À André Falconet, le 17 janvier 1668, note 3.
Note [3]

« Quelle pitié ! »

Nouvelle Rome et capitale de l’Empire byzantin, Constantinople (v. note [5], lettre 578), déjà éprouvée par la peste de 1076, ne retrouva jamais, même avec le retour des Grecs dans la ville (1261), la prospérité économique et le dynamisme démographique qu’elle avait connus avant 1204. Elle n’était plus au début du xve s. qu’une ville dépeuplée (40 000 à 50 000 habitants) aux quartiers partiellement abandonnés, dans le cadre d’un Empire qui rétrécissait comme peau de chagrin. Elle ne pouvait compter pour se défendre que sur une armée réduite à quelques milliers d’hommes, et sur l’appui financier des membres des colonies italiennes qui avaient accaparé la totalité de son commerce et dont les rivalités étaient souvent cause de troubles au sein de la cité. Elle était en outre déchirée religieusement par la proclamation à Sainte-Sophie, le 12 décembre 1452, de la réunion des Églises de Rome et de Constantinople, proclamée à Florence en 1439.

Les Ottomans, qui n’avaient pu s’emparer de la ville lors du siège dirigé par Murad en 1422, tentèrent alors un assaut décisif : Mehmed ii dit le Conquérant, Fatih, fils de Murad né en 1432, sultan de 1444 à 1446, puis de 1541 à sa mort en 1481, assiégea la ville à la tête de 200 000 hommes (dont 60 000 combattants) ; Constantin xii Dragasès ne put leur opposer que 6 000 ou 7 000 soldats, mais il résista pendant plus de deux mois, jusqu’à sa mort lors du dernier assaut turc (29 mai 1453).

La prise de Constantinople consacra l’effondrement définitif de l’Empire byzantin, qui représentait le dernier reste de l’Empire romain fondé en l’an 27 avant la naissance du Christ (G.D.E.L.). Elle est à tenir pour l’un des événements fondateurs de la Renaissance (ou rétablissement) qui eut lieu en Europe occidentale (v. note [49] du Naudæana 2). Chute de l’Empire romain d’Orient, découverte de l’Amérique et invention de l’imprimerie ont fait de la seconde moitié du xve s. une période d’immenses renversements qui ont changé la face du Monde.

Entamée en 1645, la guerre de Candie (Crète) opposait alors les Vénitiens aux Turcs (v. note [15], lettre 45). L’emprise progressive des Ottomans allait aboutir à leur victoire finale, malgré le secours d’un corps expéditionnaire français, le 27 septembre 1669 (v. notes [1] et [3], lettre 968).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 17 janvier 1668, note 3.

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(Consulté le 18/04/2024)

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