À Charles Spon, le 3 décembre 1658, note 3.
Note [3]

Alphonse iv d’Este, duc de Modène (1634-16 juillet 1662), fils aîné du duc François ier (v. note [10], lettre 398) et de Marie Farnèse, avait été marié le 27 mai 1655 avec Laure Martinozzi, nièce du cardinal Mazarin. Il venait de succéder à son père (mort le 14 octobre 1658), dans ses États et dans le titre de généralissime des armées de France en Italie, dont la patente lui fut expédiée au mois de décembre. En 1659, voyant la France disposée à faire la paix avec l’Espagne, il travailla, par le conseil de Mazarin, à faire aussi son accommodement avec elle et y réussit, en renonçant à la ligue que son père avait contractée avec la France.

Par la paix des Pyrénées, conclue entre la France et l’Espagne, le 7 novembre de la même année, il fut dit (article 97) que l’Espagne retirerait la garnison qu’elle tenait à Correggio et engagerait l’empereur à en donner l’investiture au duc de Modène. Alphonse allait mourir de ce qu’on appelait la goutte (v. note [30], lettre 99), à l’âge de 28 ans, laissant deux enfants : François ii, âgé de deux ans, qui lui succéda sous la régence de sa mère, et Marie Béatrix qui épousa Jacques ii, roi d’Angleterre (A.V.D.).

Le mariage du duc de Modène fut (selon Doscot, Mancini, page 18) :

« le moins sentimental du monde, une pure action politique, ce qui n’empêcha pas Laure {a} d’être heureuse de son sort. Par malheur, Alphonse mourut six ans plus tard, âgé de 28 ans, et sa veuve se trouva régente du duché avec un enfant en bas âge et de nombreux soucis de voisinage. Ce que Laure avait hérité de l’esprit Mazarin, c’était l’acharnement à la tâche et le sens de la dignité. Elle mena son petit pays à la baguette, se battit comme un homme contre une autre régente, la duchesse de Mantoue, au point d’obliger la France à une intervention diplomatique ; puis son fils devenu majeur, elle se retira à Rome et vieillit pieusement, comme une honnête matrone, auprès de sa mère, Laure-Marguerite Martinozzi, considérant d’un œil effaré les turpitudes de ses cousines Mancini. »


  1. Martinozzi.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 3 décembre 1658, note 3.

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(Consulté le 25/04/2024)

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