Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 3, note 3.
Note [3]

Gabriel Naudé citait quatre références sur les hermaphrodites.

  1. Discours sur les hermaphrodits {a}. Où il est démontré, contre l’opinion commune, qu’il n’y a point de vrais hermaphrodits de Jean ii Riolan, {b} pages 67‑68 :

    « Maintenant je désire prouver par raisons qu’il est impossible qu’un hermaphrodit ait les deux sexes parfaits, pour engendrer dans soi et ailleurs, faisant alternativement office d’homme et de femme. Le sexe de l’homme est différent de celui de la femme en l’espèce, laquelle consiste en la diversité de la conformation des parties génitales et du tempérament. Car il est très certain que la structure des parties génitales est tout autre en l’homme qu’en la femme ; le tempérament est aussi dissemblable, car les hommes sont plus chauds que les femmes. Partant, un seul ne peut avoir les deux parties génitales de l’homme et de la femme, et les deux tempéraments ensemble, pour faire action de tous les deux ; d’autant que le mâle est défini par Aristote ce qui peut engendrer dans un autre, la femelle qui reçoit d’ailleurs pour engendrer dedans soi. Davantage, les deux principes de la génération humaine sont différents et ne peuvent être fournis par un seul : la femme contribue la matière, l’homme donne la semence efficace et conformatrice de l’enfant. » {c}


    1. sic

    2. Paris, Pierre Ramier, 1614, in‑8o de 136 pages, ouvrage dédié par « Votre bien humble et affectionné serviteur Riolan, médecin professeur du roi en l’Anatomie et pharmacie » à « Monsieur [Jean] de l’Orme le Père, premier médecin de la reine [et] Monsieur [Charles] de l’Orme le Fils, médecin ordinaire de la personne du roi » ; v. notes [5], lettre 829, pour Jean Delorme, et [12], lettre 528, pour son fils Charles.

    3. Écrivant avant la découverte de la semence femelle (ovules, observés en 1673 par Reinier de Graaf et Nicolas Sténon, v. note [40] de l’Autobiographie de Charles Patin), Riolan avait intuitivement raison : l’hermaphrodisme humain n’affecte physiquement que les caractères sexuels secondaires (organes génitaux externes, seins, pilosité, timbre de la voix, etc.), et il n’y a ni coexistence de gonades appartenant aux deux genres (testicules et ovaires), ni possibilité d’autoprocréation.

  2. Le livre de Riolan attaquait ouvertement {a} celui de Jacques Duval (Iacobus Valensis, vers 1555-1615), intitulé :

    Des Hermaphrodits, accouchements des femmes, et traitement qui est requis pour les relever en santé et bien élever leurs enfants. Où sont expliqués la figure des laboureurs et verger du genre humain, signes de pucelage, défloration, conception, et la belle industrie dont use nature en la promotion du concept et plante prolifique… {b}

    O. in Panckoucke a résumé l’argument du livre :

    « Duval donne l’histoire d’un individu mal conformé qui, passant pour une femme, avait été condamné à mort comme s’étant rendu coupable du crime des tribades, {c} et ne dut son salut qu’à une enquête médicale. L’auteur a réuni un assez grand nombre d’anomalies de ce genre, ou analogues. Se fondant sur l’autorité de quelques rabbins, il suppose qu’Adam était hermaphrodite. {d} Il répondit par l’opuscule suivant {e} à une critique très vive que Riolan avait faite de son ouvrage. » {f}


    1. Dans son chapitre v, Examen de l’hermaphrodit de Rouen.

    2. Rouen, David Geuffroy, 1612, in‑8o de 447 pages; outre les titres académiques dont il se parait dans son titre, « écuyer, seigneur d’Ectomare et du Houvel, docteur et professeur en médecine, natif d’Évreux, demeurant à Rouen », Duval a orné son portrait, Æt. 56 [À l’âge de 56 ans], de celui de « premier duc Salvaque », avec ce pitoyable « quadrain », signé A.U. : {i}

      « Lecteur, tu vois ici l’image et pourtraiture,
      De rare Apollon, {ii} de gentil esprit,
      Qui de l’Hermaphrodit a doctement écrit
      L’être, les qualités : bref toute sa nature »

      1. Le même A.U. a signé Antonius Vielius D. Medic. une épigramme de 12 vers intitulée In Rothomagæum Hermaphroditum in carcerem detrusum, Carmen [Poème sur l’Hermaphrodite de Rouen qui a été jeté en prison], dont la qualité et la syntaxe ne m’ot pas paru périter une traduction.

