicam partem devorarim. Non ante quam totum peregero. Incidi vero in locum in quo respondes ad calumnias quas ex libro nequissimi bipedum nebulonis Scioppii in me bellua illa iactat.

    [Tandis que je dînais hier, j’ai reçu votre réponse à ce monstre d’Ingolstadt, {b} issu du pétrin de Loyola. J’ai commencé à le lire avec une avidité telle que je n’en ai encore laissé de côté la moindre miette sans la dévorer ; et je continuerai ainsi jusqu’à être arrivé à la fin. Je suis tombé sur le passage {c} où vous répondez aux calomnies que cette bête sauvage de Scioppius, vaurien qui est le plus nul des bipèdes, a répandues contre moi dans son livre]. {d}


    1. V. note [12] du Grotiana 2.

    2. Sibrandi Lubberti, de Principiis dogmatum Replicatio ad Defensionem primæ controversiæ Roberti Bellarmini. Scriptam a Iacobo Gretzero.

      [Riposte de Sibrandus Lubbertus sur les Principes des dogmes, pour la défense de la première controverse de Robert Bellarmin. {i} Écrite à Jacob Gretser]. {ii}

      1. V. notule {a}, note [21] du Grotiana 2.

      2. Franeker, Ægidius Radæus, 1608, in‑8o de 528 pages.

        V. note [3], lettre 534, et première notule {c} supra pour Jacob Gretser, que Scaliger traitait ici de « monstre d’ingolstadt ».

    3. Pages 287‑288 du livre de Lubbertus.

    4. Pour le plaisir de transcrire la prose exaspérée de Scaliger, je me suis permis de tricher un peu dans ce recensement, car seules les lettres 1 et 3 supra avaient été publiées (Ép. lat. parues en 1628) au moment où Guy Patin écrivait la sienne à Charles Spon.

V. notes [27], lettre 368, pour les deux curés jansénistes, Henri Du Hamel et Pierre Loisel, partisans de Retz, et [23], lettre 367, pour la marque rouge.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 8 septembre 1654, note 3.

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(Consulté le 28/03/2024)

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