À Charles Spon, le 6 novembre 1657, note 30.
Note [30]

Phrase écrite dans la marge en regard de la précédente {entre accolades}, qui a été biffée.

Les pages cxcixcc des Opera omnia de Jean Varanda éditées par Henri Gras (Lyon, 1658, v. note [10], lettre 485) appartiennent au commentaire de la Προνωστικη Medica (pars prima) [Médecine pronostique (première partie)], dans le chapitre Προγνωσις ex lingua, dentibus, et reliquis oris partibus, in quibus gustus, vox et loquela considerantur [Pronostic tiré de la langue, des dents et des autres parties de la bouche, où sont considérés le goût, la voix et la parole], avec ces passages citant les commentaires de Louis Duret sur les Coaques d’Hippocrate (Paris, 1588, v. note [10], lettre 11) :

Præter ista autem in lingua ipsa, dentibus, gingivis, et aliis oris partibus, multa signa prognostica apparent : Etenim 6. Ep. sect. 5. lingua concolor sit dominanti humori : ac proinde per hanc humores dignoscimus, et future præsentimus; Et in Coac. Duret. 133. Lingua initio morbi scabra leviter cum colore assuero, quæ deinde valde exasperatur, finditurque et tandem nigrescit, pessima, potissimum si quodammodo viridis appareat. Unde linguæ etiam as peræ multumque siccæ, delirium ab incendio febrili superioribus partibus communicato ostendunt.

Valde notatur dignum est illud, quod ibidem habetur : si in medio linguæ, ubi linea illa quasi dividens excurrit, post eiusmodi alienos colores appareat saliva quædam alba, modice crassa, ex pepasmo scilicet et humorum mitificatione, securitatem in morbo designat. Ludovicus Duretus nullum vidit periisse ex morbo acuto, cui tale signum in lingua apparuisset, quod ex ore illius accepimus, dum Coacas Lutetiæ interpretabatur. […]

Eodem modo in Coacis Dur. 137. Dentes exarescere pessimum in febre continua : et Aphorism. 53. sect. 4. Quibus in febribus circa dentes fiunt lentores, id est, plurimæ sordes colliguntur et adhærescunt, in vehementissimum incendium et periculosum significatur : quod confirmat lib. 4. Epid.

[En outre, beaucoup de signes pronostiques se voient dans la langue elle-même, et dans les dents, les gencives et autres parties de la bouche. De fait, au livre vi des Épidémies, section 5, la langue prend la même couleur que l’humeur dominante ; elle nous permet ainsi de reconnaître les humeurs et de pressentir ce qu’il va en advenir. {a} Et dans les Coaques de Duret, page 133, {b} une langue légèrement râpeuse mais de couleur normale au début de la maladie, qui devient ensuite fort raboteuse, puis se crevasse et enfin noircit, est de très mauvais augure, surtout si elle prend une teinte verdâtre. De là vient que les langues rugueuses et très sèches font craindre un délire par communication de l’incendie fébrile aux parties supérieures. {c}

Au même endroit, ce qui suit est tout à fait digne de remarque : si au milieu de la langue, où court le pli qui la divise en deux, après les autres couleurs susdites, apparaît une certaine salive blanche, modérément épaisse, alors approche la délivrance de la maladie, par la coction bien sûr, et aussi par l’adoucissement des humeurs. Louis Duret n’a vu personne mourir en une maladie aiguë quand un tel signe est apparu, ce que nous avons recueilli de sa propre bouche tandis qu’il commentait les Coaques à Paris. (…)

De la même façon, dans les Coaques de Duret, page 137, il est très mauvais de voir les dents se sécher dans une fièvre continue ; {d} l’Aphorisme 53, section 4, énonce que Lorsque dans les fièvres, il se forme des viscosités sur les dents, c’est-à-dire qu’une abondance d’ordure adhérente se colle sur elles, les fièvres deviennent plus ardentes et dangereuses ; ce que confirme le livre iv des Épidémies].


  1. Littré Hip, volume 5, page 319, § 8 :

    « (La langue indique les humeurs.) La langue indique l’urine, la teinte jaune vient de la bile (la bile vient des corps gras) ; la teinte rouge, du sang ; la teinte noire, de la bile noire ; la sécheresse, d’une inflammation [v. note [6], lettre latine 412] fuligineuse et des affections de la matrice, la teinte blanche, de la pituite. »

  2. Chapitre du commentaire de Duret intitulé De lingua et reliquis oris partibus [La langue et les autres parties de la bouche] (pages 133‑142).

  3. En sémiologie moderne, la « langue de perroquet » est un témoin alarmant de profonde déshydratation.

  4. Les pages 137‑138 du commentaire de Duret sur les Coaques portent sur cette sentence d’Hippocrate (Littré Hip, volume 5, page 635) :

    « x. Le serrement ou le grincement des dents, quand ce n’est pas une habitude d’enfance, fait craindre un délire maniaque et la mort ; mais si le malade, délirant déjà, offre ce signe, cela est absolument funeste ; il est encore funeste que les dents se sèchent. »

Imprimer cette note
Citer cette note
x
Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 6 novembre 1657, note 30.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0500&cln=30

(Consulté le 29/03/2024)

Licence Creative Commons