        Se lit ensuite un sonnet français Sur ce même sujet, de tout aussi piètre facture, signé François Duval, avocat au parlement de Rouen, fils de l’auteur.

      2. Dieu médecin, v. note [8], lettre 997.
    3. V. notule {h}, note [35], lettre latine 154.

    4. Duval proposait d’appeler « gynanthrope » l’hermaphrodite, nommé Marin le Marcis, dont il racontait l’histoire. Jacqueline Vons (v. note [4], lettre latine 474) a porté un jugement bienveillant sur son livre dans son article Une expertise médicale qui sauva une vie : Jacques Duval (1555-1615) et le gynanthrope de Rouen (Histoire des sciences médicales ; 2013, xlvii : pages 87‑93).

    5. Réponse au Discours fait par le sieur Riolan, docteur en médecine et professeur en chirurgie et pharmacie à Paris, contre l’Histoire de l’hermaphrodit de Rouen… (Rouen, Iulian Courant, sans date, in‑4o de 83 pages). Le portrait de Duval est assorti de cette anagramme :

      Iacobus Valensis Doctor Medicus
      Ocius cunctis dabo remedia solus
      .
      [Seul je donnerai plus vite des remèdes à tous].

    6. Le dernier chapitre du livre de Duval (lxxxi, pages 442‑449), intitulé Quelle constitution du ciel a induit les misères de Marin le Marcis, et l’a presque conduit jusques à la perte de vue couronne éloquemment son élucubration.

  3. Caspari Bauhini Basileensis de Hermaphroditorum monstrosorumque partuum natura ex Theologorum, Jureconsultorum, Medicorum, Philosophorum, et Rabbinorum sententia Libri duo hactenus non editi : plane Philologici, infinitis exemplis illustrati : omnium facultatum Studiosis, lectu et jucundissimi, sic et utilissimi.

    [Deux livres, jusqu’ici inédits, de Caspar Bauhin, {a} natif de Bâle, sur la nature des hermaphrodites et des accouchements des monstres, selon la sentence des théologiens, des jurisconsultes, des médecins, des philosophes et des rabbins ; tout à fait philologiques, ils sont illustrés par une infinité d’exemples ; leur lecture sera extrêmement agréable et utile aux étudiants de toutes les disciplines]. {b}

    A.‑J.‑L. Jourdan in Panckoucke :

    « Ce livre, plus curieux qu’utile, montre quels peuvent être les inconvénients de l’érudition lorsque le goût n’est point épuré par une saine critique. On y lit des citations sans nombre, extraites des auteurs les plus anciens, et toutes les histoires, même les plus étranges, sont accueillies sans examen. Non content d’admettre l’existence des hermaphrodites, Bauhin propose encore d’en reconnaître plusieurs espèces. » {c}


    1. V. note [7], lettre 159.

    2. Oppenheim, Hieronymus Gallerus, 1614, in‑8o de 594 pages ; réimpression de la première édition (Francfort, 1600).

    3. Ce son les mêmes que celles définies par Ambroise Paré (v. supra note [2]).

  4. « Sponde à l’année 1478, num. xxii, où il dit bien des choses singulières sur ce sujet. »

    V. note [21], lettre 408, pour Henri de Sponde et son Annalium Baronii continuatio [Continuation des Annales de Baronius] pour les années 1197 à 1640 (Paris, 1641). Le chapitre que citait Naudé, intitulé Hermaphroditus parit [Un hermaphrodite accouche], se trouve dans le tome ii (année 1478, pages 668‑669) :

    Eodemque anno mense Octobrii in monasterio Benedictorum Issoriensi in Arvernia, monachus quidam hermaphroditus uterum gerere deprehensus, diligenter asservatus est donec peperit. Repertos sæpe Hermaphroditos (qui et Androgyni dicti) et olim Romæ, inter prodigia habitos legimus : peperisse præter hunc vix alius reperiatur ; quem et præterea virili sexu usum esse, Chronicon Ludovici habet. Et in Historia Scotica legimus circa annum Domini millesimum quadringentesimum sexagesimum secundum ancillam utrumque sexum habentem, sed virilem latentem, ubi tamen vellet exercendi habentem potestatem, filiam familias qua cum communi utebatur lecto, prægnantem fecisse : eamdemque, quod cum sexum femineum prætulisset, nihilominus virilem usurpasset, vivam in terra defossam esse. Denique legitur in Supplemento Palmerii, anno 1496. fuisse in Italia feminam nomine Æmiliam, quæ postquam duodecim annis vixisset in matrimonio, facta fuit vir, et duxit uxorem. At nullibi reperias, licuisse unquam monacho, cuiuscumque tandem sexus fuerit, liberis gignendis vacare.

