Autres écrits : Une thèse cardinale de Guy Patin :
« La Sobriété » (1647), note 31.
Note [31]

Guy Patin dénigrait trois curieuses panacées de l’Antiquité, que n’avaient jamais débitées ou ne débitaient plus les apothicaires de Paris. Toutes étaient végétales, et non minérales (chimiques) comme celles de la note [30] supra.

  • Au chant x de L’Odyssée (vers 304‑305), Homère a appelé moly (μωλυ) une plante, de nature incertaine, que Mercure donna à Ulysse pour le prémunir de l’impuissance virile : {a}

    « Sa racine était noire, sa fleur blanche comme le lait. Les dieux l’appellent moly ; elle est difficile à arracher pour les hommes mortels. »

  • Pline l’Ancien (Histoire naturelle, livre xxiv, chapitre cii, § 4, Littré Pli, volume 2, page 158) a ainsi défini le théômbrôtion (θεων βρωτιον), « la nourriture des dieux » :

    Theombrotion xxx schœnis a Choaspe nasci, pavonis picturis similem, odore eximio. Hanc autem a regibus Persarum comedi aut bibi contra omnia corporum incommoda, instabilitatemque mentis : eamdem semnion a potentiæ majestate appellari.

    « Le théômbrôtion vient à trente schènes du fleuve Choaspês. {b} Il représente les couleurs du paon, et l’odeur en est excellente. Les rois des Perses le prennent en aliment ou en boisson contre toutes les incommodités corporelles, et contre les dérangements de l’esprit. Il est appelé sêmnion, {c} de l’usage qu’en font les souverains. »


    1. V. notule {g}, note [3] du Mémorandum 7.

    2. « Le schène, d’après l’évaluation d’Ératosthène, vaut 40 stades, c’est-à-dire 5 000 pas ; quelques-uns ont estimé le schène à 32 stades » (ibid. livre xii, chapitre xxx).

      Le Choaspês (Χοασπης) ou Eulaïos (Ευλαιος) est un fleuve de la Susiane (région de Suse, capitale de la Perse antique) qui porte aujourd’hui le nom de Karkheh ou Karkhen.

    3. Sêmnion (σημνιον) ou sêmeïon (σημειον) signifie « signe ».

  • Le dôdécathéos (δωδεκαθεος), « douze dieux », est un antidote composé de douze ingrédients, censé lui aussi remédier à tous les maux. Paul d’Égine (viie s. de notre ère, v. note [13], lettre 153) l’a décrit sous le nom de Dodécathéon Eclegma (Δωδεκαθεον Εκλεγμα, « Élixir des douze dieux ») dans le livre vii, chapitre ii, de son traité de médecine. Janus Cornarius (v. note [35], lettre 406) a ainsi traduit ce passage en latin, à la page 315 des Totius Medicinæ libri vii (Bâle, Ioannes Hervagios, 1556, in‑fo) :

    Iridis Illyricæ trientem, ervi trientem, hyssopi sexantem, seminis urticæ sexantem, glycyrrhizæ sexantem, fœni græci sextantem, bulborum trientem, seminis lini torrefacti trientem, melanthii scrupul. xviij. pulegii scrup. vj. nucleorum pineorum torrefactorum sextantem, piperis scrup. vj. Mellis quod satis est.

    [< 1 > 8 ϶ d’iris d’Illyrie, {a} < 2 > 8 ϶ d’ers, {b} < 3 >  4  ϶ d’hysope, {c} < 4 > 4 ϶ de graine d’ortie, < 5 > 4 ϶ de réglisse, < 6 > 4 ϶ de fenugrec, {d} < 7 > 4 ϶ de bulbes, {e} < 8 > 8 ϶ de graine de lin torréfiée, {f} < 9 > 17 ϶ de nielle, {g} < 10 > 6 ϶ de pouliot, {h} < 11 > 4 ϶ de pigne de pin torréfiée, < 12 > 6 ϶ de poivre, à compléter par une quantité suffisante de miel]. {i}


    1. J’ai converti en scrupules (symbolisés par le signe ϶, 24e partie de l’once) toutes les quantités exprimées en fractions (tiers ou sixièmes d’once).

      L’iris d’Illyrie est aussi dit de Croatie.

    2. Plante sauvage légumineuse, autrement nommée orobe.

    3. V. note [8] du Traité de la Conservation de santé, chapitre ii.

    4. V. notes [69], lettre latine 351, pour la réglisse, et [3], lettre 490, pour le fenugrec.

    5. Référence sous-entendue au pavot (papaver somniferum ou opium, v. note [8], lettre 118), dans la terminologie allusive ordinaire des compositions médicamenteuses.

    6. C’est-à-dire de chanvre ou cannabis (v. note [9], lettre 353).

    7. Petite plante à graines noires, proche du coquelicot et autrement appelée papaver nigrum ou melanthium.

    8. Plante aromatique et médicinale proche de la menthe : « son goût est fort âcre et fort amer ; elle est apéritive, hystérique [opposée aux saignements utérins], propre pour les maladies de l’estomac » (Trévoux).
    9. Pour atténuer l’amertume de la potion.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Une thèse cardinale de Guy Patin :
« La Sobriété » (1647), note 31.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8223&cln=31

(Consulté le 29/03/2024)

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