À Charles Spon, le 24 décembre 1643, note 32.
Note [32]

Guy Patin renvoyait Charles Spon à un passage de la thèse qu’il avait écrite et présidée le 17 décembre 1643 (v. supra note [4]), Estne totus homo a natura morbus ? [Par nature, l’homme n’est-il pas tout entier maladie ?]. Elle est intégralement traduite et commentée dans notre édition. Cet acrostiche latin (succession de mots dont les initiales en forment un autre) est un assaut dissimulé contre Théophraste Renaudot (3e des 5 articles, v. la note [31] de la thèse susdite) :

ex isto enim Nasorum genere, qui rancidulo ore loquuntur, hoc est αηδως και δυσχερως, vulgo nebulones sunt Ridiculi, Effrænes, Nefarii, Ardeliones, Vafri, Dolosi, Obscæni, Turbulenti.

[en effet, à ce genre de nez qui parlent d’une voix aigrelette, c’est-à-dire odieusement et insupportablement, qu’on appelle partout des fripons, appartiennent les Ridicules, les Effrénés, les Néfastes, les Agités, les Vauriens, les Dissimulateurs, les Obscènes, les Trublions]. {a}


  1. Renavdot : ma version française a dû tricher un peu (sur vafri, « fourbes », que j’ai traduit par « vauriens ») pour reproduire l’acrobatie de Patin.

En dépit de sa riche documentation, Georges Gilles de la Tourette n’a pas parlé de cette infamante facétie dans son Théophraste Renaudot… (Paris, 1884, v. notre Bibliographie). Edmond Rostand a pu toutefois y faire allusion dans son Cyrano de Bergerac (1897), quand Renaudot, « l’inventeur de la Gazette », importune Cyrano en lui disant (acte ii, scène 7, chez le rôtisseur Ragueneau) :

« Je veux faire un pentacrostiche sur votre nom. »

Même si celui de Patin était un « octacrostiche », j’adresse tous mes remerciements à Mme Sarah Al-Matary, maître de conférences à la Faculté des lettres de l’Université Lumière-Lyon 2, qui a attiré mon attention sur ce singulier détail (à Łódź, le 19 octobre 2018, v. notre Journal de bord).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 24 décembre 1643, note 32.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0098&cln=32

(Consulté le 28/03/2024)

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