De François-Philippe Boullanger, le 29 août 1654, note 3.
Note [3]

Trente-cinq ans plus tôt, le Collège des médecins d’Amiens avait approuvé un ouvrage intitulé : La Chasse-Peste, ou les remèdes singuliers et familiers, donc chacun se pourra servir pour se préserver en temps pestiféré, et se guérir soi-même s’il est atteint de la peste par M. Louis du Gardin, docteur en médecine et professeur ordinaire (Arras, Guillaume de la Rivière, 1619, in‑4o de 32 pages) avec dédicace au peuple de Douai. Pour 5e moyen préservatif (page 6), l’auteur y prescrivait des airements (ou airiements, c’est-à-dire des fumigations) :

« Ayez soin de mettre au milieu des places, pour les aérer et parfumer, quelque réchauffoir, ou quelque autre foyer plein de braises ou de charbons allumé, dans lequel vous jetterez du sel, de l’encens, de la résine, du colophon, {a} du gummi anime, {b} des grains de genièvre, et choses semblables, ou l’un ou l’autre, ou allumés des hasches, poyaces, ou des falots et des tonneaux de terke. » {c}


  1. Colophon ou colophane : « matière résineuse, sèche, transparente, jaune ou brune, qui est le résidu de la distillation de la térébenthine » (Littré).

  2. Gomme anime : « résine qu’on distingue en occidentale et en orientale. La première se tire par l’incision d’un arbre de la Nouvelle Espagne ; elle est transparente et d’une couleur qui approche de celle de l’encens ; on l’apporte en grains, comme l’encens, mais qui sont plus gros ; ces grains étant rompus paraissent d’un jaune clair, de même que la résine ; son odeur est très douce et très agréable ; si on la jette dans le feu, elle se consume facilement. La gomme anime orientale est de trois sortes : une blanche ; une noirâtre, qui ressemble en quelque manière à la mirrhe ; une pâle résineuse et sèche. Toutes ces espèces d’anime servent pour les parfums, à cause de leur odeur agréable. On les emploie aussi extérieurement dans les affections froides de la tête et des nerfs, dans les paralysies et dans les catarrhes » (Trévoux).

  3. Diverses sortes de flambeaux (mais sans comprendre le sens précis de tous les mots employés).

En 1634, le Collège fut entraîné dans une vive querelle au sujet des puantes vapeurs répandues par l’« aérieur » Henri Le Cointe. On a trouvé deux opuscules qui parurent alors :

  • La Réfutation de l’écrit composé par Simon Dufresne, docteur en médecine à Amiens, en approbation du parfum employé aux airiements des maisons contagiées, par Henri le Cointe, soi disant airieur ; par M. Alexandre de Ponthieu, aussi docteur en médecine audit Amiens… Ensemble le décret des médecins résidents audit lieu contre ledit parfum, l’écrit de Simon Dufresne, la réplique dudit Ponthieu à l’invective dudit Dufresne (Lille, Chr. Beys, 1635, in‑12) ;

  • et par Jean du Moulin (v. note [2], lettre 942), La Fourbe découverte, ou le Récit véritable de la supposition dont s’est servi Henri de la Cointe pour tirer l’approbation des médecins de cette ville d’Amiens, datée du 10 octobre 1634, en faveur de son airiement, avec le désaveu de la susdite approbation (Paris, 1635, in‑12).

Ce post-sciptum de Boullanger n’est incongru qu’en apparence : il prolongeait le propos principal de sa précédente lettre, où il parlait à Guy Patin des déboires du Collège des médecins d’Amiens avec le fils de du Moulin.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – De François-Philippe Boullanger, le 29 août 1654, note 3.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=9041&cln=3

(Consulté le 29/03/2024)

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