    [Et au mois d’octobre de ladite année, dans le monastère des bénédictins d’Issoire, en Auvergne, on a découvert un moine hermaphrodite dont l’utérus était gros d’enfant, on l’a mis sous étroite surveillance et il a fini par accoucher. Nous lisons souvent des observations d’hermaphrodites (aussi appelés androgynes), qu’on tenait jadis à Rome pour des prodiges ; mais, hormis celui qu’a ainsi relaté la Chronique de Louis, {a} il est presque impossible d’en trouver un autre qui ait accouché. Dans l’Historia Scotica, {b} nous lisons qu’en l’an 1462 qu’une servante dotée des deux sexes, mais cachant sa virilité, dont elle voulait pourtant exercer la puissance, rendit grosse la fille de la famille dont elle avait l’habitude de partager le lit ; puisqu’elle se présentait comme femme, tout en agissant virilement, elle a été enterrée vivante. Enfin, lit-on dans le Supplementum Palmerii, à l’année 1496, qu’en Italie une femme dénommée Æmilia, après avoir vécu dans le mariage pendant douze ans, s’est faite homme et a épousé une femme. {c} Pourtant, vous ne pourrez trouver nulle part un moine qui, quel qu’ait finalement été son sexe, ait eu le loisir d’engendrer des enfants].


    1. Sponde a extrait son récit de la Chronique scandaleuse, titre abrégé des Mémoires rédigés par Jean de Troye, greffier de l’Hôtel de Ville de Paris ; autrement dit les Chroniques de Louis de Valois, roi de France, onzième de ce nom, depuis l’an 1460 jusques à 1483 (Collection universelle des Mémoires particuliers relatifs à l’histoire de France, Londres, sans nom, 1786, in‑8o, tome xiii, pages 392‑393 (année 1478) :

      « En ladite année au mois d’octobre, advint au pays d’Auvergne que, en une religion {i} de moines noirs appartenant à Mgr le cardinal de Bourbon, y eut un des religieux dudit lieu qui avait les deux sexes d’homme et de femme ; et de chacun d’iceux se aida {ii} tellement qu’il devint gros d’enfant, pour quoi fut pris et saisi, et mis en justice et gardé jusques à ce qu’il fût délivré de son postume {iii} pour, après icelui venu, être fait dudit religieux ce que justice verrait être à faire. »

      1. Un monastère.

      2. Jouit.

      3. Un postume (posthume) étant un enfant né après la mort de son père, le terme est ici absurde, et sans doute à remplacer par apostume (tumeur contre nature).

    2. Ce qui suit est la fidèle restitution de l’histoire relatée dans le livre xviii, page 381 vo, lignes 75‑82 des :

      Scotorum Historiæ a prima gentis origine, cum aliarum et rerum et gentium illustratione non vulgari, Libri xix. Hectore Boethio Deidonæno auctore. Duo postremi huius Historiæ libri nunc primum emittuntur in lucem. Accessit et huic eiusdem Scotorum Historiæ continuatio, per Iohannem Ferrerium Pedemontanum, recens et ipsa scripta et edita.

      [Dix-neuf livres de l’Histoire des Écossais depuis la première origine de ce peuple, avec un éclairage peu commun sur d’autres affaires et d’autres peuples. Par Hector Boethius natif de Dundee. {i} Les deux derniers livres de cette Histoire sont publiés pour la première fois. On y a ajouté la continuation de ladite Histoire, par Iohannes Ferrerius, natif du Piémont, {ii} qu’il a lui-même écrite et éditée]. {iii}

      1. Hector Boece ou Boyce (1465-1536).

      2. Giovanni Ferrerio (1502-1579).

      3. Paris, Iacobus du Puys, 1574, in‑fo de 803 pages.

    3. Matthias Palmerius (1423-1483) a écrit une Additio [Addition] (jusqu’à l’année 1481) de la Eusebii Cæsariensis Episcopi Chronicon [Chronique d’Eusèbe, évêque de Césarée] ; dans l’édition de Paris, Henri Estienne, 1518 (in‑8o de 346 pages), une Nova Additio [Nouvelle addition] la prolonge jusqu’à l’année 1512 mais sans événement daté de 1496.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 3, note 3.

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(Consulté le 16/04/2024)

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